Aujourd’hui, je vous propose un défi : vous allez apprendre à formuler efficacement une problématique en philosophie !
Je vais d’abord vous expliquer comment faire puis, je vous proposerai de le faire et de m’envoyer votre problématique !
Tout d’abord, pourquoi est-il très important de bien formuler la problématique dans votre sujet de dissertation ?
Je dirais qu’il y a au moins trois raisons:
– D’abord, problématiser, montrer le problème c’est vraiment une des bases de la philosophie. Rappelez vous la philosophie lutte contre les réponses qui paraissent évidentes car souvent elles ne sont tout simplement pas réfléchi. Donc en montrant que la réponse à votre sujet de dissertation n’est pas évidente, vous faites déjà quelque chose de très important pour le philosophe et pour le correcteur qui lit votre copie.
– ensuite, pour réussir votre dissertation, vous devez absolument réussir la problématique car si vous avez bien montré le problème alors tout le reste va presque tout seul ! Bien formuler la problématique c’est être quasi sûr de ne pas faire de hors sujet, c’est avoir déjà un début de plan dialectique, c’est avoir déjà commencé à définir les termes !
– enfin, je peux vous dire en tant que correctrice du bac que les élèves qui réussissent à bien formuler la problématique le jour du bac sont très rares ! Donc si vous réussissez à le faire vous sortez immédiatement du lot !
Bien maintenant, je vais vous expliquer rapidement comment être sûr de bien formuler une problématique efficace qui convienne à tous les correcteurs et qui ne risque pas de vous faire faire un hors sujet.
Première chose donc : je vous déconseille absolument de tenter de reformuler le sujet. Pourquoi ? C’est vrai que cela peut être une manière de formuler la problématique, mais c’est une façon de faire très dangereuse car vous risquez de changer le sujet en le reformulant.
Le sujet est déjà une question donc si vous formulez une autre question il y a des risques que vous changiez la question. Et je peux vous dire que pour avoir fait de nombreuses fois le test avec mes élèves, il y a toujours beaucoup d’erreurs !
Donc évitez absolument car si vous changez la question vous allez tout droit vers le hors sujet et en dissertation on ne fait pas pire!
Alors comment faire pour bien formuler la problématique ?
Je vais décomposer la méthode en une série d’étapes simples.
Le but de la problématique dans l’introduction est de montrer que la réponse au sujet n’est pas évidente (que ça ne va pas de soi) et qu’il est donc justifié d’en discuter pendant tout votre devoir.
Pour montrer que la réponse n’est pas évidente ou en d’autres termes qu’elle pose problème, vous allez tout simplement montrer que l’on pourrait défendre des réponses opposées à la question qui vous est posée. Par exemple si vous avez le sujet : Le bonheur dépend-il de nous ?, vous allez chercher les deux réponses possibles.
Ici, – le bonheur dépend de nous et – le bonheur ne dépend pas de nous
Jusqu’ici très simple, mais c’est très important de le faire car certains d’entre vous dès cette étape compliquent et changent le sujet ou se trompent en faisant une double négation. (je n’ai pas le temps de développer ça ici, mais croyez moi ! faites le !)
Une fois que vous avez vos deux réponses possibles qui s’opposent c’est bien, mais pas suffisant pour montrer le problème car pour qu’il y ait vraiment un problème ou débat, il faut que ces deux réponses puissent être toutes les deux justifiées par des arguments.
Si l’une de vos deux réponses ne repose sur rien et ne peut pas être justifiée alors il n’y a pas réellement de problème.
Donc vous devez justifier vos deux réponses. Pour cela, vous allez utiliser des définitions des termes du sujet et plus précisément des définitions différentes.
En philosophie, une des choses qu’il faut absolument faire c’est définir ce dont on parle. Or, les notions du programme de philosophie sont des notions complexes qui ont toujours plusieurs sens possibles ou plusieurs conceptions possibles.
Exemple avec notre sujet : Le bonheur dépend-il de nous ?
Ici il y a une notion du programme : le bonheur
Le terme bonheur peut avoir plusieurs définitions ou conceptions
On peut le définir comme un état de satisfaction durable et global c’est la définition la plus universellement acceptée
Mais on peut aussi utiliser l’étymologie du mot pour essayer de le définir. et là on voit que étymologiquement le bon – heur c’est la bonne chance, la bonne fortune.
On pourrait encore penser à la conception du bonheur d’Epicure ou de Kant, mais nous allons faire simple pour le moment.
(j’en profite pour vous rappeler que toutes les définitions utiles des notions du programme sont à la fin du pdf que vous avez déjà télécharger)
Donc vous avez vos deux définitions. Et là ! que vois-je ? l’une des deux définitions semble déjà justifier une des deux réponses au sujet.
Ici c’est à vous de jouer ! laquelle de ces deux définitions pourrait facilement justifier l’une des deux réponses ?
c’est ici qu’il faut faire preuve d’un peu de logique…
et oui ! si le bonheur (déf 2) c’est le bon heur donc la bonne chance, alors cela semble signifier que le bonheur ne dépend pas de nous, mais plutôt de la chance ou du hasard ! (réponse 2)
Ici la 2e définition justifie de manière évidente la réponse deux.
Ensuite, vous n’avez plus qu’à utiliser la 1er définition pour justifier la réponse 1 et le tour est joué.
Exemple : « Mais nous pourrions dire, au contraire, que le bonheur dépend bien de nous car si le bonheur est un état de satisfaction durable et global alors il semble que la seul chance ne peut pas nous permettre de rester heureux longtemps et que notre bonheur dépend plutôt de nos actions et de nos habitudes. »
Une fois que vous avez fait cela, il ne vous reste plus qu’à rédiger votre problématique. Afin que cela soit bien claire et que l’on voit qu’il y a deux réponses qui s’opposent je vous suggère de commencer votre 1er réponse par » A première vue » et la 2e par « Mais ».
Cela va donc donner : A première vue, on pourrait dire que le bonheur ne dépend pas de nous car si l’on se fie à l’étymologie, le bon heur c’est la bonne chance ou fortune, alors notre bonheur dépendrait plutôt de la chance. Mais nous pourrions dire au contraire que le bonheur dépend bien de nous car si le bonheur est un état de satisfaction durable et global alors il semble que la seule chance ne peut pas nous permettre de rester heureux longtemps et que notre bonheur dépend donc plutôt de nos actions et de nos habitudes.
Une fois que vous avez fait cela, si vous voulez être 100% sûr que tous les correcteurs voient que vous avez fait une problématique, vous pouvez reformuler l’opposition que vous venez déjà de développer sous la forme d’une question que vous ajoutez à la suite.
Par exemple, Nous allons donc nous poser la question suivante : « Peut-on alors dire que le bonheur ne dépendrait pas de nous dans la mesure où il dépendrait plutôt de la chance ou bien peut-on défendre que le bonheur dépend bien de nous car nous pouvons le provoquer par nos actions et nos habitudes ? »
Vous voyez que j’ai simplement formulé la même opposition mais sous forme de question. De cette manière il y a bien une question, mais comme c’est une synthèse de l’opposition que vous avez formulé juste avant, vous ne risquez pas le hors sujet !
((Cette dernière étape n’est pas réellement nécessaire selon moi, si vous avez bien fait les deux moments (A première vue/Mais), alors il faut être aveugle pour ne pas voir que vous avez fait une problématique. ))
Et voilà, vous venez de formuler une problématique béton !
Donc si je récapitule voici la recette à suivre pour une bonne problématique :
Recette :
– Identifier les deux réponses possibles et les écrire.
– Justifier ces deux réponses en utilisant des définitions différentes des termes du sujet
– Choisir la réponse qui vous paraît la plus évidente ou naïve et la mettre au début en commençant par « A première vue ».
– Puis, mettre la 2e réponse possible en commençant votre phrase par « Mais » pour montrer que cette 2e phrase s’oppose bien à la première.
– (facultatif) Finir en reformulant l’opposition en une question de manière synthétique.
voilà, maintenant c’est à vous ! Je vous propose d’appliquer tout de suite cette recette sur le sujet : « Le désir est-il un obstacle au bonheur ? »
Comme je suis sympa, je vous donne quelques définitions des termes.
Définition classique : Le bonheur c’est un état de satisfaction durable et global.
Définition hédoniste : Le bonheurc’est désirer toujours davantage et remplir sa vie de plaisirs.
Le désir comme manque : C’est la représentation d’une chose que nous n’avons pas encore mais qui nous semble source de satisfaction. Tant que nous ne l’avons pas nous en manquons. (Conception de Socrate)
Le désir comme force vitale : Le désir est une force vitale qui nous pousse à nous améliorer et à étendre nos compétences. (Conception de Bergson)
Attention, vous n’êtes pas obligés du tout de les utiliser toutes et certaines sont plus utiles que d’autres pour justifier les réponses.
Par ailleurs, petite précision, j’ai précisé des noms d’auteurs, mais vous ne devez pas parler des auteurs dans votre problématique. Vous pouvez utiliser leur définition ou conception sans les nommer.
Vous parlerez des auteurs ensuite dans le développement.
A vous de jouer ! j’attends que vous m’envoyez vos propositions de problématiques pour que je puisse vous donner des conseils.
Ecrivez moi à cette adresse : caroline.vincent@apprendrelaphilosophie.com
A très vite !