Arthur Schopenhauer a une vision plutôt pessimiste sur le bonheur. A ses yeux, nous ne sommes pas fait pour ressentir le bonheur. Il explique cela par la nature de notre physiologie. Selon lui, nous ressentons beaucoup plus la douleur que l’absence de douleur. Or, pour lui, le bonheur est plutôt une absence de douleur ou une absence d’inquiétude. De ce fait, nous avons tendance à ne pas ressentir et prêter attention à cette absence. En revanche, lorsque nous commençons à souffrir, là nous nous rendons compte que nous étions heureux avant, c’est-à-dire que nous prenons conscience de notre bonheur quand nous l’avons perdu, selon lui.
Pour autant, Arthur Schopenhauer ne renonce pas totalement au bonheur, il ne cherche pas un bonheur absolu et chimérique, mais il considère que si la vie est faite de souffrances et de frustrations, le but du sage est de gérer sa vie au mieux afin d’éviter les souffrances inutiles.
Texte d’Arthur Schopenhauer :
Que notre vie était heureuse, c’est ce dont nous ne nous apercevons qu’au moment où ces jours heureux ont fait place à des jours malheureux. Autant les jouissances augmentent, autant diminue l’aptitude à les goûter : le plaisir devenu habitude n’est plus éprouvé comme tel. Mais par là même grandit la faculté de ressentir la souffrance ; car la disparition d’un plaisir habituel cause une impression douloureuse. Ainsi la possession accroit la mesure de nos besoins, et du même coup la capacité de ressentir la douleur. – Le cours des heures est d’autant plus rapide qu’elles sont agréables, d’autant plus lent qu’elles sont plus pénibles ; car le chagrin, et non le plaisir, est l’élément positif, dont la présence se fait remarquer. De même nous avons conscience du temps dans les moments d’ennui, non dans les instants agréables. Ces deux faits prouvent que la partie la plus heureuse de notre existence est celle où nous la sentons le moins.
SCHOPENHAUER