Hobbes : L’homme est un loup pour l’homme »

l'homme est un loup pour l'homme
Thomas Hobbes

Si Hobbes dit que l’homme est un loup pour l’homme c’est parce qu’il cherche à justifier la nécessité de l’Etat. Il fait alors une hypothèse sur la nature des rapports entre les hommes s’il n’y avait pas d’Etat et pas de lois. C’est alors qu’il dit qu’à l’état de nature, l’homme est un loup pour l’homme. Qu’entend-il par là ?

Selon lui, si les hommes vivaient sans force supérieure pour faire régner la paix entre eux alors chaque individu serait mû par son instinct de conservation et chercherait donc à survivre mais également à gagner en puissance. Le problème apparaît quand les hommes qui souhaitent se conserver veulent les mêmes choses. Alors, selon Hobbes, ils vont entrer en concurrence et parfois se battre. Est-ce que pour autant tous les hommes en viendraient à la violence ?

Pour Hobbes, la majorité des hommes sont plutôt rationnels, ils voient donc qu’il n’est pas réellement dans leur intérêt d’être violent avec les autres car alors les autres risquent d’être violents avec eux. Néanmoins, certains individus ne sont pas rationnels et vont donc attaquer les autres. C’est pourquoi même ceux qui sont rationnels ont peur et vont comprendre que s’ils veulent survivre ils doivent attaquer à leur tour et même attaquer préventivement. Ce qui a pour conséquence d’instaurer un état de guerre permanent entre les individus.

Vous remarquez que « l’homme est un loup pour l’homme » ne signifie pas que les hommes sont méchants ou mauvais par nature, mais simplement que, dans une certaine situation, leur instinct de conservation et leur peur de mourir les poussent à se défendre et à se battre.

Cet état de guerre est un état de désolation où les hommes vivent malheureux car on ne peut rien construire, rien apprendre et rien créer quand on a constamment peur pour sa vie et que l’on est en train d’attaquer ou de se défendre. C’est pourquoi, selon Hobbes, les hommes qui sont rationnels décident de renoncer à leur pouvoir de se défendre pour se soumettre à un roi qui fera régner l’ordre entre les individus car il sera craint de tous. Ils sont alors soumis au roi mais n’ont plus à craindre d’être soumis par les autres. Ce roi incarne l’Etat.

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Texte de Hobbes :

« Par cela il est manifeste que pendant ce temps où les humains vivent sans qu’une puissance commune ne leur impose à tous un respect mêlé d’effroi, leur condition est ce qu’on appelle la guerre ; et celle-ci est telle qu’elle est une guerre de chacun – contre chacun. En effet, la GUERRE ne consiste pas seulement dans la bataille ou dans l’acte de combattre, mais dans cet espace de temps pendant lequel la volonté d’en découdre par un combat est suffisamment connue (…).

Donc toutes les conséquences du temps de guerre, où chacun est l’ennemi de chacun, sont les mêmes que celles du temps où les humains vivent sans autre sécurité que celle procurée par leur propre force, ou leur propre ingéniosité. Dans une telle situation, il n’y a de place pour aucune entreprise parce que le bénéfice est incertain, et, par conséquent, il n’y a pas d’agriculture, pas de navigation, on n’utilise pas les marchandises importées par mer, il n’y a ni vastes bâtiments, ni engins servant à déplacer et déménager ce qui nécessite beaucoup de force ; il n’y a aucune connaissance de la surface terrestre, aucune mesure du temps, ni arts ni lettres, pas de société ; et, ce qui est pire que tout, il règne une peur permanente, un danger de mort violente. La vie humaine est solitaire, misérable, dangereuse, animale et brève. (…)

Tel est donc le misérable état du genre humain dans lequel il se trouve par nature ; il lui est pourtant possible d’en sortir, pour une part par les passions et, pour une autre part, par sa raison. »

Thomas HOBBES, Léviathan (1651), chapitre XIII : « De la condition du genre humain »