Une fiche de révision sur le bonheur

Une fiche de révision sur le bonheur

Comment bien utiliser cette fiche de révision sur le bonheur ?

Je vous conseille de connaître les définitions, elles vous permettront de bien comprendre les sujets sur le bonheur et vous aideront à trouver un plan.

Une bonne manière de réviser votre cours consiste à avoir en tête les grands problèmes possibles et à vous demander quel auteur répondrait plutôt oui ou plutôt non. C’est pourquoi vous avez ci-dessous les problèmes les plus classiques sur le bonheur.

J’espère que cette fiche de révision sur le bonheur vous aidera, n’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez et à me faire des suggestions d’améliorations ! J’en prépare d’autres sur chaque notion qui seront disponibles dans la formation.

Vous pouvez également télécharger ma méthode pour réussir votre dissertation et votre explication de texte en cliquant ici :

développement dissertation philosophie

Comment réussir le développement de la dissertation de philosophie

Aujourd’hui, je vous explique comment réussir le développement de la dissertation de philosophie.

Admettons que vous ayez à traiter le sujet : Sommes-nous réellement libres ?

Vous avez fait un plan en trois parties et vous commencez votre deuxième partie où vous voulez défendre que nous ne sommes pas réellement libres. Vous devez donc développer votre 1er sous-partie. (Sachant qu’il doit y en avoir au moins 2 par grande partie).

Bien comment le développement de la dissertation de philosophie.

Vous devez commencer par énoncer l’idée que vous allez défendre suivie d’un argument pour justifier votre idée.

Cela peut donner :

« Nous allons voir à présent que nous ne sommes pas réellement libres car nos choix sont en fait déterminés par le milieu social dans lequel nous évoluons. »

Evidemment, ça n’est pas suffisant, à présent il faut expliquer votre argument car même si ce que vous dites vous paraît évident, ça ne l’est pas pour les autres. Il faut donc maintenant expliquer votre argument. C’est à ce stade que beaucoup d’élèves sèchent un peu. Que faire concrètement ?

Expliquer dans une dissertation c’est faire deux choses : clarifier et justifier

Pour clarifier, il faut essentiellement définir ce dont vous parlez. Ici, il faudra définir « déterminés », « milieu social » et préciser en quel sens vous avez pris « liberté ». Sur les différents sens possibles de la notion de liberté, je vous renvoie à cette vidéo.

Donc je reprends le développement et je précise en gras ce que je fais :

(« Nous allons voir, à présent, que nous ne sommes pas réellement libres car nos choix sont en fait déterminés par le milieu social dans lequel nous évoluons. »)

« En effet, nous pouvons nous croire libres, car notre capacité de faire des choix, c’est-à-dire notre libre arbitre, nous donne le sentiment que nous sommes à l’origine de nos décisions. (définition du sens de liberté dont je parle ici : le libre arbitre). Mais, en réalité, cette liberté n’est qu’une illusion car nos choix sont déterminés c’est-à-dire ici influencés ou causés par notre milieu social. (Définition de « déterminés »). Cela signifie que nous seul et notre raison ne sommes pas à l’origine de nos choix. (reformulation de l’argument d’une autre manière toujours pour clarifier) Ce qui cause nos choix, c’est aussi la pression souvent inconsciente de notre milieu social c’est-à-dire de notre famille, nos amis, notre entourage d’une manière générale. » (définition de milieu social).

Donc vous l’avez compris clarifier c’est beaucoup définir et parfois reformuler ce que vous dites d’une autre manière.

Prendre un exemple :

Pour clarifier encore un peu plus vous pouvez prendre un exemple, c’est à dire un cas particulier qui illustre la pertinence de votre argument

Ici cela peut donner :

Par exemple, nous pouvons penser qu’un élève de terminale qui doit choisir les études dans lesquelles il veut s’engager peut être influencés par sa famille. Sans doute que la profession de ses parents et les idées qu’ils ont sur ce qu’est un « bon métier » vont peser dans sa décision consciemment ou inconsciemment.

Bien donc pour le moment vous avez clarifié votre argument en définissant – reformulant et en prenant un exemple.

Justifier votre argument

A présent vous pouvez et devez aller encore plus loin en justifiant votre argument. Cela signifie que vous devez dire pourquoi votre argument est pertinent et énoncer des preuves.

Quel type de preuves utiliser en philosophie ? le plus souvent vous pouvez justifier votre argument en faisant référence au raisonnement d’un auteur vu dans votre cours, mais vous pouvez aussi faire références à des études scientifiques par exemple.

Cela va donc donner :

« Le sociologue français, Pierre Bourdieu, a ainsi montré que chaque famille possède un capital culturel, un capital social et un capital financier. Le capital culturel c’est les connaissances et l’intérêt pour la culture de la famille. Le capital social correspond au réseau de relation auquel la famille peut faire appel et le capital financier c’est l’ensemble des biens qu’elle possède. (définition des concepts de l’auteur ). Or, selon Bourdieu, ces différents capitaux de la famille et la richesse de ces capitaux vont avoir une grande influence sur les membres de la famille. Par exemple, il sera plus facile pour un adolescent d’obtenir un stage dans le secteur de la mode si sa famille connait des personnes dans ce secteur. Ainsi, le réseau de sa famille va lui offrir des possibilités de choix que tout le monde n’a pas. C’est ce qui explique, pour Bourdieu, que statistiquement beaucoup d’enfants choisissent des professions similaires ou proches des professions de leurs parents. »  (développement de la référence)

J’attire votre attention sur le fait qu’ il n’est pas suffisant de dire « l’auteur dit ça », il faut que vous expliquer pourquoi il le dit c’est-à-dire comment il justifie son idée. C’est ce que je viens de faire ici rapidement, mais il serait possible de développer davantage.

Une fois que vous avez justifié votre argument, il ne vous reste plus qu’à conclure votre sous-partie en rappelant rapidement en quoi ce que vous venez de dire répond bien au sujet.

Cela donne :

« Ainsi, les moyens financiers, la culture et le réseau de la famille influencent grandement les choix que font ou peuvent faire les membres de cette famille. C’est pourquoi, on peut considérer que nous ne sommes pas réellement libres car notre milieu social influence nos choix. » (rappel du sujet et de la réponse que vous apportez)

Structure finale de la sous-partie :

  • Enoncer la thèse et son argument
  • Expliquer l’argument en définissant les termes employés et en reformulant si besoin
  • Prendre un exemple
  • Justifier votre argument en apportant une preuve (raisonnement d’un auteur, études scientifiques, sociologiques, psychologiques etc)
  • Rappeler en quoi ce que vous venez de dire répond au sujet

Voilà pour cet article sur le développement de la dissertation de philosophie. J’espère qu’il vous aidera à bien développer vos sous-parties. Pour davantage de conseils de méthode sur la dissertation, vous pouvez consulter cette page.

Exemple introduction d'explication de texte

Un exemple d’introduction d’explication de texte philosophique

Dans cet article, je vais vous montrer un exemple d’introduction d’explication de texte. Nous allons prendre un texte bien connu de Rousseau extrait de La Nouvelle Héloïse :

« Tant qu’on désire on peut se passer d’être heureux ; on s’attend à le devenir : si le bonheur ne vient point, l’espoir se prolonge, et le charme de l’illusion dure autant que la passion qui le cause. Ainsi cet état se suffit à lui-même, et l’inquiétude qu’il donne est une espèce de jouissance qui supplée à la réalité, qui vaut mieux peut-être. Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on est heureux qu’avant d’être heureux. En effet, l’homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout ce prestige disparaît devant l’objet même ; rien n’embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu’on voit ; l’imagination ne pare plus rien de ce qu’on possède, l’illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité et tel est le néant des choses humaines, qu’hors l’Être existant par lui-même, il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas. » Jean-Jacques Rousseau, La Nouvelle Héloïse (1761).

Travail pour commencer l’explication de texte :

Dans un premier temps, n’hésitez pas à le lire plusieurs fois, les textes de philosophies ne sont pas des textes que l’on lit une seule fois. Il faut le lire plusieurs fois pour bien comprendre.

D’abord vous pouvez chercher le thème du texte, c’est-à-dire ce dont parle le texte en général. Je vais reprendre ici en allant certains points de méthodologie de l’explication de texte.

Le thème dans ce texte est assez rapidement identifiable. Vous voyez qu’il y a toute une série de termes qui renvoient à la notion de bonheur et à la notion de désir. Il est donc vraisemblable que le texte parle du bonheur et du désir. Pour préciser un peu plus, il va falloir lire plus longuement le texte pour trouver la thèse du texte. Petit rappel la thèse du texte c’est ce que défend l’auteur à propos du thème, donc ici ce que défend l’auteur à propos du bonheur et du désir.

Vous pouvez commencer à comprendre la thèse avec le tout début de la première phrase :  » Tant qu’on désire on peut se passer d’être heureux ; on s’attend à le devenir » : on peut comprendre ici que comme le désir est la représentation d’une chose que l’on a pas, on n’est pas satisfait ou heureux, néanmoins dit Rousseau on s’attend à le devenir.

A ce stade, vous commencez peut-être à comprendre que s’attendre à être heureux peut-être déjà une satisfaction. Mais ça n’est pas forcément évident. C’est pourquoi, je vous conseille de lire bien tout le texte et de vous accrocher aux phrases que vous comprenez pour essayer ensuite de comprendre le reste.

Ici normalement, vous comprenez la thèse en arrivant à la ligne 5 où elle est formulée très clairement :  » On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on est heureux qu’avant d’être heureux. »

Rousseau dit bien que l’on jouit davantage de ce que l’on espèce, donc de ce que l’on désire et que, en revanche, on jouit moins de ce que l’on obtient. Vous comprenez alors que, selon lui, ce qui rend réellement heureux ça n’est pas la satisfaction du désir mais le fait de désirer lui-même.

Voilà donc là vous avez identifié la thèse de Rousseau : Ce qui rend réellement heureux c’est le désir lui-même, et pas la satisfaction du désir. Vous pouvez préciser le thème : on avait vu que c’était le bonheur et le désir donc plus précisément il s’agit du rapport entre le bonheur et le désir.

Il faut ensuite énoncer le problème.

Le problème auquel le texte répond n’est pas ou très rarement énoncé dans le texte. Il faut néanmoins qu’il soit présent dans l’introduction de votre explication de texte. Pour le trouver je vous conseille de prendre la thèse et de chercher l’antithèse.

Ici  cela donne donc :

  • Thèse : Ce qui rend heureux c’est le désir lui-même
  • Antithèse : ce qui rend heureux c’est plutôt la satisfaction du désir, le désir étant lui plutôt un manque, une douleur puisque l’on a pas ce que l’on désire.

Maintenant que vous avez la thèse et l’antithèse vous pouvez formuler le problème sous forme d’alternative. Par exemple ainsi : l’auteur s’est demandé si le bonheur venait de la satisfaction du désir ou bien du désir lui-même. C’est le problème auquel répond l’auteur dans le texte.

Une fois que c’est fait vous devez identifier les différentes étapes du texte ou sa structure argumentative. Cela signifie que vous cherchez des choses comme évidemment la thèse, mais aussi un ou des arguments, parfois vous pouvez trouver un exemple, ou une objection à laquelle l’auteur répond ou encore une conclusion.

Ici, je vais découper le texte en trois parties, d’abord l’auteur énonce sa thèse dans la première partie, puis il va donner un argument dans la seconde partie et enfin un 2e argument et une conclusion dans la troisième partie.

Pour bien identifier la structure, n’hésitez pas à faire un brouillon détaillé où vous essayez de reformuler chaque phrase et notez déjà les termes importants qu’il va falloir définir ainsi que les idées qui vous viennent pour justifier ce que dit l’auteur.

A présent donc vous pouvez passer à la rédaction de l’introduction de l’explication de texte.

Dans l’ordre vous devez :

-présenter le texte et énoncer le thème

-formuler le problème auquel l’auteur répond

– énoncer la thèse défendue dans le texte

– puis énoncer le plan du texte

Une fois rédigé, cela va donner :

Dans ce texte de Rousseau extrait de La Nouvelle Héloïse, il est question des rapports qu’entretiennent désir et bonheur. Le problème auquel l’auteur entend répondre est le suivant : ce qui rend heureux est-ce la satisfaction du désir ou bien le désir lui-même ? Dans ce texte, Rousseau cherche à démontrer que ce qui rend réellement heureux ça n’est pas la satisfaction du désir mais le fait de désirer lui-même car l’imagination de l’objet désiré nous rend en réalité plus heureux que sa possession. Ainsi, du début à la ligne 7, l’auteur énonce sa thèse selon laquelle le fait de désirer nous rend heureux. Puis des lignes 7 à 11, il développe un premier argument. Enfin de la ligne 11 à la fin, il développe un second argument et formule une conclusion.

Voilà j’espère que cet article vous aidera à comprendre comment réussir votre explication de texte. Pour davantage de conseils de méthode rendez-vous sur la page méthode ou sur ma chaîne Youtube Apprendrelaphilosophie.

Comment puis-je vous aider ?

Cela fait maintenant une année que je publie sur le blog et je reçois de plus en plus de questions par mail, mais aussi sur Youtube et Instagram.

J’aimerais pouvoir vous aider davantage, mais, pour cela, j’ai besoin de connaître plus précisément vos attentes et/ou difficultés. Pourrais-tu répondre à ce petit sondage afin que je comprenne mieux ce que tu aimerais recevoir comme contenu ou ce qui te bloque actuellement en philosophie ?

Clique ici pour répondre au sondage.

Exemple de dissertation de philosophie

Exemple de dissertation de philosophie rédigée

Afin que vous compreniez mieux ce que l’on attend de vous dans une dissertation, voici un exemple de dissertation de philosophie. A chaque fois, je précise entre parenthèses juste après à quelle étape de la méthodologie de la dissertation cela correspond. Si vous ne l’avez pas lu, je vous invite à lire d’abord cet article sur la manière de bien commencer sa dissertation de philosophie ou si vous préférez la vidéo c’est ici.

Sujet : « L’homme est-il à part dans la nature ? » (Exemple de dissertation de philosophie)

Petit rappel de la structure de l’introduction. Pour un exemple d’introduction de dissertation en vidéo c’est ici.

Introduction

Vinciane Despret, philosophe et psychologue, remarque combien les hommes sont enclins à se considérer eux-mêmes comme exceptionnels. Mais, à ses yeux, c’est oublier que nous sommes aussi de grands destructeurs ou si l’on peut dire des êtres particulièrement nuisibles pour les autres, pour nous-mêmes et pour la nature. Ce faisant, elle considère bien les hommes comme « à part » dans la nature, du moins par nos capacités de destruction. Mais, est-il réellement justifié de dire que nous sommes à part dans la mesure où nous restons dépend d’une nature qui peut également nous détruire en tant qu’espèce ? (Accroche qui propose une première réponse au sujet et formule un début d’objection) Alors, l’homme est-il réellement à part dans la nature ? (Rappel du sujet) A première vue, et si l’on se fie à la manière dont les hommes se considèrent eux-mêmes depuis des siècles, l’homme est bien à part dans la nature car il serait doté de facultés exceptionnelles telles la conscience, un langage riche et articulé, une raison ou encore des cultures variées et complexes qui l’éloignent toujours davantage de la vie animale. Mais, notre tendance à nous considérer comme supérieurs, ne nous fait-elle pas oublier que notre espèce comme toutes les autres est le produit de l’évolution des espèces ? Ainsi, on pourrait dire que l’homme n’est pas particulièrement à part. L’être humain reste une espèce qui, par le fait du hasard, a développé une raison, une conscience de soi, autant de facultés qui sont devenues la norme chez l’homme car elles lui procurent un avantage et lui permettent d’étendre son influence ou peut-être son territoire. Ce mécanisme est le même pour toutes les espèces, pourquoi alors considérer l’homme comme à part ? (Problématique constituée d’une première réponse au sujet « A première vue », puis d’une objection à cette première réponse « Mais »). Nous verrons d’abord que l’être humain peut effectivement être considéré comme à part dans la nature. Puis, nous nous demanderons si cette idée que nous serions une espèce à part n’est pas une pure illusion. Enfin, nous envisagerons bien une spécificité humaine, mais qui au lieu d’être un privilège est plutôt une immense responsabilité. (Annonce du plan en 3 parties).

Développement

Avant de rédiger le développement de l’exemple de dissertation de philosophie, petit rappel de la structure globale que doit avoir votre devoir. Le nombre des sous-parties est indicatif. Il doit y avoir au moins deux sous-parties par partie et pas plus de trois.

Attention, ci-dessous, je vais mettre des titres Première grande partie / premier paragraphe. Vous ne devez pas les mettre dans vos copies. Je les mets seulement pour que vous compreniez bien la structure. Afin que votre copie soit bien lisible, vous devez passer des lignes entre les grandes parties et revenir à la ligne + alinéa quand vous changez de paragraphe (ou sous-partie).

Première grande partie : l’homme est bien à part dans la nature

Premier paragraphe :

L’être humain peut semble-t-il être considéré comme à part dans la nature car il est doté de facultés qui le rendent très différent des autres espèces. (Thèse générale du paragraphe qui répond au sujet) Certes, l’être humain appartient en un sens à la nature, car si l’on définit la nature comme l’ensemble de ce qui n’a pas été créé ou transformée par l’homme (définition de la nature) alors l’espèce humaine est bien naturelle. L’homme ne s’est pas créé lui-même, il est donc un être naturel au moins en partie. Mais, l’être humain à ceci de particulier que précisément il a cette capacité à transformer sa nature et à n’être pas totalement soumis à son instinct. Il peut se cultiver c’est-à-dire se transformer si bien qu’il peut devenir réellement très différent d’un autre être humain. (Argument formulé avec mes propres termes pour soutenir la thèse) Aux yeux de Rousseau, ce qui fait la spécificité de l’être humain par rapport aux autres espèces, c’est sa capacité à « se perfectionner ». (Utilisation d’une référence à Rousseau qui justifie la thèse, avec utilisation du vocabulaire de l’auteur). Il remarque ainsi qu’un être humain peut, par les choix qu’il fait, aussi bien devenir un très grand artiste, sportif ou savant, qu’un toxicomane. C’est d’ailleurs lui qui pose la question « Pourquoi l’homme, seul, est-il sujet à devenir imbécile ? » et il y répond que c’est parce qu’il est le seul à être libre, c’est-à-dire à pouvoir ne pas suivre un programme inscrit à l’avance dans ses gènes et qui décide de son mode de vie. Ce que l’on appelle communément un instinct. L’homme peut donc se perfectionner toute sa vie, là où l’animal va très rapidement cesser de changer dès lors qu’il est adulte. (Développement en utilisant les arguments que l’auteur utilise pour justifier sa thèse) Nous pouvons donc dire que l’homme est bien à part dans la nature, car il a cette capacité de se perfectionner que n’ont pas les autres espèces. (Retour au sujet : le but est de rappeler en quoi ce que l’on vient de dire répond au sujet)

(Suite à venir)

▶️ Je vous montre comment développer une sous-partie en vidéo ci-dessous :

Qu’est-ce que la philosophie ? L’étymologie du mot.

Qu’est-ce que la philosophie ? L’étymologie du mot.

Aujourd’hui je vais essayer d’expliquer ce qu’est la philosophie en partant de son étymologie. Le mot philosophie vient du mot grec philosophia qui est lui-même composé d’un verbe et d’un nom. Il y a, d’une part, le verbe philein qui veut dire aimer, rechercher et le nom sophia qui signifie la sagesse.

La philosophie est donc littéralement le fait d’aimer la sagesse ou encore l’amour de la sagesse. Le philosophe est donc celui qui aime et donc cherche à atteindre la sagesse. Il est important de remarquer qu’à ce titre le philosophe ne se prétend pas déjà sage, il cherche à être sage.

On attribue d’ailleurs à Socrate cette phrase célèbre : « ce que je sais c’est que je ne sais rien ». Affirmation qui peut sembler étonnante, mais qui est particulièrement représentative de l’attitude du philosophe qui, pour Socrate, doit d’abord douter de ses opinions et être conscient qu’il ne peut tout savoir pour pouvoir ensuite chercher à savoir.

En d’autres termes, on ne peut commencer à chercher le savoir que si l’on a conscience qu’on ne sait pas déjà tout. C’est pourquoi le philosophe est l’ennemi des préjugés et des dogmes. Il va avoir constamment tendance à remettre en question ce qui semble évident au plus grand nombre pour vérifier qu’une idée ou un jugement est réellement justifié. Cette attitude doit permettre au philosophe de ne pas être aveuglé par des illusions ou des préjugés.

La méthode philosophique de Socrate

Socrate, que l’on considère souvent comme le premier des philosophes, adopte alors une méthode pour pousser ses interlocuteurs à douter de ce qui leur semble évident. Comme nous l’avons vu avec son l’étymologie, la philosophie est l’amour ou la recherche de la sagesse. Or, pour commencer à chercher la sagesse, il faut avoir conscience qu’on ne sait pas tout et douter souvent de ses propres jugements ou idées.

C’est pourquoi Socrate pose des questions aux gens dans le but de les faire peu à peu douter de ce qui leur semblent évident. Les philosophes appellent ces idées qui semblent évidentes des opinions. Ces opinions sont pour les philosophes des idées souvent irréfléchies que nous acceptons sans les remettre en question.

Socrate est un professeur, il souhaite que la plupart des gens se libère des préjugés et se mette à chercher la sagesse. C’est pourquoi, il pratique la maïeutique avec les Athéniens. A l’origine la maïeutique est l’art d’accoucher les bébés. Socrate reprend ce terme mais pour signifier qu’il accouche les âmes. Qu’entend-il par là ?

Socrate pose des questions à un interlocuteur et une fois que celui-ci lui donne une réponse (il a donc accouché de son idée). Socrate va examiner cette idée pour voir s’il ne s’agit pas d’une simple opinion. En d’autres termes, il s’assure qu’elle « tient » bien, qu’elle est réfléchie et justifiée. Ainsi, il agit comme la sage femme qui dans l’Antiquité vérifie que le bébé est viable, mais avec les idées. Et si l’idée ne tient pas, s’il s’avère qu’il s’agit plutôt d’un préjugé, il va tout faire pour montrer à son interlocuteur que son idée n’est pas réfléchie et n’est pas justifiée par de réels arguments.

Bertrand Russell, philosophe du XXe siècle, donne également une définition de la philosophie qui est tout à fait en accord avec son étymologie. Pour lui, celui qui ne fait pas de philosophie est un prisonnier. Il le dit dans le texte ci-dessous.

Texte de Bertrand Russell

« En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. Celui qui ne s’y est pas frotté traverse l’existence comme un prisonnier : prisonnier des préjugés du sens commun, des croyances de son pays ou de son temps, de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. Tout dans le monde lui paraît aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement, tant son horizon est limité; les objets ordinaires ne le questionnent pas, les possibilités peu familières sont refusées avec mépris. Mais nous l’avons vu dès le début de ce livre : à peine commençons-nous à philosopher que même lés choses de tous les jours nous mettent sur la piste de problèmes qui restent finalement sans réponse. Sans doute la philosophie ne nous apprend-elle pas de façon certaine la vraie solution aux doutes qu’elle fait surgir : mais elle suggère des possibilités nouvelles, elle élargit le champ de la pensée en la libérant de la tyrannie de l’habitude. Elle amoindrit notre impression de savoir ce que sont les choses; mais elle augmente notre connaissance de ce qu’elles pourraient être; elle détruit le dogmatisme arrogant de ceux qui n’ont jamais traversé le doute libérateur, et elle maintient vivante notre faculté d’émerveillement en nous montrant les choses familières sous un jour inattendu. »

Bertrand Russell, Problèmes de philosophie

Si vous voulez en savoir davantage sur ce qu’est la philosophie au delà de son étymologie, je vous conseille de lire également cet article.

Et si vous voulez commencer à apprendre à faire une dissertation de philosophie ou une explication de texte, vous pouvez vous rendre sur ma chaîne Youtube.

Le divertissement selon Blaise Pascal

Le divertissement selon Blaise Pascal

Pascal, le divertissement

Blaise Pascal est un philosophe français du 17e siècle connu pour ses Pensées. Cette œuvre est une œuvre posthume compilée par ses éditeurs à partir de fragments de réflexions et de notes de lectures de Pascal. Il voulait écrire un livre faisant l’apologie du christianisme. Les Pensées parlent donc de religion, mais pas seulement elles sont également une réflexion sur la condition humaine. Pascal remarque que les hommes sont très souvent incapables de rester seuls avec leurs pensées.

Être inactif, rester seul dans une chambre, les laissent en proie à des pensées négatives car alors ils s’interrogent sur leur existence. Ils prennent consciences de leur nature mortelle, s’interrogent sur le sens de leur vie, s’inquiètent de la souffrance et de la mort. Cela les pousse à une certaine mélancolie. C’est pourquoi, selon Pascal, les hommes ont tendance à chercher à s’occuper pour ne pas penser à leur condition de mortel. C’est ce qu’il appelle le divertissement qu’il faut entendre en un sens large. Le mot divertissement vient du verbe latin divertere qui signifie « détourner ».

Les hommes ont donc tendance à détourner leurs pensées et leur regard de leur condition mortelle en s’occupant ou se divertissant. Cela peut être aller au cinéma, jouer, voir des amis, mais également travailler, étudier, tout ce qui nous permet de ne pas penser à la mort et à notre vie. Ce divertissement nous permet d’être heureux car sans cela nous serions constamment déprimés.

Mais en réalité, pour Pascal, c’est une fausse solution car c’est une illusion éphémère. En nous divertissant, nous ne faisons que chercher à oublier, nous nous activons, mais dès que nous avons fini notre activité, l’angoisse revient et il nous faut à nouveau autre chose pour ne pas y penser. C’est pourquoi Pascal qui est un fervent chrétien conseille plutôt de se tourner vers Dieu car la foi en Dieu est le seul moyen d’assurer son salut.

Textes de Pascal sur le divertissement

« Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir. »

« j’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. »

« Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n’y point penser.»

« S’il est sans divertissement et qu’on le laisse considérer et faire réflexion sur ce qu’il est, cette félicité languissante ne le soutiendra point. Il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent des révoltes qui peuvent arriver et enfin de la mort et des maladies, qui sont inévitables. De sorte que s’il est sans ce qu’on appelle divertissement le voilà malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets et qui se divertit. De là vient que le jeu et la conversation des femmes, la guerre, les grands emplois sont si recherchés.

Ce n’est pas qu’il y a en effet du bonheur, ni qu’on s’imagine que la vraie béatitude soit d’avoir l’argent qu’on peut gagner au jeu ou dans le lièvre qu’on court, on n’en voudrait pas s’il était offert. Ce n’est pas cet usage mol et paisible et qui nous laisse penser à notre malheureuse condition qu’on recherche ni les dangers de la guerre ni la peine des emplois, mais c’est le tracas qui nous détourne d’y penser et nous divertit. »

« Ainsi les divertissements qui font le bonheur des hommes ne sont pas seulement bas ; ils sont encore faux et trompeurs ; c’est à dire qu’ils ont pour objet des fantômes et des illusions, qui seraient incapables d’occuper l’esprit de l’homme, s’il n’avait perdu le sentiment et le goût du vrai bien, et s’il n’était rempli de bassesse, de vanité, de légèreté, d’orgueil, et d’une infinité d’autres vices : et ils ne nous soulagent dans nos misères, qu’en nous causant une misère plus réelle, et plus effective. Car c’est ce qui nous empêche principalement de songer à nous, et qui nous fait perdre insensiblement le temps. Sans cela nous serions dans l’ennui, et cet ennui nous porterait à chercher quelque moyen plus solide d’en sortir. Mais le divertissement nous trompe, nous amuse, et nous fait arriver insensiblement à la mort »

« Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser : c’est tout ce qu’ils ont pu inventer pour se consoler de tant de maux. Mais c’est une consolation bien misérable, puis qu’elle va non pas à guérir le mal, mais à le cacher simplement pour un peu de temps, et qu’en le cachant elle fait qu’on ne pense pas à le guérir véritablement. Ainsi par un étrange renversement de la nature de l’homme, il se trouve que l’ennui qui est son mal le plus sensible est en quelque sorte son plus grand bien, parce qu’il peut contribuer plus que toute chose à lui faire chercher sa véritable guérison ; et que le divertissement qu’il regarde comme son plus grand bien est en effet son plus grand mal, parce qu’il l’éloigne plus que toute chose de chercher le remède à ses maux. Et l’un et l’autre est une preuve admirable de la misère, et de la corruption de l’homme, et en même temps de sa grandeur ; puisque l’homme ne s’ennuie de tout, et ne cherche cette multitude d’occupations que parce qu’il a l’idée du bonheur qu’il a perdu ; lequel ne trouvant pas en soi, il le cherche inutilement dans les choses extérieures, sans se pouvoir jamais contenter, parce qu’il n’est ni dans nous, ni dans les créatures, mais en Dieu seul. »

Mead et le genre

Margaret Mead et le genre

Margaret Mead est une anthropologue américaine du XXe siècle, qui a étudié notamment les cultures traditionnelles de l’Océanie et du Sud-est asiatique. Elle s’y intéresse plus particulière à la sexualité et à la question du genre. C’est entre 1931 et 1933 qu’elle s’emploie à comparer trois sociétés de Nouvelle-Guinée : Les Arapesh, les Mundugumor et les Chambuli. Son travail sera publié sous le titre Trois sociétés primitives de Nouvelle-Guinée (1935). En 1963, une nouvelle édition sera publiée regroupant plusieurs textes dont celui-ci, il s’intitule Moeurs et sexualité en Océanie. Dans cet ouvrage, elle tend à montrer que la façon pour les hommes et les femmes de concevoir leur identité dépend grandement de la manière dont la société conçoit le rôle des hommes et des femmes. En d’autres termes, ce que l’on conçoit dans nos sociétés comme « naturellement » féminin ou « naturellement » masculin, n’aurait pas réellement de rapport avec la nature mais plutôt avec l’éducation et les distinctions de genre adoptées par telle ou telle société.

Cela signifie par exemple que si l’on considère que les hommes doivent être forts et brutaux dans une société, ils vont être élevés en accord avec cet idéal. Cela aura pour conséquence que la majorité des hommes de cette société, se considéreront comme des hommes s’ils sont forts et brutaux. Ils seront fiers de cela et veilleront à « être des hommes ».

Margaret Mead en mettant en évidence de profondes différences dans la façon de concevoir le rôle des hommes et des femmes dans les sociétés qu’elle compare, se confronte à un tabou dans la société américaine des années 30. Cette dernière considère alors que les différences entre les hommes et les femmes du point de vue de leurs comportements et de leurs rôles s’expliquent par la nature. Ce qui justifie de cantonner les femmes dans certaines tâches et concoure à leur refuser l’égalité. On voit ainsi que les études de Mead en Océanie ont aussi des conséquences sur la société américaine et donnent des arguments aux théories féministes qui défendront que le genre n’est pas naturelle, mais le résultat d’une construction sociale et qu’il relève donc de l’acquis. C’est parce que telle société élève les garçons et les filles de manière différentes que finalement ils auront à l’âge adulte des comportements, goûts et compétences différentes.

Mead avance cette théorie à partir de son travail de terrain en comparant les différentes sociétés. Selon elle, le modèle des Arapesh, chez lesquels les hommes, tout comme les femmes ont un comportement doux et aimable s’oppose aux Mundugumor, chez qui les hommes comme les femmes sont plutôt agressifs. Elle explique ces différences par la manière dont les bébés sont élevés. Chez les Arapesh, l’enfant qu’il soit fille ou garçon, est soigné par les deux parents et toujours porté près du corps. Les parents ne laissent pas pleurer les enfants et s’en inquiètent. Chez les Mundugumor, au contraire, les bébés sont gardés dans des paniers assez grossiers et loin des parents. Les soins sont réduits au minimum et les enfants sont élevés dans la compétition dès le plus jeune âge. Ce qui explique, à ses yeux, qu’hommes et femmes se montrent agressifs à l’âge adulte. Il est intéressant de noter que dans les deux cas, il n’y a pas de différences importantes dans l’éducation des hommes et des femmes.

La troisième société qu’elle étudie, les Chambuli, représente un modèle plutôt intermédiaire. Les hommes y sont rudes et agressifs, alors que les femmes y montrent du calme et de la douceur. Selon elle, c’est la différence d’éducation entre les garçons et les filles qui expliquent ces différences de comportements à l’âge adulte.

Pour davantage de cours sur la notion de la culture et de la nature, vous pouvez consulter cette page.

Texte de Magaret Mead :

« si certaines attitudes que nous considérons comme traditionnellement associées au tempérament féminin – telles que la passivité, la sensibilité, l’amour des enfants – peuvent être typiques des hommes d’une certaine tribu, et, dans une autre, au contraire, être rejetées par la majorité des hommes comme des femmes, nous n’avons plus aucune raison de croire qu’elles sont irrévocablement déterminées par le sexe de l’individu. (…) Il est maintenant permis d’affirmer que les traits de caractère que nous qualifions de masculins ou de féminins sont, pour un grand nombre d’entre eux, sinon en totalité, déterminés par le sexe d’une façon aussi superficielle que le sont les vêtements, les manières ou la coiffure qu’une époque assigne à l’un ou à l’autre sexe (…) Seule la société, pesant de tout son poids sur l’enfant, peut être l’artisan de tels contrastes (…) Nous sommes obligés de conclure que la nature humaine est éminemment malléable, obéit fidèlement aux impulsions que lui communique le corps social » 

Margaret Mead, Mœurs et sexualité en Océanie.

Hans Jonas

Le principe de responsabilité, Hans Jonas

Hans Jonas est un philosophe allemand du 20e siècle, il a publié le principe responsabilité en 1979. Dans cet ouvrage, il propose une éthique qui soit adaptée à notre civilisation technologiquement très développée. Que faut-il entendre par là ?

Hans Jonas fait un constat : pendant des millénaires, les hommes ont appris à dominer et contrôler la nature, afin de vivre dans davantage de sécurité et de confort. Mais, au XXe siècle, le développement technique de l’humanité est tel que les hommes finissent par être menacés par le développement technique lui-même. La technique n’est plus un moyen de protection, mais devient un danger à la fois pour la nature et pour les êtres humains. Selon lui, nous avons créé quelque chose qui nous échappe et pourtant, nous sommes, à ses yeux, responsables de la planète que nous allons laisser aux générations futures.

Nous possédons aujourd’hui un énorme pouvoir de destruction sur la nature et sur l’humanité. Cette destruction pourrait être immédiate si l’on pense aux armes atomiques ou progressive si l’on pense plutôt à la pollution et au réchauffement climatique.

La façon dont nous vivons aujourd’hui peut mettre en danger le bien-être de nos enfants et petits enfants c’est pourquoi, pour Hans Jonas, nous devons admettre que nous sommes responsables du futur de l’humanité et de la planète. Cela suppose, selon lui, d’anticiper les conséquences de nos actions et de nos choix notamment dans le domaine des technologies. Il nous faut apprendre à évaluer les risques et à suivre un principe de précaution.

Qu’est-ce que cette approche a de nouveau ?

Jusqu’à présent, nous n’avions de devoir moral qu’envers des êtres présents ou nous devions rendre des comptes pour des actions passées. Ici, Hans Jonas défend que nous avons aussi des devoirs moraux envers les générations futurs et la nature. Il propose donc une nouvelle règle morale qui consiste en une reformulation de l’impératif catégorique de Kant : « Agis de telle sorte que tes actions soient compatibles avec la permanence d’une vie humaine authentique sur la terre ». Cet impératif doit alors nous conduire à adopter des modes de vie qui cessent de détruire la planète. Nous devons renoncer à certaines habitudes et à un certain confort pour préserver la planète et la qualité de vie des générations futures.

Texte de Hans Jonas extrait du Principe de responsabilité

Un impératif adapté au nouveau type de l’agir humain et qui s’adresse au nouveau type de sujets de l’agir s’énoncerait à peu près ainsi : « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre » ; ou pour l’exprimer négativement : «Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future d’une telle vie» ; ou simplement : « Ne compromets pas les conditions pour la survie indéfinie de l’humanité sur terre » ; ou encore, formulé de nouveau positivement : « Inclus dans ton choix actuel l’intégrité future de l’homme comme objet secondaire de ton vouloir ».

On voit sans peine que l’atteinte portée à ce type d’impératif n’inclut aucune contradiction d’ordre rationnel. Je peux vouloir le bien actuel en sacrifiant le bien futur. De même que je peux vouloir ma propre disparition, je peux aussi vouloir la disparition de l’humanité. Sans me contredire moi-même, je peux, dans mon cas personnel comme dans celui de l’humanité, préférer un bref feu d’artifice d’extrême accomplissement de soi-même à l’ennui d’une continuation indéfinie dans la médiocrité.

Or le nouvel impératif affirme précisément que nous avons bien le droit de risquer notre propre vie, mais non celle de l’humanité ; et qu’Achille avait certes le droit de choisir pour lui-même une vie brève, faite d’exploits glorieux, plutôt qu’une longue vie de sécurité sans gloire (sous la présupposition tacite qu’il y aurait une postérité qui saura raconter ses exploits), mais que nous n’avons pas le droit de choisir le non-être des générations futures à cause de l’être de la génération actuelle et que nous n’avons même pas le droit de le risquer. Ce n’est pas du tout facile, et peut-­être impossible sans recours à la religion, de légitimer en théorie pourquoi nous n’avons pas ce droit, pourquoi au contraire nous avons une obligation à l’égard de ce qui n’existe même pas encore et ce qui « de soi » ne doit pas non plus être, ce qui du moins n’a pas droit à l’existence, puisque cela n’existe pas. Notre impératif le prend d’abord comme un axiome sans justification.

Hans Jonas, Le Principe responsabilité (1979), trad. Greisch, coll. Champs, Flammarion, p. 40

Hannah Arendt

Faut-il être un monstre pour faire le mal ? Hannah Arendt

Hannah Arendt, la banalité du mal

Hannah Arendt, philosophe et reporter du XXe siècle, a suivi le procès d’Adolph Eichmann, officier nazi et responsable de la mise en place de la « solution finale ». Philosophe juive réfugiée aux États-Unis pour échapper aux nazis avant la seconde guerre, elle couvre le procès pour le journal The New Yorker.

Hannah Arendt se dit alors frappée par la personnalité de ce criminel qu’elle décrit comme « tout à fait ordinaire ». « Les actes étaient monstrueux, mais le responsable (…) était tout à fait ordinaire, comme tout le monde, ni démoniaque ni monstrueux. ». Ce qui surprend Hannah Arendt c’est que l’on pourrait s’attendre à juger un monstre tant les actes commis sont terribles. Et pourtant, elle remarque qu’il ne semble pas particulièrement mauvais, il n’est pas le diable, mais un individu qui se présente comme ayant juste cherché à bien faire son travail.

C’est alors qu’Hannah Arendt va avancer l’idée de « banalité du mal » qui va faire scandale car les conséquences de la thèse de Arendt sont assez terrifiantes. En effet, si Eichmann était quelqu’un de banal alors cela signifie que ses actes auraient pu être commis par n’importe qui et qu’il n’est pas le démon incarné que veulent voir les journaux.

Mais comment expliquer cela ? Comment expliquer qu’un individu banal ou ordinaire en vienne à commettre de tels crimes ? Hannah Arendt fait alors l’hypothèse que ses actes s’expliquent par un « manque de pensée, signe d’une conscience éteinte ». Selon elle, Eichmann n’est pas un monstre ou un génie du mal, mais simplement il a renoncé à penser par lui-même et se contente de bien faire ce qu’on lui dit de faire. Il se met pour ainsi dire dans une posture d’exécutant et croit renoncer à la responsabilité de ses actes en la rejetant sur ceux qui décident ou ceux qui donnent les ordres.

C’est en cela que la thèse de Hannah Arendt fait scandale à son époque car cela signifie que tout individu qui se soumet à un système ou à un leader en renonçant à réfléchir sur le caractère bon ou mauvais de ce qu’on lui demande de faire peut en venir à commettre des crimes atroces.

A cela il faut ajouter, comme le dit Catherine Vallée dans le second texte ci-dessous, que tout est fait dans le système nazi pour que l’individu puisse ne pas prendre conscience de ce qu’il est réellement en train de faire. D’une part, aucun individu ne commet le crime « à lui tout seul », il ne fait que prendre part à un processus. Il n’a qu’une petite tâche à faire dans ce processus, ce qui lui permet de se cacher sa propre responsabilité car « il n’a fait que conduire le train ». Le système de la solution finale est ainsi un système où l’on morcelle les tâches afin que chaque individu se sente moins responsable et ce, d’autant plus, que son action ne demande pas une expertise particulière. S’il ne le fait pas, n’importe qui d’autre peut le faire à sa place.

Par ailleurs, un autre moyen de dissimuler l’horreur de ce qui est fait consiste à maîtriser le vocabulaire. L’expression « Solution finale » est un bon exemple de cela, rien ne laisse penser que par solution finale, il faut entendre extermination des juifs. De mêmes, dans le vocabulaire administratif, il n’est pas question de cadavre mais de « pièces » et comme la plupart des individus qui participent au processus ne voient pas les exécutions, ils peuvent se cacher la vérité.

Si vous voulez davantage de contenus sur le thème de la morale, vous pouvez consulter cette page.

Texte de Arendt :

« Tout a commencé quand j’ai assisté au procès Eichmann à Jérusalem. Dans mon rapport, je parle de la « banalité du mal ». Le mal, on l’apprend aux enfants, relève du démon ; il s’incarne en Satan (qui « tombe du ciel comme un éclair » (saint Luc, 10,18), ou Lucifer, l’ange déchu dont le péché est l’orgueil (« orgueilleux comme Lucifer »), cette superbia dont seuls les meilleurs sont capables : ils ne veulent pas servir Dieu ils veulent être comme Lui.  […] Cependant, ce que j’avais sous les yeux, bien que totalement différent, était un fait indéniable. Ce qui me frappait chez le coupable, c’était un manque de profondeur évident, et tel qu’on ne pouvait faire remonter le mal incontestable qui organisait ses actes jusqu’au niveau plus profond des racines ou des motifs. Les actes étaient monstrueux, mais le responsable – tout au moins le responsable hautement efficace qu’on jugeait alors – était tout à fait ordinaire, comme tout le monde, ni démoniaque ni monstrueux. Il n’y avait en lui trace ni de convictions idéologiques solides, ni de motivations spécifiquement malignes, et la seule caractéristique notable qu’on décelait dans sa conduite, passée ou bien manifeste au cours du procès et au long des interrogatoires qui l’avaient précédé, était de nature entièrement négative : ce n’était pas de la stupidité, mais un manque de pensée. Dans le cadre du tribunal israélien et de la procédure carcérale, il se comportait aussi bien qu’il l’avait fait sous le régime nazi mais, en présence de situations où manquait ce genre de routine, il était désemparé, et son langage bourré de clichés produisait à la barre, comme visiblement autrefois, pendant sa carrière officielle, une sorte de comédie macabre. Clichés, phrases toute faites, codes d’expression standardisés et conventionnels ont pour fonction reconnue, socialement, de protéger de la réalité, c’est-à-dire des sollicitations que faits et événements imposent à l’attention, de par leur existence même. On serait vite épuisé à céder sans cesse à ces sollicitations ; la seule différence entre Eichmann et le reste de l’humanité est que, de toute évidence, il les ignorait totalement. » Hannah Arendt, La Vie de l’esprit, p.20-21

« Eichmann ne s’approprie jamais ce qu’il dit, il ne parle pas, il répète les paroles des autres. […] La langue de bois de l’administration contribue ainsi à priver Eichmann de la conscience de ses actes. Les « règles de langage » servent essentiellement à protéger les meurtriers contre la réalité de leurs meurtres lorsque Eichmann s’occupe de la « solution finale du problème juif » (et non de l’extermination), de la comptabilisation des « pièces » (et non de celle des cadavres), il n’est pas plus affecté par ce qu’il fait que par un ordinaire travail de bureau. […] Le « crime de bureau » est donc rendu possible par l’absence de proximité physique entre le bourreau et ses victimes, ainsi que par le transfert de la responsabilité sur une autorité reconnue. C’est le triomphe d’une raison technicienne ou gestionnaire qui agence des moyens sans jamais se préoccuper des fins : « Comment gérer la solution finale ? » et jamais : « Cette dernière a-t-elle un sens ?»

La banalité du mal désigne donc l’incapacité d’être affecté par ce qu’on fait, le refus de juger, de prendre un parti à ses risques, à ses frais. C’est, enfin, une cruelle absence d’imagination. L’imagination n’est pas seulement la faculté par laquelle on se représente les choses absentes, mais cette aptitude du cœur à se mettre à la place des autres. Or c’est bien cela qu’Eichmann ne fait jamais.  […] Ainsi Eichmann n’a jamais présent devant les yeux les autres qu’il devrait pourtant se représenter: « Plus on l’écoutait, plus on se rendait à l’évidence que son incapacité à s’exprimer était étroitement liée à son incapacité à penser, à penser notamment du point de vue d’autrui. Il était impossible de communiquer avec lui, non parce qu’il mentait, mais parce qu’il s’entourait de mécanismes de défense extrêmement efficaces contre les mots d’autrui, la présence d’autrui et, partant, contre la réalité même » (Eichmann à Jérusalem, p. 61). »

Catherine Vallée, Hannah Arendt. Socrate et la question du totalitarisme