langage philosophie

Le langage en philosophie – Cours de philosophie

Dans cet article, je vais vous présenter la notion de langage qui est une des dix-sept notions du programme de philosophie en terminale. Je vais d’abord faire un point sur la manière dont on peut définir cette notion. Puis, je vais passer en revue quelques grandes questions possibles sur le langage en montrant comment on pourrait y répondre à l’aide d’auteurs classiques.

On peut définir le langage comme un système de signes ou ensemble de signes que l’on utilise pour communiquer ou exprimer des idées, des informations, des sentiments…

Mais qu’est-ce qu’un signe ?

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Ferdinand de Saussure, linguiste suisse, montre qu’un signe est constitué de deux éléments complémentaires. Pour qu’il y ait un signe il faut, d’une part, un signifié et, d’autre part, un signifiant.

Le signifié c’est l’idée que nous avons en tête. Par exemple l’idée de chat ou de table.

Le signifiant c’est la forme sensible ou l’aspect matériel qui renvoie au signifié. Par exemple, le mot « chat » écrit sur le tableau, ou l’ensemble de son qui donne chat ou encore le geste qui renvoie à l’idée de chat en langue des signes.

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Donc, vous l’avez compris, pour qu’il y ait réellement un signe, il faut qu’un signifiant (par exemple le mot « chat ») renvoie dans votre esprit à une idée correspondante. (l’idée de chat)

Si vous ne savez pas à quelle idée (ou signifié) le signifiant renvoie alors vous ne comprenez pas ce que votre interlocuteur essaie de vous dire. Par exemple si votre interlocuteur est allemand est vous parle de « Katze » ce signifiant fait signe pour vous vers l’idée ou signifié chat si et seulement si vous avez l’idée de chat et vous savez que ce signifiant « Katze » renvoie à l’idée de chat.

Imaginons que vous disiez quelque chose d’inintelligible en français du genre « dedulou ». Ceci n’est pas un signe car même s’il y a un élément matériel (quelque chose d’écrit ou un ensemble de sons) cela ne renvoie pas à une idée ou signifié dans votre esprit. Cela ne fait donc pas signe.

Mais, et j’en viens à la deuxième définition importante, il est très possible que cette ensemble de son « dédulou » ne soit pas un signe en français mais qu’il en soit un dans une autre langue.

Une langue c’est un système de signes propre à une communauté spécifique. Les humains ont tous un système de signes, mais ils n’ont pas le même. Ils ont des langues différentes.

Enfin, quand on use de la parole, c’est que l’on utilise une langue ponctuellement.

Quels sont les grands problèmes en philosophie qui peuvent être posés sur la question du langage ?   

– Premier sujet très classique : « Peut-on penser sans langage ? »

Petit rappel méthodologique au passage : sur ce sujet il y a trois éléments à définir lors de l’analyse du sujet.

  • « Langage » évidement, que j’ai déjà défini.
  • Le verbe, et ici plus précisément la forme en « Peut-on », est intéressante, j’en parlerai un peu après.
  • Mais surtout ici vous ne devez pas oublier de vous interroger sur le sens du verbe « penser » car en fonction du sens que vous donnez à ce terme la réponse au sujet peut être très différente.

Qu’est-ce que penser ? Si vous l’envisagez au sens large penser c’est avoir une activité psychique. Descartes définit la  pensée comme « tout ce que ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l’apercevons immédiatement en nous-mêmes ».

Alors, selon cette définition de Descartes, « penser », cela peut désigner toutes sortes d’activités psychiques comme avoir une idée, un sentiment, un doute, une volonté, une intuition ou encore une émotion qui serait accompagné de conscience. Donc, si on prend « penser » en ce sens, il va être plutôt facile de défendre que l’on peut penser sans langage.

En revanche, si vous prenez plutôt la définition de Platon qui va dire que la pensée c’est « le dialogue de l’âme avec elle-même » alors, en ce sens, il va être difficile de réellement penser ou dialoguer sans langage car pour dialoguer il faut des mots.

Voilà maintenant comment peut-on répondre à cette question ?

Une première manière de répondre pourrait être de dire avec Locke qu’il est effectivement possible de penser sans langage, car finalement le langage est essentiellement un moyen de communication.

Locke, philosophe anglais du 17e siècle, défend ainsi dans l’Essai sur l’entendement humain que les mots ne font qu’exprimer ou rendre publique des pensées qui existent déjà dans notre esprit. Le langage n’ajouterait rien à la pensée et ne jouerait aucun rôle dans sa formation. Ce serait en ce sens seulement un moyen.

A cette première thèse, on pourrait opposer la thèse de Hegel, philosophe allemand du 18e-19e siècle, qui au contraire défend qu’on ne peut penser sans langage car le langage est nécessaire pour former la pensée.

Hegel écrit ainsi : « C’est dans les mots que nous pensons. Nous n’avons conscience de nos pensées déterminées et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité, et par suite nous les marquons d’une forme externe ».

On comprend ainsi que selon Hegel, Il n’y a pas de pensée sans mot car c’est le mot qui nous permet de clarifier notre pensée.

Ainsi le fait de ne pas réussir à formuler ses idées ne signifierait alors pas que nous manquons de mots mais que notre pensée est encore mal formée. Si nous cherchons nos mots c’est que l’idée n’est pas clairement formée.

Hegel s’oppose à l’idée qu’il y aurait une pensée ineffable c’est-à-dire qu’on ne pourrait pas dire ou nommer. Pour lui, la pensée qui ne trouve pas de mots est confuse et n’est pas encore à proprement parler une pensée.

Pour illustrer cette thèse, on peut penser au roman 1984 de George Orwell. Dans ce roman, Orwell dépeint une société soumise à un État totalitaire qui cherche à priver les individus de toute liberté. Or, précisément pour leur retirer toute liberté, le parti a décidé la création d’une nouvelle langue soi-disant simplifiée appelée « Novlangue ».

La thèse derrière la création de cette nouvelle langue est que si l’on fait disparaître certains mots (évidemment des mots plutôt subversifs comme liberté, justice ou encore révolte) en les regroupant sous un même mot commun, dans le roman il s’agit du terme « crimepensée », alors il sera peu à peu impossible d’avoir la moindre réflexion sur la liberté et la justice car il sera impossible d’en parler clairement.

Il serait alors nécessaire d’avoir des mots distincts pour pouvoir réellement penser certaines idées. Voilà pour ce premier sujet sur le langage en philosophie.

– Deuxième sujet sur le langage :  » Peut-on tout dire ? »

Ici, vous avez un sujet en « Peut-on » où les deux sens possibles du verbe vont être exploitables. En effet, on pourra à la fois traiter « Est-il possible » de tout dire ? et « A-t-on le droit ou est-ce bien de tout dire ?

Donc, dans un cas, on posera la question de la possibilité ; dans l’autre, on posera plutôt une question éthique : du type, est-ce bien de toujours tout dire ?

Bergson, philosophe français du 19e-20e siècle, montre pour sa part que le langage a des limites et qu’il ne nous permet pas réellement de tout dire.

Il dit ainsi :

« Nous ne voyons pas les choses mêmes; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles. » Bergson, Le Rire

En effet, pour Bergson, le langage, parce qu’il a d’abord pour fonction de communiquer des informations, utilise des idées générales.

Par exemple, si je parle de ma colère, de mon amour ou de ma tristesse, il s’agit toujours d’un ressenti singulier qui peut être très différent de la colère d’une autre personne ou même de ma tristesse d’il y a 15 jours. Pourtant, je vais utiliser le même mot générique pour me faire comprendre. Je vais dire « je suis en colère ».

Or, pour Bergson, et c’est pour cela qu’il parle d’étiquettes, ce mot colère que j’utilise ne me permet pas de faire clairement comprendre à l’autre la singularité de mon ressenti. C’est en ce sens qu’on peut dire qu’il n’est pas possible de tout dire. Comment dire un ressenti singulier avec des mots par nature généraux ?

De même, si je parle de mon chien ou de mon bateau, ce sont pour l’autre des idées générales, il comprend « en gros » ce dont je parle, mais en utilisant ce mot, je ne dis rien de tout ce que ce chien ou ce bateau ont de singulier et de vraiment différents des autres pour moi.

Bergson montre ainsi que le langage a des limites et exprime souvent mal notre pensée, car pour être compris, nous devons sacrifier une bonne partie de ce que nos idées ou sentiments ont de singulier.

Néanmoins, on pourrait s’opposer à cette  thèse  en défendant que si les mots sont effectivement généraux, lors d’une conversation nous pouvons utiliser d’autres mots pour préciser ce que nous voulons dire.

Par exemple, dire « je suis en colère » peut effectivement sembler générique, mais cela peut conduire à un échange où des détails spécifiques peuvent être ajoutés, permettant ainsi de mieux saisir la singularité de mon émotion.

De  plus, on pourrait défendre à nouveau avec Hegel que si nous avons le sentiment de ne pas réussir à dire certaines choses,  même en précisant et développant nos pensées longuement c’est peut-être parce que nos idées sont confuses. Alors on pourrait défendre qu’il nous est possible de dire tout ce que nous pensons clairement.

Enfin, nous pourrions finalement défendre que quand bien même il serait possible de tout dire, il n’est peut-être pas souhaitable ou bien de le faire toujours.

Benjamin Constant, philosophe français du 18e-19e siècle, défend ainsi qu’il n’est pas toujours de notre devoir de dire la vérité. Selon lui, parfois, il faudrait même ne rien dire, voire mentir.

Vous l’avez compris la question sous-jacente ici est : Faut-il toujours dire la vérité ? Benjamin Constant défend sur ce point que même s’il est généralement mal de mentir, cela devient finalement un devoir si la personne qui nous interroge à de mauvaises intentions.

Faudrait-il dire la vérité à un assassin qui cherche une personne qui s’est réfugiée chez nous ? par exemple

Sans doute pas, car pour Benjamin Constant, « nul homme n’a droit à la vérité qui nuit à autrui. »

– Troisième sujet sur le langage : « Que peuvent les mots ? »

Ici c’est un sujet difficile et assez technique car c’est un sujet ouvert. C’est-à-dire que vous ne pouvez pas simplement répondre par oui ou par non. Il faut alors proposer des réponses et idéalement il faut que ces réponses s’opposent afin qu’il y ait un réel problème dans votre dissertation.

Ici, vous pourriez défendre avec Aristote que les mots permettent aux hommes de débattre, s’entendre et pourquoi pas de vivre en harmonie.

Aristote développe une philosophie finaliste. À ses yeux, chaque être par nature a une fin (un but) et la nature ne fait rien en vain. L’homme a donc par nature pour fin d’être un animal politique, c’est-à-dire qu’il est à la fois un être sensible animé par le désir, mais également un être rationnel qui possède le logos (la raison ou le discours) dans le but de pouvoir organiser la cité. L’homme est donc dit « politique » parce qu’il peut discuter du juste et de l’injuste, du bien et du mal afin de trouver un accord avec les autres. Cette capacité de débattre, et parfois de trouver un accord, est une condition nécessaire à l’instauration d’une vie en commun harmonieuse, et notamment à l’instauration d’une démocratie, car cela nécessite débat et possibilité d’accord par les mots.

A cela, on pourrait opposer, la thèse d’Hannah Arendt qui défend dans La Crise de la Culture, que le pouvoir des mots dépend de la place de celui qui parle dans la hiérarchie sociale. En ce sens, les mots en eux-mêmes n’auraient pas réellement de pouvoir, mais ce serait plutôt la hiérarchie sociale et donc celui qui les utilise qui leur donnerait du pouvoir. Avoir de l’autorité ce serait obtenir l’obéissance de l’autre sans violence et sans persuasion, simplement parce qu’il reconnaît que ma place supérieure dans la hiérarchie sociale est légitime

Voilà pour cet article, j’espère qu’il vous permettra de mieux cerner les grandes questions que vous allez rencontrer sur la notion de langage en philosophie.

Pour plus de cours de philosophie, vous pouvez vous rendre sur cette page !

Regardez la leçon en vidéo sur youtube ci-dessous !

A chacun sa morale

Peut-on dire « A chacun sa morale » ?

Aujourd’hui, je vais traiter d’une objection que l’on me fait souvent quand je dis qu’en philosophie, nous parlons de morale.

Quand j’annonce ce sujet, il arrive parfois que l’on me dise : « ça n’est pas une question qui m’intéresse car finalement chacun a la sienne ! ». Et, par là, la personne sous-entend souvent que puisque chacun a la sienne, il n’y a pas lieu d’en débattre ou de réfléchir à la question. Il serait donc possible de dire légitimement : « A chacun sa morale ! »

La morale serait finalement une question de préférence personnelle.

Ce qui peut s’entendre, d’ailleurs, cela correspond à ce que l’on appelle en philosophie le relativisme moral. Quelqu’un de relativiste en matière de morale va défendre effectivement qu’il n’y a pas de critères objectifs de la morale sur lesquels on pourrait s’entendre car nos avis en matière de bien et de mal dépendent de notre sensibilité, de nos expériences, de notre vision du monde, etc.

Cela signifie que, tout comme nos goûts et nos préférences en matière de petits-déjeuners, ce qui est bien ou mal dépend des points de vue. Et, c’est bien connu « des goûts et des couleurs, on ne discute pas ».

Mais, si je suis tout à fait d’accord quand il s’agit de nourriture ; par exemple, je conçois très bien que l’on puisse aimer manger des escargots au beurre persillés même si, pour ma part, la seule odeur de ces choses suffit à me rendre malade ;  cela me paraît beaucoup plus difficile à défendre quand on parle du bien et du mal. Certes, le relativisme a le mérite de nous inviter à la tolérance, mais est-ce que cela ne nous amène pas à être parfois trop tolérant ?

Imaginez qu’un ami au détour d’une conversation, vous raconte comment il aide sa sœur en gardant ses enfants de temps en temps : « Cela ne me coûte pas trop, avoue-t-il, j’ai trouvé le truc, comme ils sont souvent fort agités, je leur donne un quart de somnifère chacun et je les enferme au grenier. J’ai la paix pour l’après-midi ! »

Il me semble qu’on pourrait légitimement être scandalisé par ce récit et affirmer que ce que fait cet ami est vraiment « mal ». Et imaginez que l’ami ne comprenne pas notre indignation : « Oh, tu en fais toute une histoire, au moins, ils ont fait leur sieste ! ». Ne chercheriez-vous pas à lui démontrer qu’agir de la sorte c’est mal agir et n’auriez-vous pas des arguments ?

Qu’en pensez-vous ?

Il semble que dans bien des cas, nous allons être scandalisés et plus ou moins d’accord pour dire que c’est mal quand une action ne respecte pas une autre personne, qu’elle la fait visiblement souffrir ou la met en danger.

Mais au nom de quoi allons-nous dire que c’est mal ? Ou, en d’autres termes, sur quoi se fondent nos jugements moraux ?

C’est là que la philosophie morale intervient. La question que de nombreux philosophes posent est : quelle est l’origine de nos croyances sur le bien et le mal ?

Faut-il envisager comme le fait Rousseau que c’est notre pitié naturelle, c’est-à-dire, pour Rousseau, notre répugnance à voir souffrir autrui, qui nous incline à dire « c’est mal » ou « c’est bien » ? La morale serait alors de l’ordre du sentiment.

Ou bien, faut-il défendre que c’est notre raison qui nous permet de déterminer ce qui est bien  ou mal ? On pourrait alors, avec Kant, défendre une morale déontologique qui s’appuie sur de grands principes que nous donne la raison. Une action ou décision serait alors absolument mauvaise si elle contrevient à certains principes que Kant nomme des impératifs catégoriques. On pourrait sans doute défendre que l’on ne peut pas vouloir rationnellement que tous les adultes de ce monde donnent des somnifères aux enfants pour avoir la paix.

A moins, qu’il ne faille plutôt utiliser notre raison pour déterminer quelle action ou décision fera le bonheur du plus grand nombre ? Ainsi, pour les utilitaristes, ce sont plutôt les conséquences qu’il faut prendre en compte pour décider ce qui est bien ou mal et pas tellement des principes immuables.

Je vous ai ici brossé rapidement quelques-unes des positions philosophiques les plus connues sur la morale. Je reviendrai sur chacune de ces positions dans un prochain article. Vous voyez que si ces philosophes sont d’accord pour dire que la morale n’est pas relative, ils ne sont pas d’accord sur les critères que nous allons mettre en avant pour justifier nos jugements moraux.

J’espère que cet article vous donnera à réfléchir ! Si vous voulez retrouver davantage d’articles sur la question de la morale, vous pouvez aller consulter cette page où je traite d’autres sujets, je présente également quelques grands problèmes classiques en philosophie morale dans cette vidéo sur ma chaîne.

A bientôt et n’hésitez pas à m’écrire en dessous ce que cela vous inspire !

Le travail au programme de philosophie

La notion de travail en philosophie

La notion de travail est une des dix-sept notions du programme de philosophie en terminale.

Je vais d’abord faire un point sur la manière dont on peut définir cette notion en la distinguant d’autres notions proches ou opposées. Puis, je vais passer en revue quelques grandes questions possibles sur le travail en philosophie en montrant comment on pourrait y répondre à l’aide d’auteurs classiques.

On peut définir le travail en philosophie comme l’ensemble des activités effectuées par l’homme pour satisfaire ses besoins et transformer le monde qui l’entoure. Le travail est productif et il possède une fin extérieure à lui-même contrairement au jeu, par exemple, qui a sa fin en lui-même c’est-à-dire que lorsque l’on joue on joue pour jouer et pas pour obtenir  quelque chose d’autre. Si vous jouez pour obtenir quelque chose d’autre alors cela devient un travail. Lorsque l’on travaille on vise un résultat utile pour nous et/ou pour les autres.

Par exemple, l’agriculteur transforme la nature pour produire de la nourriture et gagner sa vie, l’architecte construit des bâtiments pour que nous puissions nous loger, l’enseignant transforme ses élèves pour les rendre meilleurs dans une matière, plus avisés, plus cultivés.

Ce que l’on appelle un métier c’est la forme sociale et réglementée du travail.

On oppose souvent le travail et le loisir car le travail est souvent considéré comme une activité subie que l’on fait par nécessité c’est-à-dire parce que nous devons satisfaire nos besoins (gagner de quoi vivre).

Au contraire, le loisir qui vient  du terme grec Skholè désigne une activité libre. Dans l’antiquité c’est ce qu’un citoyen pouvait faire car il n’était pas contraint de travailler pour vivre. Aujourd’hui, le loisir désigne plus généralement le temps libre qu’un individu peut consacrer à des occupations personnelles qui relèvent du divertissement, de la culture ou encore du délassement.

Voilà pour les définitions, j’en profite pour vous rappeler que si vous voulez apprendre à faire une dissertation ou une explication de texte pas à pas, vous pouvez télécharger tous mes conseils de méthodes via le lien juste en dessous de cette article. Vous retrouverez notamment dans cet ebook  gratuit toutes les définitions à bien connaître pour analyser finement un sujet de dissertation.

Bien, à présent, quels sont les grands problèmes philosophiques qui peuvent être posés sur la question du travail en philosophie ? Je vais vous en donner quelques uns parmi les plus importants avec quelques réponses classiques.

– Premier sujet : « Sommes-nous condamnés à travailler ? »

Vous voyez qu’il y a dans cet intitulé l’idée que le travail serait une condamnation donc à la fois quelque chose que l’on n’a pas choisi et quelque chose de vraiment pénible. Peut-on alors dire que le travail est une punition ?

Une fois n’est pas coutume, je vais utiliser essentiellement sur ce sujet un auteur vraiment centrale sur la question du travail j’ai nommé Marx. Marx, philosophe allemand du 19e siècle, a notamment écrit le Capital. Dans ses Écrits économiques, il décrit ce qui est, selon lui, un travail réellement humain.

« Supposons que nous produisions comme des êtres humains : chacun de nous s’affirmerait doublement dans sa production, soi-même et l’autre.

1. Dans ma production, je réaliserais mon individualité, ma particularité : j’éprouverais, en travaillant, la jouissance d’une manifestation individuelle de ma vie, et dans la contemplation de l’objet, j’aurais la joie individuelle de reconnaître ma personnalité comme une puissance réelle, concrètement saisissable et échappant à tout doute.

2. Dans ta jouissance ou ton emploi de mon produit, j’aurais la joie spirituelle de satisfaire par mon travail un besoin humain, de réaliser la nature humaine et de fournir, au besoin d’un autre, l’objet de sa nécessité. »

Pour Marx, le travail permet donc à l’homme en affrontant la dure résistance des choses de prendre conscience de ce qu’il est et de ce qu’il peut. En travaillant, il développe ses capacités et prend conscience de ce qu’il est au travers des produits de son travail. Il tire du résultat de son travail à la fois fierté et satisfaction et ce, d’autant plus qu’en travaillant, il aide à satisfaire les besoins des autres et obtient ainsi la reconnaissance de ses semblables.

En ce sens, le travail en philosophie n’est pas une punition, mais plutôt un bienfait.

Pourtant, ça n’est pas le cas, selon lui, de tous les types de travail. Il montre ainsi dans les Manuscrits de 1844, combien le travail à la chaîne aliène l’homme.

Selon lui, l’homme est mutilé par la division des tâches excessive c’est-à-dire quand il est amené à effectuer dans son travail un très petit nombre de tâches ou de mouvements de manière répétitive et mécanique. Or, cette spécialisation des tâches ne fait que s’accentuer avec les progrès de la mécanisation. On est passé de l’artisanat où un artisan réalise un objet du début à la fin, à la manufacture où le travailleur ne fait plus qu’un ou deux éléments de l’objet final. Cette progression de la division des tâches culmine avec le travail à la chaîne où le travailleur effectue un seul geste répétitif entouré de machines qui amènent à lui l’objet. La tâche est de plus en plus simple, les gestes de plus en plus décomposés et mécaniques. L’homme est alors intégré à la machine et il perd ici son humanité. C’est alors que Marx parle d’aliénation du travail car alors l’homme devient « autre ». Etre aliéné ou subir une aliénation c’est devenir étranger à soi-même. Pour Marx, dès lors que le travailleur ne peut plus développer et épanouir ses capacités proprement humaines telles que l’imagination, la raison, le libre arbitre, dans son travail, alors il devient une machine. Cette forme de travail rend l’homme tel un automate, il le rend stupide.

– Deuxième sujet : « Peut-on opposer le loisir au travail en philosophie ? »

Chez les grecs, le terme loisir se dit Skholè et désigne la liberté que nous avons de ne pas avoir à assurer notre subsistance. C’est donc un temps où nous n’avons pas à travailler pour assurer la satisfaction de nos besoins et où nous pouvons faire autre chose.

Or, pour un grec, ce autre chose c’est essentiellement se consacrer aux études. D’ailleurs, vous remarquez que Skholè donne école en français et school en anglais. En ce sens, le loisir pour les Grecs ça n’est pas le divertissement ou la distraction comme on peut le définir aujourd’hui.

Selon Aristote, dans l’Éthique à Nicomaque, le loisir permettait la réflexion philosophique et le développement intellectuel. C’est, à ses yeux, l’activité la plus haute et la plus proprement humaine car ainsi l’homme n’est plus comme l’animal soumis à la nécessité de travailler pour subvenir à ses besoins vitaux. Il s’arrache de ces basses préoccupations reliées au corps pour se consacrer aux choses élevées de l’esprit et développer ainsi ses facultés proprement humaines.

On peut alors dire que pour les Grecs travail et loisir s’opposent diamétralement, mais ils ont une conception bien spécifique du loisir et du travail.

A cette première réponse, on pourrait ajouter la thèse du philosophe français Baudrillard qui montre combien dans nos sociétés le loisir tout comme le travail doit être productif.

Marx avait déjà dit que le loisir était en réalité une condition du travail car il est le temps nécessaire pour reprendre des forces et retourner travailler. Il montrait en ce sens que loisir et travail ne s’opposait pas tant que ça.

Baudrillard va un peu plus loin. Selon Baudrillard, dans nos sociétés occidentales, la logique du travail a contaminé le loisir. Nous sommes tellement modelés par l’idée qu’il faut rentabiliser son temps et être productif que même lorsque nous avons des loisirs nous allons chercher rentabiliser notre temps. Il faut que nos loisirs soient bien organisés, efficaces, que nous ne perdions pas notre temps, que nous fassions un maximum de choses.

En ce sens, à ses yeux, le loisir et le travail en philosophie ne s’opposent pas.

– Troisième sujet : « Travailler moins, est-ce vivre mieux ? »

Sujet très intéressant et néanmoins difficile, car, vous le remarquez, il contient une expression : « Vivre mieux ».

L’erreur serait ici de ne pas y prêter attention sous prétexte que ça n’est pas une notion du programme. Mais en faisant cela vous risquez de passer à côté de beaucoup d’idées intéressantes  pour le sujet et encore pire, de manquer le problème du sujet.

Donc, au brouillon, il faut se poser la question : qu’est-ce que l’on peut comprendre par « vivre mieux » ?. Et le but va être d’avoir plusieurs sens différents que vous pourrez traiter et envisager tout au long de  votre devoir.

Par exemple : Vivre mieux cela pourrait signifier vivre plus humainement ou vivre plus heureux ou encore vivre plus libre etc

Si vivre mieux c’est vivre humainement en développant nos facultés proprement humaines, en exerçant notre liberté, notre créativité, en réfléchissant et pas simplement en exécutant alors si l’on a un travail aliénant au sens de Marx, il est évident que travailler moins ce serait vivre mieux.

Mais, le travail quelque soit, par ailleurs, sa forme n’a-t-il pas certains avantages ? N’était-ce pas une victoire pour les femmes en 1965 d’avoir désormais l’autorisation d’exercer une profession sans l’autorisation de leur mari ?

On pourrait dire qu’en ce sens le travail libère parce qu’il permet d’être indépendant. N’est-ce pas vivre mieux que d’être indépendant plutôt que dépendant ?

Par ailleurs, travailler c’est aussi parfois atteindre une forme d’excellence dans son domaine. Nietzsche dans Humain, trop humain, remarque qu’on a beaucoup trop tendance à penser que le grand artiste a un don naturel. En réalité, les grands artistes sont, selon lui, surtout de grands travailleurs,  ils se sont beaucoup exercés et y atteignent ainsi l’excellence. N’est-ce pas là une manière de vivre mieux ?

Voilà pour la présentation de cette notion de travail en philosophie, j’espère qu’elle vous permettra de mieux cerner les grandes questions que vous allez rencontrées sur la notion de travail.

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Très bonne journée à vous

Qu'est-ce que la philosophie ?

Qu’est-ce que la philosophie ?

Qu’est-ce que la philosophie ou plutôt qu’est-ce que faire de la philosophie ? Souvent les élèves qui découvrent la philosophie en terminal ont des présupposés sur la philosophie. Il s’agirait d’une matière plutôt ennuyeuse pratiquée par des gens un peu « perchés » dont on se demande à quoi elle pourrait bien servir dans la vie. On sous-entend alors souvent qu’elle pourrait bien ne servir à rien !

Alors qu’est-ce que la philosophie et à quoi peut-elle bien servir ?

Parce que oui, je pense que la philosophie est non seulement une discipline passionnante mais également qu’elle peut être utile. A mes yeux, la philosophie est un chemin vers la connaissance de soi et du monde. En faisant de la philosophie, vous allez vous interroger sur l’être humain :

  • Quelle est sa nature ?
  • Peut-on réellement parler d’une nature humaine ?
  • Quelles sont ses facultés ?
  • De quoi parle-t-on quand on parle de conscience ou d’inconscient ?
  • La conscience de soi que l’on attribut à l’homme, n’est-elle pas quelque chose que possèdent aussi certains animaux ?
  • Peut-on dire de l’être humain qu’il est libre ou au contraire déterminés ?

En faisant de la philosophie vous allez aussi vous interroger sur le monde et sur les rapports que nous entretenons avec lui :

  • L’être humain est-il à part dans la nature ?
  • Doit-il chercher à la maîtriser ou plutôt la respecter ?

Et vous l’avez compris la philosophie c’est avant tout une démarche une manière de questionner ce qui est et ce qui est dit. Faire de la philosophie c’est d’abord remettre en question ce qui semble évident, c’est douter de ce que l’on appelle l’opinion commune pour ensuite essayer de trouver des réponses en utilisant sa raison. Cela suppose de chercher à voir le monde différemment, de ne pas s’arrêter aux a priori pour élaborer des connaissances solides. Cette démarche n’est pas toujours aisée cela va demander de se questionner de réfléchir mais si vous commencez à avancer sur ce chemin, si vous êtes curieux et avide de comprendre alors faire de la philosophie vous apportera bien des satisfactions.

Les origines de la philosophie

Pour commencer cette définition, je vais revenir aux origines de la philosophie. Le mot philosophie vient de la Grèce antique. Si on décompose, le terme philo vient du verbe Philein : aimer, rechercher et sophia qui signifie la sagesse. La philosophie, ce serait donc l’amour ou la recherche de la sagesse.

Mais qu’est-ce que la sagesse me direz-vous ?

Il y a deux façons bien distinctes de comprendre ce terme. Dans l’Antiquité, notamment il y avait des écoles de philosophie, l’école stoïtienne par exemple, qui enseignaient comment bien vivre, comment être heureux et libre en suivant certaines règles certains préceptes de vie. Ces philosophies développaient alors une forme de sagesse pour bien vivre, ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui une philosophie de vie.

Nous nous intéresserons à ces philosophies mais ça n’est pas en ce sens-là que je vais prendre philosophie dans un premier temps car chercher la sagesse cela peut aussi signifier simplement se poser des questions sur le monde et essayer d’y répondre en utilisant sa raison, chercher à élaborer des connaissance. Socrate au 5e siècle avant Jésus-Christ pratiquait ainsi la philosophie en posant des questions difficiles à ses interlocuteurs, son but était alors de les pousser à remettre en question leurs opinions et préjugés. Il cherchait à les faire douter afin qu’il commence à chercher effectivement la vérité. Socrate était en effet convaincu qu’on ne peut pas commencer à chercher la vérité si on est déjà persuadé de la détenir. Cette démarche de Socrate peut être considérée comme emblématique. Les philosophes posent des questions d’ordre général dans tous les domaines, doutent et essaient ensuite d’y répondre par des arguments en donnant des preuves et en utilisant la logique. C’est en ce sens qu’ils cherchent à élaborer des connaissances. Mais dans ce cas quelle

La philosophie et les sciences

Mais dans ce cas quelle différence faire entre la philosophie et les sciences me direz-vous ?

Et bien dans l’Antiquité et pendant très longtemps, il n’y avait pas de différence. Lorsque les premiers philosophes utilisaient le mot philosophie, cela désignait pour eux l’étude et la recherche sur absolument tous les sujets. Aristote a ainsi écrit sur des sujets aussi variés que la biologie, la physique, la métaphysique, la logique, la poétique, la politique, la rhétorique, l’éthique et cetera.

Toutes ces disciplines étaient alors considérées comme appartenant au champ de la philosophie. Ça n’est que plus récemment que ces différents domaines de connaissance ont commencé à être envisagés comme des disciplines distinctes avec des objets de recherche et des méthodes bien spécifiques. C’est le cas notamment de la physique, de la biologie, des mathématiques et de l’astronomie qui sont devenues des sciences et se sont donc détachés de la philosophie. Ce sont, à présent, des disciplines qui suivent des méthodes très précises pour vérifier ou réfuter leurs hypothèses. Mais dans tous les domaines où il n’est pas possible d’appliquer un protocole scientifique pour obtenir une réponse objective, on peut encore faire de la philosophie.

Cela déconcerte souvent mes élèves qui me disent mais pourquoi diable sommes-nous en train de parler d’économie, de politique de psychologie ou de linguistique dans ce cours ? C’est que la philosophie pose des questions et élabore des raisonnements sur absolument tous les domaines où l’on ne peut pas faire une démonstration scientifique pour établir la vérité. Les questions qu’elle peut aborder sont donc extrêmement vastes et variées et pour tout vous dire c’est quelque chose qui personnellement m’a beaucoup plu dès le début avec la philosophie.

Alors de quoi allons-nous parler ?

Nous allons parler de liberté, de travail, de langage, de technique, d’esprit, de conscience et d’inconscient, du temps qui passe, du bonheur, de la politique et de la justice. Nous allons parler de devoir moral, de religion, de la nature, du réel, des animaux, de la vérité et bien d’autres choses encore. Mais, surtout, nous allons d’abord poser des questions, de grandes questions !

L’une des premières très classique pourrait être :

  • Que suis-je ?
  • Ai-je une âme ?
  • Y a-t-il quelque chose d’immatériel en moi qui survivra après ma mort ?

Ces questions appartiennent à une des branches de la philosophie que l’on appelle la métaphysique et qui traite de ce qui existe indépendamment de la connaissance que nous pouvons en avoir. D’autres questions pourraient être :

  • Comment dois-je vivre ?
  • Qu’est-ce que bien vivre ?
  • Comment vivre libre et heureux ?

Ces questions appartiennent à la branche de la philosophie que l’on nomme l‘éthique.

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Une autre question pourrait être encore :

  • Puis-je être sûr que ce que je vois est réel ?
  • Et si je n’en suis pas sûr : comment déterminer ce qui est vrai ?
  • Comment en être sûr ?

Nous ferons alors de l’épistémologie qui est une partie de la philosophie qui s’intéresse à la connaissance, aux sciences et à la vérité.

Mais surtout une fois toutes ces questions posées, nous allons chercher à y répondre en formulant des raisonnement et en utilisant la logique. Pour cela, il faudra étudier des thèses et des raisonnements, envisager des objections, douter de nos certitudes, accepter d’envisager des thèses qui peut-être nous dérangent. Vous ne serez sans doute pas toujours d’accord avec les idées que je vais vous présenter et c’est très bien, je ne serai souvent pas d’accord non plus ! Mais pour faire de la philosophie il est important justement d’étudier les idées qui ne sont pas les nôtres, d’envisager qu’elles puissent être vraies, de douter de ce que nous pensons, nous, être vrai pour finalement sortir de cette réflexion soit confortés dans nos convictions soit en ayant complètement changés d’avis et alors nous aurons réellement fait de la philosophie.

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Diogène le cynique

Diogène le cynique vivait dans un tonneau

Aujourd’hui je vous raconte une histoire bien connue de l’Antiquité : L’histoire de Diogène le Cynique.

Celui que l’on nomme aujourd’hui Diogène le Cynique s’appelle en réalité Diogène de Sinope car il est né à Sinope vers 410 av. J.-C. et mort à Corinthe vers 323 av. J.-C.

Diogène est resté célèbre dans l’histoire de la philosophie notamment à cause de son mode de vie très surprenant.

On raconte que Diogène vivait dans un tonneau dans la rue et mettait un point d’honneur à posséder le moins possible. Il n’aurait possédé qu’un bâton, un sac pour son pain et un gobelet.

Diogène est considéré comme le principal représentant du courant cynique qui fût fondé par son maître Antisthène. Le terme cynique viendrait du lieu où enseignait Antisthène : un gymnase appelé le « Cynosarge » qui signifie le chien agile. Le chien deviendra ensuite l’animal emblématique de Diogène que l’on surnommait le chien et qui revendiquait de se comporter comme tel.

Les cyniques défendent l’idée que le bonheur ne réside pas dans la possession de biens matériels, dans le luxe ou encore dans le pouvoir politique. Pour eux, le réel bonheur c’est d’être indépendant et de ne pas avoir besoin de tous ces biens et honneurs. Le cynique est heureux en possédant peu et il méprise les honneurs et ceux qui courent après, car ceux là sont esclaves de leurs attentes. Ils passent leur vie à rechercher des choses qui ne dépendent pas d’eux et n’apportent pas réellement le bonheur.

On raconte ainsi qu’un jour Alexandre le Grand qui avait entendu parlé de Diogène et de son tonneau, se présenta devant lui pour lui demander ce qu’il souhaitait. Diogène assis dans son tonneau aurait alors levé la tête et répondu : »ôte-toi de mon Soleil ! ».

On raconte que loin de s’offenser Alexandre aurait alors dit : « Si je n’avais pas été Alexandre, j’aurais aimé être Diogène ».

Alexandre était puissant, mais était-il aussi libre que Diogène le cynique ?

Diogène le cynique avait en effet pour ligne de conduite de se contenter des nourritures les plus simples et de s’abstenir de tout ce qui n’était pas absolument nécessaire à sa survie. Il cherchait à vivre en suivant la nature. C’est pourquoi, il prenait le chien comme modèle et n’hésitait pas à pousser ses principes jusqu’au bout dans le but évident de choquer. Comme le chien, Diogène vit, mange, fait ses besoins dans la rue et on raconte qu’il allait jusqu’à se masturber en public.

Diogène est-il alors un philosophe ? Il peut paraître étrange de qualifier Diogène de philosophe quand on pense que le philosophe est celui qui cherche la sagesse. Diogène semble bien tout sauf sage ! Et pourtant, par ses actions Diogène défend une conception de la vie et remet en question les valeurs de la société de son temps. En ce sens, il fait œuvre de philosophe. Il n’enseigne pas par la théorie, mais enseigne par l’exemple et ose vivre réellement en adéquation avec ses idées. Pour toutes ces raisons, Diogène est bien un philosophe.

Il faut faire une remarque pour finir sur l’usage que nous faisons aujourd’hui du terme cynique. Aujourd’hui lorsque l’on dit de quelqu’un qu’il est cynique, on désigne une personne calculatrice qui ne pense qu’à elle et ne croit à aucune valeur. On dira, par exemple, d’un homme politique qui fait l’éloge de certains principes et valeurs uniquement pour être élu et use ensuite de son pouvoir dans son seul intérêt qu’il est cynique.

En ce sens, nous ne donnons plus le même sens au terme cynique que dans l’Antiquité car Diogène n’était pas quelqu’un qui n’avait aucune valeur. Au contraire, il remettait en question les valeurs de la société, souvent pour montrer leur absurdité et ce faisant, il défendait lui-même certaines valeurs et une certaine conception de ce qu’est une bonne vie. Il allait au bout de ses principes, on peut donc dire qu’il était radical mais sûrement pas qu’il ne croyait en rien et ne visait que son intérêt égoïste.

Merci de m’avoir lu, j’espère que cette histoire vous inspirera quelques réflexions. 😀

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J’y donne également des conseils de lecture.

Objectif 17 en philo !

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🚨 La formation est disponible ! Vous pouvez la rejoindre en cliquant ici.

C’est une formation qui contient des vidéos de formation, des vidéos où je fais des analyses de sujets ou des plans et des exemples écrits avec des fichiers pdf téléchargeables.

La formation est progressive, c’est-à-dire que l’on part vraiment des bases. J’explique très précisément comment bien analyser, comment bien problématiser, comment construire un plan quand on a des difficultés à avoir des idées pour faire trois parties.

Et, dans le même temps, pour celles et ceux qui veulent aller vraiment plus loin, il y a des cours pour réussir une excellente troisième partie et maîtriser toutes les subtilités de la dissertation.

Voilà le programme !

 Module 1 : Réussir une introduction de dissertation percutante
1- Vous allez découvrir comment sortir du lot grâce à une analyse fine du sujet.
2- Éviter tout risque de hors sujet avec la technique pour formuler la problématique qui marche à tous les coups.
3- Réussir votre accroche avec une méthode claire et une sélection de citations spéciales dissertations.
4- Des exemples d’analyses et de problématiques afin que vous compreniez bien ce que vous devez faire.
5- Des exercices pour vous entraîner.

Module 2 : Savoir construire un plan et développer une argumentation solide
1- Les bases de la construction du plan pour trouver trois parties facilement.
2- Des exemples de plans sur des sujets variés pour ne plus manquer d’inspiration.
3- Élaborer et développer des arguments convaincants
4- Savoir utiliser les auteurs sans risque de réciter son cours
5- Quelques techniques d’experts pour faire une excellentissime troisième partie

Module 3 : Se perfectionner en dissertation
1- Vous allez découvrir comment améliorer considérablement vos résultats en vous concentrant sur ce qui est vraiment important.
2- Savoir analyser tous les types de sujets pour réussir même si le sujet est difficile.
3- Réussir sa problématique même si le sujet est ouvert ou commence par « Pourquoi ».
4- Vous verrez comment faire réellement progresser votre argumentation
5- Comment passer votre dissertation au niveau supérieur en utilisant de bons exemples

Module 4 : Réussir l’introduction de votre explication de texte
1- Identifier le thème
2- Bien formuler la thèse que défend l’auteur
3- Comment comprendre le problème auquel le texte répond
4- Un élément crucial : identifier le plan du texte​​​ sans vous tromper.

Module 5 : Comment bien expliquer un texte et éviter la paraphrase
1- Comment éviter la paraphrase avec la technique des métiers
2- L’importance des définitions pour réellement expliquer
3- Des exemples d’explications précises pour comprendre ce que l’on attend de vous. ​​
4- Justifier ce que dit l’auteur : pourquoi vous devez utiliser votre cours dans l’explication de texte.

Module Bonus : Réviser les notions au programme
– Une fiche synthétique pour les 17 notions (définitions – problématiques – auteurs essentiels)
– Des exemples d’analyses et de plans

Module spécial « Se préparer au jour du Bac »
– Comment bien choisir le sujet
– Gérer l’angoisse de la page blanche le jour du bac
– L’état d’esprit à avoir pour donner le meilleur de vous-mêmes.

Cliquez ici pour rejoindre la formation !

devoir moral

Qu’est-ce que le devoir moral ?

Le devoir est une obligation (morale, professionnelle, religieuse, juridique…). Le devoir moral est une obligation morale.

C’est ce que je dois faire tout en ayant le choix de ne pas le faire. Je peux ne pas faire mon devoir, je peux désobéir et ne pas me soumettre à mes obligations.

Il faut distinguer l’obligation de la contrainte : une contrainte c’est ce qui s’impose à moi, je n’ai pas le choix d’obéir ou non. Si je suis emprisonné c’est une contrainte qui s’exerce sur moi. 

Nous pouvons avoir toutes sortes de devoirs (professionnelle, juridiques, civique, et moraux).

La morale c’est un ensemble de règles et de normes qui nous permettent de différencier le bien du mal dans nos rapports avec les autres et qui nous commande de choisir le bien.

Le devoir moral c’est une obligation à faire le bien.

Par exemple, on pourrait dire qu’il est de notre devoir moral de ne pas mentir à nos proches ou encore d’être honnête, tolérant, généreux etc.

Une question classique sur le devoir consistera à se demander d’où vient notre conception de ce qui est notre devoir ? Est-ce un choix ? Ou cela s’impose t il à nous ?

Le devoir peut avoir deux origines :

  • On peut se donner à soi-même son devoir (donc être autonome et libre)
  • Le devoir peut nous être imposé implicitement ou explicitement par le groupe auquel nous appartenons. Il viendrait donc de l’extérieur.

Bien, à présent, quels sont les grands problèmes philosophiques qui peuvent être posés sur la question du devoir ? Je vais vous en donner quelques uns parmi les plus importants avec quelques réponses classiques.

– Premier sujet très classique : Quelle est l’origine de notre sens du devoir ?

En morale c’est une question très débattue : qu’est-ce qui nous pousse à agir bien ? A faire ce que nous dicte notre devoir moral ? Est-ce notre sensibilité ? Est-ce notre raison ?

Et d’oû viennent nos idées sur ce qui est bien et ce qui est mal ? Viennent elles de notre groupe social ? Ou bien est-ce que l’on juge de ce qui est bien ou mal en fonction de nos ressentis ?

Sur cette question Kant répondra que nous déterminons ce qui est bien et ce qui est mal en usant de notre raison. C’est en réfléchissant que nous allons déterminer ce qui est bien.  Il ne s’agit alors pas vous le remarquez de suivre ce que les autres disent, c’est nous qui nous donnons notre devoir, c’est une morale de l’autonomie.

A cette thèse de Kant on peut opposer la thèse de Rousseau qui défendra au contraire que notre conscience du bien et du mal repose sur un sentiment naturel. Pour lui c’est la répugnance à voir souffrir autrui que l’être humain a naturellement qui est à l’origine de nos idées du bien et du mal et pas l’apprentissage ou la raison.

– Deuxième sujet : Les devoirs de l’homme varient-ils selon les cultures ?

Ou en d’autres termes peut-on dire du devoir moral qu’il est relatif et donc dépendant des cultures, des groupes sociaux, des points de vues ? Ou bien faut-il défendre qu’il pourrait y avoir des principes moraux universels, sur lesquels tous les humains pourraient s’accorder ?

Sur ce problème, on pourrait opposer la thèse de Nietzsche à la thèse de Kant

Nietzsche dans la Généalogie de la morale montre ainsi que les devoirs moraux ont une histoire, qu’ils apparaissent et disparaissent. Qu’ils dépendent des cultures, des époques et sont le résultat d’un dressage social. Chaque société inculquant à ses membres ce qui doit être fait et ne doit pas être fait.

A l’inverse Kant, défend que les devoirs moraux peuvent être universellement partagés car ils reposent sur la raison qui est une faculté commune à tous les hommes. Tous les êtres humains usant de leur raison, ne pourrait il pas par exemple tomber d’accord sur l’idée que l’on a le devoir de respecter tous être humain et de ne pas l’utiliser au service de nos propres intérêts ?

–  Troisième sujet : le devoir moral s’oppose-t-il à la liberté ?

Sur cette question, il est important de se demander qui décide du devoir. Est-ce la société qui décide de ce qui constitue un devoir ou bien est-ce moi avec ma raison qui me donne à moi-même mon devoir ?

Et même si le devoir m’est dicté par un groupe ou ma famille, est-ce que je n’ai pas toujours le choix de faire mon devoir ou non ? Rappelez vous on peut distinguer le devoir de la nécessité car faire son devoir est un choix.

Ici encore, vous pouvez penser à Kant qui défend une morale de l’autonomie c’est-à-dire que c’est nous qui déterminons notre devoir à l’aide de notre raison et choisissons de le suivre ou non.

Bien évidemment cette conception du devoir peut être discutée car bien souvent ce que nous allons considérer comme notre devoir, nos principes moraux, nous ont été inculqués dès l’enfance par notre cellule familiale. Ce ne sont donc pas des principes réfléchis et choisis mais plutôt le résultat d’une intériorisation précoce de ce que nos proches considèrent comme bien ou mal. Cette thèse est notamment défendue par Freud le fondateur de la psychanalyse.

Voilà pour la question du devoir et du devoir moral. Pour en savoir plus sur la morale et le devoir, retrouvez plus de cours en cliquant ici.

Ou pour consulter ma playlist en vidéos sur l’éthique et la morale, c’est ici.

L’État en philosophie

La notion d’État – programme de philosophie

Bienvenue dans cet article, dans lequel nous allons parler de la notion d’État en philosophie.

Je vais d’abord faire un point sur la définition que l’on peut donner de l’État. Puis, je reviendrai sur les grands problèmes classiques qui se posent sur la notion d’État en mentionnant quelques auteurs intéressants à connaître sur cette notion.

Aujourd’hui on peut définir l’État comme l’ensemble des institutions politiques, juridiques, militaires, administratives et économiques qui organisent une société sur un territoire donné.

C’est une autorité souveraine qui s’exerce sur un peuple particulier. Cette autorité est dite souveraine car l’État exerce un pouvoir sur le peuple et n’est lui-même soumis à aucune autorité supérieure. Il n’y a rien au dessus de l’État. Même quand un État rejoint l’Union européenne par exemple, il peut décider ensuite de ne pas appliquer ces décisions ou même de quitter cette union. C’est ce qu’a choisi de faire l’État anglais avec le Brexit.

Enfin, l’État est un pouvoir dit institutionnalisé, cela signifie que le pouvoir de l’État est détaché de ceux qui exercent concrètement le pouvoir. L’État existe et existera même si le roi ou le Président change.

C’est donc un pouvoir permanent. c’est cette permanence du pouvoir de l’État qu’exprime la formule « le roi est mort, vive le roi ! »

Pour voir la vidéo

A présent voici quelques grandes questions philosophiques sur la notion d’État :

– Premier sujet : L’État restreint-il la liberté individuelle ?

L’État en tant qu’il exerce une autorité sur le peuple par l’intermédiaire de lois est-il une limite à la liberté individuelle ? Ou au contraire, est-il une condition de cette liberté individuelle ?

En d’autres termes, serions-nous davantage libres s’il n’y avait pas de loi ? A cette question, le philosophe libéral Locke, répond sans ambiguité :

 » Il est certain que la fin d’une loi n’est pas d’abolir ou de restreindre la liberté mais de la préserver et de l’augmenter. (…) Car la liberté consiste à n’être pas exposé à la contrainte et à la violence des autres ; ce qui ne peut se trouver là ou il n’y a pas de loi.

En effet, pour Locke, l’Etat est crée pour faire en sorte que la vie, la liberté et la propriété de chaque individu soit protégée. En l’absence d’Etat et de lois, chaque individu risquerait d’être soumis par un autre dès lors qu’il est plus fort que lui. Ce serait le règne de la loi du plus fort et dans cette condition s’il nous arrive d’être libre nous ne le restons pas longtemps.

Mais, si l’Etat apparait comme une condition de la liberté individuelle, ne peut-il pas aussi être un danger pour cette liberté ? Que dire d’un Etat qui aurait à sa tête un despote  gouvernant seul et exerçant un pouvoir absolu ?

Ne représenterait-il pas alors plutôt un danger pour la liberté individuelle ?

Sur cette question,  vous pouvez vous intéresser notamment à Montesquieu, qui est un philosophe français du 18e siècle. Il est notamment connu pour avoir écrit De l’esprit des lois, œuvre dans laquelle il réfléchit notamment aux raisons qui expliquent la corruption des régimes politiques c’est-à-dire par exemple comment une démocratie peut dégénérer en despotisme.

Pour Montesquieu, il n’est pas réaliste d’attendre que le souverain quel qu’il soit, soit toujours moral et toujours honnête. Les êtres humains sont ainsi fait que lorsqu’ils ont le pouvoir, il leur est difficile de rester intègre. Montesquieu développe ainsi cette idée, aujourd’hui bien connue, selon laquelle le pouvoir corrompt.

Il dit ainsi : « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser »

Alors, pour s’assurer que le souverain ne soit pas tenté d’abuser de son pouvoir, il faut mettre en place des règles qui vont limiter son pouvoir. C’est ce que Montesquieu appelle la séparation des pouvoirs. Principe qui est devenu un fondement de nos démocraties contemporaines. Selon ce principe, il est nécessaire afin que le régime ne dégénère pas en despotisme que les pouvoirs (exécutifs, législatifs et judiciaires) restent séparés, c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas être aux mains des mêmes personnes.

– Deuxième sujet : Peut-il y avoir une société sans État ?

Ou en d’autres termes, les êtres humains peuvent-ils vivre ensemble pacifiquement sans qu’un État exerce sur eux une autorité ?

Sur cette question Hobbes, philosophe anglais du 17e siècle répondra catégoriquement non. A ses yeux, en l’absence d’État, il n’y a pas de vie en société possible, mais seulement une « guerre de chacun contre chacun ».

Dans l’hypothétique état de nature, même si la majorité des hommes sont rationnels, il y a une minorité irrationnelle qui attaque les autres et va ce faisant conduire chaque individu à craindre pour sa vie et à attaquer les autres. La constitution d’un État qui assure la sécurité apparaît alors comme absolument nécessaire pour que les hommes puissent vivre ensemble et ce, même si une fois édifié, cet État peut représenter un danger pour l’individu s’il abuse de son pouvoir.

Mais cette idée que l’État serait finalement un mal nécessaire n’est-elle pas une idée défendue par la classe dominante afin de garder le contrôle sur le reste de la société ? L’anarchiste russe du 19e siècle Bakounine défend ainsi que l’État est toujours contrôlé par la classe dominante de la société qui s’en sert pour servir ses intérêts et exploiter les classes inférieures. A ses yeux, tant que l’État subsiste, ceux qui sont à sa tête abuseront du pouvoir.

Or, pour lui, l’idée qu’il doit toujours y avoir un État n’est pas vraie. Il doit y avoir un ordre et une organisation, à n’en pas douter, et c’est en ce sens que l’anarchie contrairement à ce que l’on pense souvent n’est pas le chaos. Mais, pour Bakounine, cet ordre doit être assuré à une échelle plus petite que l’État. Il propose ainsi d’organiser la société en fédération. Pour lui, chaque individu doit appartenir à une commune ou à une association et ces groupes doivent interagir entre eux et s’organiser au maximum de manière horizontal.

Troisième sujet : L’obéissance à l’État est-elle toujours une obligation ?

Ou en d’autres termes, faut-il toujours obéir à l’État et aux lois si celui ci édicte des lois injustes par exemple ? Ne peut-on pas et même ne doit on pas désobéir si la loi nous apparaît contraire au bien ?

A cela Spinoza répond qu’il faut toujours obéir à l’État car même si parfois certaines lois sont injustes, cela fait courir beaucoup trop de risques à la société et donc aux individus si chacun commence à juger du juste et de l’injuste par lui-même.

Pour justifier cette thèse Spinoza avance entre autres deux arguments :

– D’abord, l’État garantit la paix et la sécurité aux individus, ils doivent donc éviter de remettre en question les lois de l’État car c’est parce que les lois sont respectées par la majorité qu’ils sont en sécurité. Ils risquent de perdre cette sécurité en fragilisant l’État.

– Deuxième argument :  Pour Spinoza, les hommes doivent admettre qu’ils sont aussi des êtres de sentiment et qu’il y a donc très souvent des décisions qu’ils prennent poussés par des sentiments plutôt que par leur raison. Ils doivent donc s’abstenir de décider tout seul.

Spinoza dit ainsi :

« On ne saurait concevoir que chaque citoyen soit autorisé à interpréter les décisions ou lois nationales. Sinon, chacun s’érigerait ainsi en arbitre de sa propre conduite. » Spinoza, Traité politique

A cette thèse de Spinoza, on peut opposer celle de Thoreau, philosophe américain du 19e siècle qui dans « De la désobéissance civile » écrit :

« La seule obligation que j’ai le droit d’adopter c’est d’agir à tout moment selon ce qui me paraît juste » Thoreau, La désobéissance civile

Selon lui, il est légitime de commettre des actions illégales non violentes afin de protester contre une loi injuste. Il affirme la primauté de la conscience morale sur la loi de l’État c’est-à-dire que si la loi est injuste et si le citoyen juge en conscience qu’elle l’est alors il a le devoir d’y désobéir. Il est l’inventeur du concept de « désobéissance civile »: la désobéissance devient, selon lui, un devoir moral lorsque la loi est injuste ou immorale, car obéir serait une manière de cautionner cette loi. C’est ce qu’il fait notamment avec l’esclavage. Il accueille des esclaves en fuite chez lui et en aide quelques-uns alors que les autorités de son pays pourchassent les esclaves en fuite et demandent aux citoyens de les dénoncer.

Pour davantage de vidéos sur le programme vous pouvez consulter ma chaîne en cliquant ici.

Et pour apprendre à faire une dissertation ou une explication de texte, téléchargez mon ebook juste en dessous ou retrouvez des articles sur la méthode en cliquant ici.

Défi : Formuler une problématique en béton !

Aujourd’hui, je vous propose un défi : vous allez apprendre à formuler efficacement une problématique en philosophie !

Je vais d’abord vous expliquer comment faire puis, je vous proposerai de le faire et de m’envoyer votre problématique !

Tout d’abord, pourquoi est-il très important de bien formuler la problématique dans votre sujet de dissertation ?

Je dirais qu’il y a au moins trois raisons:

– D’abord, problématiser, montrer le problème c’est vraiment une des bases de la philosophie. Rappelez vous la philosophie lutte contre les réponses qui paraissent évidentes car souvent elles ne sont tout simplement pas réfléchi. Donc en montrant que la réponse à votre sujet de dissertation n’est pas évidente, vous faites déjà quelque chose de très important pour le philosophe et pour le correcteur qui lit votre copie.

– ensuite, pour réussir votre dissertation, vous devez absolument réussir la problématique car si vous avez bien montré le problème alors tout le reste va presque tout seul ! Bien formuler la problématique c’est être quasi sûr de ne pas faire de hors sujet, c’est avoir déjà un début de plan dialectique, c’est avoir déjà commencé à définir les termes !

– enfin, je peux vous dire en tant que correctrice du bac que les élèves qui réussissent à bien formuler la problématique le jour du bac sont très rares ! Donc si vous réussissez à le faire vous sortez immédiatement du lot !

Bien maintenant, je vais vous expliquer rapidement comment être sûr de bien formuler une problématique efficace qui convienne à tous les correcteurs et qui ne risque pas de vous faire faire un hors sujet.

Première chose donc : je vous déconseille absolument de tenter de reformuler le sujet. Pourquoi ? C’est vrai que cela peut être une manière de formuler la problématique, mais c’est une façon de faire très dangereuse car vous risquez de changer le sujet en le reformulant.

Le sujet est déjà une question donc si vous formulez une autre question il y a des risques que vous changiez la question. Et je peux vous dire que pour avoir fait de nombreuses fois le test avec mes élèves, il y a toujours beaucoup d’erreurs !

Donc évitez absolument car si vous changez la question vous allez tout droit vers le hors sujet et en dissertation on ne fait pas pire!

Alors comment faire pour bien formuler la problématique ?

Je vais décomposer la méthode en une série d’étapes simples.

Le but de la problématique dans l’introduction est de montrer que la réponse au sujet n’est pas évidente (que ça ne va pas de soi) et qu’il est donc justifié d’en discuter pendant tout votre devoir.

Pour montrer que la réponse n’est pas évidente ou en d’autres termes qu’elle pose problème, vous allez tout simplement montrer que l’on pourrait défendre des réponses opposées à la question qui vous est posée. Par exemple si vous avez le sujet : Le bonheur dépend-il de nous ?, vous allez chercher les deux réponses possibles.

Ici, – le bonheur dépend de nous et – le bonheur ne dépend pas de nous

Jusqu’ici très simple, mais c’est très important de le faire car certains d’entre vous dès cette étape compliquent et changent le sujet ou se trompent en faisant une double négation. (je n’ai pas le temps de développer ça ici, mais croyez moi ! faites le !)

Une fois que vous avez vos deux réponses possibles qui s’opposent c’est bien, mais pas suffisant pour montrer le problème car pour qu’il y ait vraiment un problème ou débat, il faut que ces deux réponses puissent être toutes les deux justifiées par des arguments.

Si l’une de vos deux réponses ne repose sur rien et ne peut pas être justifiée alors il n’y a pas réellement de problème.

Donc vous devez justifier vos deux réponses. Pour cela, vous allez utiliser des définitions des termes du sujet et plus précisément des définitions différentes.

En philosophie, une des choses qu’il faut absolument faire c’est définir ce dont on parle. Or, les notions du programme de philosophie sont des notions complexes qui ont toujours plusieurs sens possibles ou plusieurs conceptions possibles.

Exemple avec notre sujet : Le bonheur dépend-il de nous ?

Ici il y a une notion du programme : le bonheur

Le terme bonheur peut avoir plusieurs définitions ou conceptions

On peut le définir comme un état de satisfaction durable et global c’est la définition la plus universellement acceptée

Mais on peut aussi utiliser l’étymologie du mot pour essayer de le définir. et là on voit que étymologiquement le bon – heur c’est la bonne chance, la bonne fortune.

On pourrait encore penser à la conception du bonheur d’Epicure ou de Kant, mais nous allons faire simple pour le moment.

 (j’en profite pour vous rappeler que toutes les définitions utiles des notions du programme sont à la fin du pdf que vous avez déjà télécharger)

Donc vous avez vos deux définitions. Et là ! que vois-je ? l’une des deux définitions semble déjà justifier une des deux réponses au sujet.

Ici c’est à vous de jouer ! laquelle de ces deux définitions pourrait facilement justifier l’une des deux réponses ?

c’est ici qu’il faut faire preuve d’un peu de logique…

et oui ! si le bonheur (déf 2) c’est le bon heur donc la bonne chance, alors cela semble signifier que le bonheur ne dépend pas de nous, mais plutôt de la chance ou du hasard ! (réponse 2)

Ici la 2e définition justifie de manière évidente la réponse deux.

Ensuite, vous n’avez plus qu’à utiliser la 1er définition pour justifier la réponse 1 et le tour est joué.

Exemple : « Mais nous pourrions dire, au contraire, que le bonheur dépend bien de nous car si le bonheur est un état de satisfaction durable et global alors il semble que la seul chance ne peut pas nous permettre de rester heureux longtemps et que notre bonheur dépend plutôt de nos actions et de nos habitudes. »

 Une fois que vous avez fait cela, il ne vous reste plus qu’à rédiger votre problématique. Afin que cela soit bien claire et que l’on voit qu’il y a deux réponses qui s’opposent je vous suggère de commencer votre 1er réponse par  » A première vue » et la 2e par « Mais ».

Cela va donc donner : A première vue, on pourrait dire que le bonheur ne dépend pas de nous car si l’on se fie à l’étymologie, le bon heur c’est la bonne chance ou fortune, alors notre bonheur dépendrait plutôt de la chance. Mais nous pourrions dire au contraire que le bonheur dépend bien de nous car si le bonheur est un état de satisfaction durable et global alors il semble que la seule chance ne peut pas nous permettre de rester heureux longtemps et que notre bonheur dépend donc plutôt de nos actions et de nos habitudes.

Une fois que vous avez fait cela, si vous voulez être 100% sûr que tous les correcteurs voient que vous avez fait une problématique, vous pouvez reformuler l’opposition que vous venez déjà de développer sous la forme d’une question que vous ajoutez à la suite.

Par exemple, Nous allons donc nous poser la question suivante : « Peut-on alors dire que le bonheur ne dépendrait pas de nous dans la mesure où il dépendrait plutôt de la chance ou bien peut-on défendre que le bonheur dépend bien de nous car nous pouvons le provoquer par nos actions et nos habitudes ? »

Vous voyez que j’ai simplement formulé la même opposition mais sous forme de question. De cette manière il y a bien une question, mais comme c’est une synthèse de l’opposition que vous avez formulé juste avant, vous ne risquez pas le hors sujet !

((Cette dernière étape n’est pas réellement nécessaire selon moi, si vous avez bien fait les deux moments (A première vue/Mais), alors il faut être aveugle pour ne pas voir que vous avez fait une problématique. ))

Et voilà, vous venez de formuler une problématique béton !

Donc si je récapitule voici la recette à suivre pour une bonne problématique :

Recette :

– Identifier les deux réponses possibles et les écrire.

– Justifier ces deux réponses en utilisant des définitions différentes des termes du sujet

– Choisir la réponse qui vous paraît la plus évidente ou naïve et la mettre au début en commençant par « A première vue ».

– Puis, mettre la 2e réponse possible en commençant votre phrase par « Mais » pour montrer que cette 2e phrase s’oppose bien à la première.

– (facultatif) Finir en reformulant l’opposition en une question de manière synthétique.

voilà, maintenant c’est à vous ! Je vous propose d’appliquer tout de suite cette recette sur le sujet : « Le désir est-il un obstacle au bonheur ? »

Comme je suis sympa, je vous donne quelques définitions des termes.

Définition classique : Le bonheur c’est un  état de satisfaction durable et global.

Définition hédoniste : Le bonheurc’est désirer toujours davantage et remplir sa vie de plaisirs.

Le désir comme manque : C’est la représentation d’une chose que nous n’avons pas encore mais qui nous semble source de satisfaction. Tant que nous ne l’avons pas nous en manquons. (Conception de Socrate)

Le désir comme force vitale : Le désir est une force vitale qui nous pousse à nous améliorer et à étendre nos compétences. (Conception de Bergson)

Attention, vous n’êtes pas obligés du tout de les utiliser toutes et certaines sont plus utiles que d’autres pour justifier les réponses.

Par ailleurs, petite précision, j’ai précisé des noms d’auteurs, mais vous ne devez pas parler des auteurs dans votre problématique. Vous pouvez utiliser leur définition ou conception sans les nommer.

Vous parlerez des auteurs ensuite dans le développement.

A vous de jouer !  j’attends que vous m’envoyez vos propositions de problématiques pour que je puisse vous donner des conseils.

Ecrivez moi à cette adresse : caroline.vincent@apprendrelaphilosophie.com

A très vite !

Fiche sur la liberté

Fiche de synthèse sur la liberté en philosophie

Cette fiche est construite pour vous donner les principales définitions à retenir pour bien analyser les sujets et comprendre les textes.

Les thèses et auteurs centraux sur cette notion sont présentés de manière à ce que vous compreniez rapidement les grandes oppositions classiques. L’objectif est de vous donner des repères et de vous aider à construire la problématique.