Défi : Formuler une problématique en béton !

Aujourd’hui, je vous propose un défi : vous allez apprendre à formuler efficacement une problématique en philosophie !

Je vais d’abord vous expliquer comment faire puis, je vous proposerai de le faire et de m’envoyer votre problématique !

Tout d’abord, pourquoi est-il très important de bien formuler la problématique dans votre sujet de dissertation ?

Je dirais qu’il y a au moins trois raisons:

– D’abord, problématiser, montrer le problème c’est vraiment une des bases de la philosophie. Rappelez vous la philosophie lutte contre les réponses qui paraissent évidentes car souvent elles ne sont tout simplement pas réfléchi. Donc en montrant que la réponse à votre sujet de dissertation n’est pas évidente, vous faites déjà quelque chose de très important pour le philosophe et pour le correcteur qui lit votre copie.

– ensuite, pour réussir votre dissertation, vous devez absolument réussir la problématique car si vous avez bien montré le problème alors tout le reste va presque tout seul ! Bien formuler la problématique c’est être quasi sûr de ne pas faire de hors sujet, c’est avoir déjà un début de plan dialectique, c’est avoir déjà commencé à définir les termes !

– enfin, je peux vous dire en tant que correctrice du bac que les élèves qui réussissent à bien formuler la problématique le jour du bac sont très rares ! Donc si vous réussissez à le faire vous sortez immédiatement du lot !

Bien maintenant, je vais vous expliquer rapidement comment être sûr de bien formuler une problématique efficace qui convienne à tous les correcteurs et qui ne risque pas de vous faire faire un hors sujet.

Première chose donc : je vous déconseille absolument de tenter de reformuler le sujet. Pourquoi ? C’est vrai que cela peut être une manière de formuler la problématique, mais c’est une façon de faire très dangereuse car vous risquez de changer le sujet en le reformulant.

Le sujet est déjà une question donc si vous formulez une autre question il y a des risques que vous changiez la question. Et je peux vous dire que pour avoir fait de nombreuses fois le test avec mes élèves, il y a toujours beaucoup d’erreurs !

Donc évitez absolument car si vous changez la question vous allez tout droit vers le hors sujet et en dissertation on ne fait pas pire!

Alors comment faire pour bien formuler la problématique ?

Je vais décomposer la méthode en une série d’étapes simples.

Le but de la problématique dans l’introduction est de montrer que la réponse au sujet n’est pas évidente (que ça ne va pas de soi) et qu’il est donc justifié d’en discuter pendant tout votre devoir.

Pour montrer que la réponse n’est pas évidente ou en d’autres termes qu’elle pose problème, vous allez tout simplement montrer que l’on pourrait défendre des réponses opposées à la question qui vous est posée. Par exemple si vous avez le sujet : Le bonheur dépend-il de nous ?, vous allez chercher les deux réponses possibles.

Ici, – le bonheur dépend de nous et – le bonheur ne dépend pas de nous

Jusqu’ici très simple, mais c’est très important de le faire car certains d’entre vous dès cette étape compliquent et changent le sujet ou se trompent en faisant une double négation. (je n’ai pas le temps de développer ça ici, mais croyez moi ! faites le !)

Une fois que vous avez vos deux réponses possibles qui s’opposent c’est bien, mais pas suffisant pour montrer le problème car pour qu’il y ait vraiment un problème ou débat, il faut que ces deux réponses puissent être toutes les deux justifiées par des arguments.

Si l’une de vos deux réponses ne repose sur rien et ne peut pas être justifiée alors il n’y a pas réellement de problème.

Donc vous devez justifier vos deux réponses. Pour cela, vous allez utiliser des définitions des termes du sujet et plus précisément des définitions différentes.

En philosophie, une des choses qu’il faut absolument faire c’est définir ce dont on parle. Or, les notions du programme de philosophie sont des notions complexes qui ont toujours plusieurs sens possibles ou plusieurs conceptions possibles.

Exemple avec notre sujet : Le bonheur dépend-il de nous ?

Ici il y a une notion du programme : le bonheur

Le terme bonheur peut avoir plusieurs définitions ou conceptions

On peut le définir comme un état de satisfaction durable et global c’est la définition la plus universellement acceptée

Mais on peut aussi utiliser l’étymologie du mot pour essayer de le définir. et là on voit que étymologiquement le bon – heur c’est la bonne chance, la bonne fortune.

On pourrait encore penser à la conception du bonheur d’Epicure ou de Kant, mais nous allons faire simple pour le moment.

 (j’en profite pour vous rappeler que toutes les définitions utiles des notions du programme sont à la fin du pdf que vous avez déjà télécharger)

Donc vous avez vos deux définitions. Et là ! que vois-je ? l’une des deux définitions semble déjà justifier une des deux réponses au sujet.

Ici c’est à vous de jouer ! laquelle de ces deux définitions pourrait facilement justifier l’une des deux réponses ?

c’est ici qu’il faut faire preuve d’un peu de logique…

et oui ! si le bonheur (déf 2) c’est le bon heur donc la bonne chance, alors cela semble signifier que le bonheur ne dépend pas de nous, mais plutôt de la chance ou du hasard ! (réponse 2)

Ici la 2e définition justifie de manière évidente la réponse deux.

Ensuite, vous n’avez plus qu’à utiliser la 1er définition pour justifier la réponse 1 et le tour est joué.

Exemple : « Mais nous pourrions dire, au contraire, que le bonheur dépend bien de nous car si le bonheur est un état de satisfaction durable et global alors il semble que la seul chance ne peut pas nous permettre de rester heureux longtemps et que notre bonheur dépend plutôt de nos actions et de nos habitudes. »

 Une fois que vous avez fait cela, il ne vous reste plus qu’à rédiger votre problématique. Afin que cela soit bien claire et que l’on voit qu’il y a deux réponses qui s’opposent je vous suggère de commencer votre 1er réponse par  » A première vue » et la 2e par « Mais ».

Cela va donc donner : A première vue, on pourrait dire que le bonheur ne dépend pas de nous car si l’on se fie à l’étymologie, le bon heur c’est la bonne chance ou fortune, alors notre bonheur dépendrait plutôt de la chance. Mais nous pourrions dire au contraire que le bonheur dépend bien de nous car si le bonheur est un état de satisfaction durable et global alors il semble que la seule chance ne peut pas nous permettre de rester heureux longtemps et que notre bonheur dépend donc plutôt de nos actions et de nos habitudes.

Une fois que vous avez fait cela, si vous voulez être 100% sûr que tous les correcteurs voient que vous avez fait une problématique, vous pouvez reformuler l’opposition que vous venez déjà de développer sous la forme d’une question que vous ajoutez à la suite.

Par exemple, Nous allons donc nous poser la question suivante : « Peut-on alors dire que le bonheur ne dépendrait pas de nous dans la mesure où il dépendrait plutôt de la chance ou bien peut-on défendre que le bonheur dépend bien de nous car nous pouvons le provoquer par nos actions et nos habitudes ? »

Vous voyez que j’ai simplement formulé la même opposition mais sous forme de question. De cette manière il y a bien une question, mais comme c’est une synthèse de l’opposition que vous avez formulé juste avant, vous ne risquez pas le hors sujet !

((Cette dernière étape n’est pas réellement nécessaire selon moi, si vous avez bien fait les deux moments (A première vue/Mais), alors il faut être aveugle pour ne pas voir que vous avez fait une problématique. ))

Et voilà, vous venez de formuler une problématique béton !

Donc si je récapitule voici la recette à suivre pour une bonne problématique :

Recette :

– Identifier les deux réponses possibles et les écrire.

– Justifier ces deux réponses en utilisant des définitions différentes des termes du sujet

– Choisir la réponse qui vous paraît la plus évidente ou naïve et la mettre au début en commençant par « A première vue ».

– Puis, mettre la 2e réponse possible en commençant votre phrase par « Mais » pour montrer que cette 2e phrase s’oppose bien à la première.

– (facultatif) Finir en reformulant l’opposition en une question de manière synthétique.

voilà, maintenant c’est à vous ! Je vous propose d’appliquer tout de suite cette recette sur le sujet : « Le désir est-il un obstacle au bonheur ? »

Comme je suis sympa, je vous donne quelques définitions des termes.

Définition classique : Le bonheur c’est un  état de satisfaction durable et global.

Définition hédoniste : Le bonheurc’est désirer toujours davantage et remplir sa vie de plaisirs.

Le désir comme manque : C’est la représentation d’une chose que nous n’avons pas encore mais qui nous semble source de satisfaction. Tant que nous ne l’avons pas nous en manquons. (Conception de Socrate)

Le désir comme force vitale : Le désir est une force vitale qui nous pousse à nous améliorer et à étendre nos compétences. (Conception de Bergson)

Attention, vous n’êtes pas obligés du tout de les utiliser toutes et certaines sont plus utiles que d’autres pour justifier les réponses.

Par ailleurs, petite précision, j’ai précisé des noms d’auteurs, mais vous ne devez pas parler des auteurs dans votre problématique. Vous pouvez utiliser leur définition ou conception sans les nommer.

Vous parlerez des auteurs ensuite dans le développement.

A vous de jouer !  j’attends que vous m’envoyez vos propositions de problématiques pour que je puisse vous donner des conseils.

Ecrivez moi à cette adresse : caroline.vincent@apprendrelaphilosophie.com

A très vite !

erreurs en philosophie

3 erreurs à éviter en philosophie

Bonjour à toutes et tous, aujourd’hui, je vais vous parler des 3 erreurs qui empêchent beaucoup d’élèves de réussir en philosophie !

Je crois sincèrement que si vous apprenez à ne plus faire ces erreurs, vous pouvez déjà beaucoup vous améliorer et je vous réserve une surprise à la fin de cette vidéo.

1er erreur qui empêche beaucoup d’élèves de progresser :

– Croire qu’il n’existe pas de méthode claire qui convienne pour tous les sujets et soit acceptée par tous les correcteurs.

C’est un erreur importante car si vous pensez cela alors vous êtes constamment en train d’hésiter, de douter de votre méthode, vous ne l’appliquez pas complètement ou vous en changez régulièrement et finalement vous ne savez plus du tout ce qu’il faut faire ! Vous finissez complètement découragé en ayant le sentiment que vous ne pouvez pas progresser.

Il est donc très important d’avoir une méthode claire et de la suivre jusqu’au bout ! A la limite, peu importe la méthode, le plus important c’est d’en choisir une et de l’appliquer jusqu’au bout.

Évidemment, si elle est facile à appliquer c’est encore mieux !

Sur mon blog et dans ma formation, je vous enseigne une méthode pas à pas qui marche sur tous les sujets et que j’ai conçue spécifiquement pour qu’elle convienne à tous les correcteurs. Vous avez sans doute remarqué qu’il y a souvent des désaccords entre les enseignants et pourtant, quand on connait ces désaccords, on remarque qu’il y a aussi des points qui mettent tout le monde d’accord. C’est en partant de ces points que j’ai construit ma méthode.

2e erreur fréquente :

– croire que la philosophie ça n’est pas « pour moi » et  de toute façon c’est trop difficile.

En effet, beaucoup d’élèves commencent la philosophie avec un boulet au pied, parce qu’ils croient avant même d’avoir essayé que la philosophie c’est nécessairement très difficile et donc pas pour eux. Si  c’est votre cas, ne vous inquiétez pas, vous êtes nombreux à avoir cette idée car la philosophie a effectivement cette réputation !

Il y a de nombreuses raisons à cela et parmi ces raisons il y a sans doute que c’est une discipline que l’on enseigne qu’en terminale. Et ce statut fait un peu peur, si ça n’est que pour les terminales ça doit être parce que c’est dur !!

Mais, en réalité, si elle est enseignée correctement, la philosophie est très accessible !

Si vous apprenez votre cours et que vous suivez la méthode, vous allez y arriver !

Je ne compte plus les exemples d’élèves qui partaient avec ces préjugés et qui finalement ont bien réussi !

3e erreur :

– croire qu’il faut apprendre une énorme quantité de connaissances pour réussir en philosophie.

Cette erreur bloque beaucoup d’élèves car soit ils n’ont pas de cours clairs ou pas de cours du tout et ils partent donc du principe qu’ils ne peuvent pas réussir, soit ils ne voient pas clairement ce qui dans leur cours est important ou ne l’est pas et donc ils se sentent complètement submergés. Ils essaient de tout retenir mais souvent n’y parviennent pas et se sentent découragés !

De plus, s’ils y arrivent, ils seront souvent déçus par leur note car, attention, le plus important pour réussir en philosophie, ça n’est pas d’avoir appris tout votre cours, c’est la méthode ! Vous pouvez avoir beaucoup de connaissance, si vous analysez mal le sujet et ne faites pas de problématique, votre devoir sera hors sujet !

Ceci est plutôt une bonne nouvelle car apprendre à bien maîtriser une méthode va vous prendre beaucoup moins de temps que d’essayer d’apprendre toute l’histoire de la philosophie en un an.

Attention, pour autant je ne suis pas en train de vous dire qu’il ne faut pas avoir de connaissances et maîtriser des philosophes ! Il faut mais vous pouvez très bien réussir en apprenant seulement quelques auteurs et quelques thèses centrales par notion.

Pour ce qui est des connaissances, si vous n’avez pas de cours un bon abrégé peut faire l’affaire et/ou dans ma formation j’ai rédigé des fiches synthétiques sur chaque notion du programme dans lesquelles vous retrouverez les auteurs et thèses centrales à connaître !

Si vous voulez voir à quoi cela ressemble vous pouvez télécharger la fiche sur la notion de liberté ci-dessous.

Sur ce, je vous souhaite une excellente journée et restez à l’écoute dans les prochains jours, je vais vous proposer de dépasser vos blocages en formulant avec moi une problématique de dissertation en béton !

Exemples d'introduction philosophique

Exemples d’introduction de dissertation en philosophie

Afin que vous compreniez mieux comment réaliser une bonne introduction de dissertation, je vous montre ici plusieurs exemples d’introduction de dissertation en philosophie sur des sujets différents, vous pouvez voir la méthode en VIDEO ici. Pour davantage d’information sur la méthode à suivre vous pouvez regarder cet article sur la manière de réussir son accroche, et ces deux autres articles sur la problématique et la méthode de l’introduction de manière plus générale.

Je vous rappelle que votre introduction de dissertation en philosophie doit comporter une accroche, un rappel du sujet, une problématique comprenant une définition des termes du sujet et une annonce de plan.

Pour plus de clarté, je précise à chaque fois entre parenthèses à quel élément de la méthode les différents passages de l’introduction correspondent. Par ailleurs, vous trouverez dans le sujet 1, un exemple d’accroche utilisant un exemple, et dans les sujets 2 et 3, des exemples d’accroches utilisant plutôt des citations.

Sujet 1 : Introduction philosophique : Avons-nous le devoir de faire le bonheur des autres ?

Dans le film « Into the Wild », le héro Christopher, s’enfuit pour partir vivre seule dans la nature. Il essaie, ainsi, d’échapper à l’influence de ses parents qui veulent pourtant son bonheur. Christopher rejette le mode de vie de ses parents, et pense, au contraire, être heureux en se détachant des choses matériels et en s’éloignant de la société. Ce faisant, on peut en déduire qu’il est souvent difficile de savoir ce qui rendra heureux un individu. Or, si nous ne savons pas réellement ce qui les rendra heureux, comment pourrait-on avoir le devoir de faire le bonheur des autres ? Et pourtant n’avons nous pas l’obligation, de leur donner au moins le minimum pour être heureux ? (Accroche qui montre le problème c’est-à-dire que la réponse au sujet n’est pas évidente). Avons-nous alors le devoir de faire le bonheur des autres ? (Rappel du sujet). A première vue, nous pourrions penser que nous avons effectivement le devoir de faire le bonheur des autres, car ce serait une obligation morale d’agir de manière à aider les autres à atteindre un état de satisfaction durable et global. En effet, rendre les autres heureux semble être une bonne chose et quelque chose que l’on peut rationnellement souhaiter. (Première réponse au sujet) Mais, n’est-ce alors pas vouloir imposer aux autres une certaine manière d’être heureux ? En prétendant faire le bonheur des autres, ne risque-t-on pas, au contraire, de faire son malheur ? Dans ce sens, dire que nous avons l’obligation de rendre les autres heureux pourrait être difficile à défendre car comment avoir le devoir de rendre les autres heureux si nous ne pouvons savoir ce qui les rendra effectivement tel ? (Deuxième réponse qui montre que la réponse au sujet n’est pas évidente). Dans un premier temps, nous verrons

🚀🚀🚀 Pour plus de conseils de méthode et des fiches sur les grandes notions suivez-moi sur Instagram ici.

Sujet 2 : Prendre son temps, est-ce le perdre ?

« Nous n’avons pas reçu une vie brève, nous l’avons faite telle ». Sénèque dans De la Brièveté de la vie, remarque ainsi que les hommes qui se plaignent d’avoir une vie courte sont, en réalité, responsables de cela, car ce sont eux qui en perdant leur temps la rendent courte. Pourtant, si les hommes perdent leur temps selon lui, ça n’est pas parce qu’ils prendraient trop leur temps, mais parce qu’ils ne réfléchissent pas à la meilleur manière d’user de ce temps. Ils peuvent très bien s’agiter sans cesse et être fort occupés tout en perdant leur temps car ils ne l’utilisent à rien de significatif. (Accroche) Alors, prendre son temps, est-ce le perdre ? (Rappel du sujet) A première vue, si par prendre son temps, on entend faire les choses avec lenteur, alors prendre son temps, cela pourrait signifier le perdre car c’est oublier alors que nous sommes des êtres mortels et que notre temps est limité. Le temps est une chose trop précieuse pour que l’on n’y fasse pas attention. Celui qui est lent perd alors son temps. (Première réponse un peu naïve qui repose sur une première définition de prendre son temps – première partie de la problématique) Mais, ne pourrait-on, au contraire, défendre l’idée que prendre son temps c’est au contraire bien en user ? Est-ce nécessairement parce que l’on agit vite et que l’on fait beaucoup de choses dans sa journée que l’on utilise bien son temps ? Nous pourrions, au contraire, remarquer que si nous occupons nos journées à des actions sans réel but alors nous perdons tout autant notre temps. Prendre son temps cela pourrait donc être, prendre possession de son temps en sachant précisément à quoi on l’utilise et pourquoi. (Deuxième réponse qui repose sur une deuxième signification possible de « prendre son temps » et montre que la réponse au sujet n’est pas évidentedeuxième partie de la problématique). Dans un premier temps, nous verrons que prendre son temps cela peut signifier le perdre, si nous sommes inconscients du caractère précieux du temps. Puis nous nous demanderons dans quelle mesure néanmoins prendre son temps et l’utiliser de manière réfléchie, ça n’est pas, au contraire, bien user de son temps. Enfin, nous envisagerons que quelque soit notre façon de vivre, il est inéluctable de perdre son temps dans la mesure où le temps est quelque chose qui nous échappe fondamentalement. (Annonce du plan)

Sujet 3 : Faut-il craindre la mort ?

« Il faut donc être sot pour dire avoir peur de la mort, non pas parce qu’elle serait un événement pénible, mais parce qu’on tremble en l’attendant. » Selon Epicure dans la Lettre à Ménécée, il n’est pas raisonnable de craindre la mort, car il définit la mort comme « absence de sensation ». De ce fait, la mort ne nous fait pas souffrir puisqu’elle est absence de sensation, en revanche si nous craignons la mort de notre vivant, alors nous souffrons par avance inutilement. Nous pourrions pourtant remarquer que si la mort ne fait pas souffrir, le fait de mourir peut être douloureux. (Accroche qui montre que le sujet pose un problème) Faut-il alors craindre la mort ? (Rappel du sujet) A première vue, craindre la mort pourrait être utile pour nous car la crainte de la mort peut nous pousser à être plus prudent. Il faudrait alors craindre un minimum la mort pour espérer rester en vie. (Première réponse un peu naïve au sujet). Mais, ne pourrait-on dire, au contraire, qu’il ne faut pas craindre la mort ? En effet, il semble que cela n’a pas réellement de sens et d’utilité de craindre quelque chose qui arrivera de toute façon et de se gâcher la vie à l’anticiper. (Deuxième réponse qui montre que la réponse n’est pas évidente et pose donc un problème) Nous allons donc nous demander s’il faut craindre la mort. Dans un premier temps nous verrons qu’il ne faut pas craindre la mort car elle n’est pas un malheur. Puis, nous verrons qu’il y a néanmoins des avantages à craindre la mort. Enfin, nous nous demanderons si craindre la mort n’est pas un non sens car cela nous empêche de bien vivre. (Annonce du plan)

J’espère que ces différents exemples d’introduction de dissertation en philosophie, vous auront aidé à comprendre ce que doit être une introduction de dissertation en philosophie.

▶️ Si vous voulez aller plus loin vous pouvez également regarder cet exemple d’introduction de dissertation en vidéo :

Réussir son introduction en philosophie

Comment réussir son introduction de dissertation en philosophie ?

L’introduction de dissertation en philosophie est un élément très important. D’une part, car c’est de votre introduction que va découler la pertinence de votre plan, d’autre part, car vous devez y réussir deux des trois opérations que tout bon apprenti philosophe doit maitriser : la conceptualisation et la problématisation.

Tout d’abord, il vous faudra faire une accroche.

Vous avez deux possibilités pour l’accroche de l’introduction en philosophie. Soit vous avez une citation qui colle bien au sujet. Attention, il n’est pas utile et même contre productif de mettre une citation qui ne colle pas au sujet ou pas directement à ce sujet. Soit vous prenez un exemple concret, politique, juridique, littéraire ou même du quotidien, qui vous permet d’introduire le problème du sujet. Le but est de montrer d’emblée que le sujet pose une question intéressante à propos de laquelle on va effectivement devoir débattre. Il faut donc que votre exemple montre le plus possible que la réponse au sujet n’est pas évidente et que nous allons pouvoir opposer des arguments sur cette question. Pour aller plus loin sur la réalisation de l’accroche, je vous conseille cet article :

Ensuite, grâce à l’accroche, vous avez justifié la pertinence du sujet en montrant qu’il faisait effectivement débat, c’est donc le moment de rappeler le sujet. Vous pouvez le répéter tout simplement sans chercher à le reformuler. Reformuler le sujet peut être un exercice intéressant, néanmoins il est aussi hautement risqué car vous risquez ainsi de mal le reformuler et donc de le changer ou de le réduire ce qui vous conduira au hors sujet ou à un traitement seulement partiel du sujet. Je vous conseille donc de ne pas vous y essayer au moins dans un premier temps.

Une fois que vous avez fait l’accroche et répété le sujet les choses sérieuses commencent. Il faut rédiger la problématique tout en conceptualisant c’est-à-dire en définissant les termes du sujet.

Rédiger une problématique dans l’introduction de dissertation en philosophie

Le but de la problématique en philosophie est de montrer que le sujet qui est donné fait effectivement débat et que cela va donc justifier d’en débattre pendant tout votre devoir. Il s’agit donc de montrer que des thèses (réponses au sujet argumentées) vont s’opposer sur ce sujet. Pour ce faire, vous ne devez pas simplement formuler une question comme cela peut être le cas dans une dissertation d’histoire ou de littérature, car le sujet est déjà une question en philosophie. Je vous conseille donc de commencer par formuler une première réponse au sujet qui peut correspondre à l’opinion commune (réponse que la majorité ferait a priori sans y avoir réfléchi beaucoup).

Exemple sur le sujet  » Etre libre, est-ce faire ce que l’on désire ? » :

A première vue, il semble qu’être libre c’est bien faire ce que l’on désire car si être libre c’est avoir la possibilité de faire ce que je veux quand je le veux (première définition de liberté) alors il semble que quand je fais ce que j’imagine être bon pour moi (première définition de désir), je suis libre.

En faisant cela, vous avez formulé une première réponse au sujet tout en commençant à définir les termes du sujet. Vous avez alors réalisé la première partie de la problématique. A présent pour qu’il y ait vraiment problème ou débat, il faut formuler une objection ou thèse adverse. La suite de la problématique peut donc prendre cette forme :

Mais, céder sans cesse à ses désirs, est-ce vraiment être libre ? En effet, nous pourrions au contraire défendre qu’être libre c’est plutôt être autonome c’est-à-dire capable de se donner ses propres règles (2e définition possible de liberté). Alors, céder toujours à ses désirs ce serait sans doute ne pas être capable de suivre toujours nos règles et donc ne pas être libre.

Ainsi, vous défendez d’abord qu’être libre c’est bien faire ce que l’on désire puis qu’en réalité ça n’est peut-être pas si évident que cela. Vous avez donc montré le problème tout en donnant de premières définitions de liberté et de désir.

Pour aller plus loin sur la formulation de la problématique, je vous conseille cet article

Il ne vous reste ensuite qu’à formuler votre plan. Il doit être en trois parties et doit être dialectique c’est-à-dire que vos différentes parties doivent s’opposer. La 1er partie doit s’opposer à la 2e et la 2e à la 3e pour suivre une forme de plan comme thèse/antithèse/thèse.

Exemple d’introduction produite par une élève sur le sujet : « La conscience de ce que nous sommes peut-elle faire obstacle à notre bonheur ? »

“L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant”. Pascal défend ici que l’homme est fragile et misérable, c’est pourquoi c’est un roseau fragile, mais en même temps c’est un roseau pensant qui a une certaine conscience de ce qu’il est, et notamment de sa fragilité.  On pourrait donc dire ici que la conscience de l’homme d’être fragile peut être un obstacle à son bonheur. Il s’agit donc de se demander si la conscience de ce que nous sommes peut réellement faire obstacle à notre bonheur ? A première vue, nous pourrions considérer que la conscience de ce que nous sommes peut effectivement être un obstacle à notre bonheur car si être conscient c’est avoir le savoir que nous sommes des êtres mortels alors cette conscience peut nous empêcher d’atteindre un état de satisfaction durable. Mais, nous pourrions au contraire considérer que la conscience que nous avons de nous-mêmes nous permet de nous connaître, puisque nous nous prenons comme objet d’étude, et alors nous permet de déterminer ce qui nous rendra réellement heureux en comprenant nos mécanismes. Nous verrons dans un premier temps qu’il faut d’abord envisager la conscience comme un moyen qui permet d’accéder au bonheur en nous faisant sortir de l’illusion. Puis, nous verrons que notre conscience de nous-mêmes peut nous rendre plus conscient de notre condition mortelle, ce qui produit de l’angoisse. Enfin, nous envisagerons que notre conscience de notre durée de vie limitée peut nous pousser à donner un sens à notre vie, ce qui nous rendra plus heureux.

Il est essentiel de réussir sa problématique en philosophie

Comment faire une bonne problématique en philosophie ?

La problématique en philosophie est essentielle pour au moins deux raisons. D’abord, une des premières choses qu’il faut apprendre à faire en philosophie c’est remettre en question l’opinion commune c’est-à-dire la réponse qui pourrait sembler évidente, si on n’y a pas tellement réfléchi. La problématique fait cela justement, le but est de montrer que le sujet pose un véritable problème et que donc des thèses vont s’affronter sur ce sujet.

Ensuite la problématique est essentielle car c’est autour de la problématique que vous allez pouvoir construire un plan cohérent ensuite et éviter le hors sujet.

Souvent, les élèves en philosophie pensent qu’une problématique est une simple question comme ils ont pu l’apprendre en littérature ou en histoire-géo. Mais, à la différence de ces matières, en philosophie le sujet est déjà une question. Vous pouvez avoir par exemple : « Un homme libre est-il nécessairement heureux ? ».

Comment formuler une problématique sans simplement répéter le sujet ?

 La solution envisagée parfois consiste à reformuler le sujet, mais c’est une solution dangereuse car le risque est alors de mal reformuler le sujet et ainsi de le réduire ou pire de le changer complètement. Vous tombez alors dans le pire que l’on puisse faire en dissertation : le hors sujet.

La deuxième solution que je recommande consiste à formuler la problématique sous la forme d’une alternative thèse/antithèse. En effet, l’objectif est de montrer qu’il y a un problème et que des thèses argumentées s’opposent. On peut donc par exemple formuler la problématique ainsi :

« A première vue, (thèse 1) il semble bien qu’un homme libre est nécessairement heureux car si être libre c’est avoir la possibilité de faire ce que l’on souhaite alors on peut dire que la liberté nous permet d’atteindre un état de satisfaction global et durable. Mais, (thèse 2) ne pourrait-on dire au contraire qu’un homme libre n’atteint pas toujours le bonheur car nous pouvons très bien être libre de faire des choix et pourtant faire de mauvais choix qui vont nous conduire au malheur. »

Vous l’aurez compris, la problématique doit donc prendre la forme d’un paragraphe dans lequel vous envisagez une première réponse possible (thèse 1) et un argument, puis une deuxième réponse (thèse 2) et son argument. Ce faisant, vous montrez bien que la réponse au sujet n’est pas évidente et que ce sujet pose un véritable problème dont il va falloir débattre dans la suite de votre devoir.

Deux points importants pour faire une bonne problématique

Il faut, d’une part, que chacune de vos thèses dans la problématique soit justifiée par un argument. Vous remarquerez que dans mon exemple chaque thèse est suivie par un « car ». Il n’est pas suffisant d’affirmer une thèse il faut justifier cette thèse.

D’autre part, il est adroit de justifier vos thèses en utilisant des arguments qui vont vous permettre dans le même temps de commencer à définir les termes du sujet. On appelle cela des arguments définition. Il s’agit de justifier notre réponse en montrant  qu’elle est justifiée par la définition des termes du sujet.

Prenons le début de la problématique ci-dessous :

« A première vue, (thèse 1) il semble bien qu’un homme libre est nécessairement heureux car si être libre c’est avoir la possibilité de faire ce que l’on souhaite (définition de la liberté comme liberté d’action) alors on peut dire que la liberté nous permet d’atteindre un état de satisfaction global et durable (définition du bonheur).

La première réponse au sujet est donc justifiée par une définition possible de la liberté comme liberté d’action. Cette façon de faire permet de formuler une problématique solide tout en évitant de simplement plaquer les définitions des termes du sujet au début de votre introduction comme s’il s’agissait de décorations. Ici, vous les intégrez en partie dans la problématique, elles sont donc immédiatement utiles.

Autre Exemples de problématiques :

Sujet : « L’obéissance est-elle incompatible avec la liberté ? »

A première vue [opinion commune], nous pourrions dire que l’obéissance est bien incompatible avec la liberté, car celui qui se plie à un ordre [définition d’obéissance] ne se détermine pas par lui-même, il n’agit donc pas tel qu’il le veut [définition liberté d’action] et il ne choisit pas entre une chose et son contraire [définition de la liberté comme libre arbitre]. On peut donc dire qu’il n’exerce pas son libre arbitre. Mais [remise en question de l’opinion commune], obéir n’est-ce pas toujours choisir d’obéir ? En effet, obéir n’est-ce pas reconnaître qu’un ordre est justifié et choisir de s’y plier [liberté comme libre arbitre] ? Nous pourrions donc dire au contraire que l’obéissance est compatible avec la liberté car obéir ça n’est pas toujours se soumettre [distinction entre deux termes qui semblent proches mais à distinguer], on ne cède pas à une force physique, on choisit d’obéir.

Sujet : « Etre libre, est ce faire ce que l’on désire ? « 

A première vue, nous pourrions dire qu’être libre c’est faire ce que l’on désire, car être libre cela signifie d’abord ne pas être contraint par qui que ce soit, c’est-à-dire ne pas être empêché physiquement d’agir [une première définition de la liberté]. Or, si nous ne sommes pas contraints nous pouvons suivre nos désirs. Mais, sommes-nous libres quand nous cédons à nos désirs ? La liberté n’est-elle pas aussi dans la loi que l’on se prescrit à soi-même ? [ définition de la liberté comme autonomie] En ce sens, céder à nos désirs qui sont des impulsions spontanées et irréfléchies [définition du désir] n’est ce pas être esclave de ses désirs ?

Liens pour approfondir mes dernières publications

Sur Platon et l’allégorie de la caverne

➡️ Texte de l’allégorie de la caverne

Pour apprendre à formuler une problématique :

➡️ Comment faire une bonne problématique en philosophie ?

➡️ Exemples d’introduction de dissertation comprenant une problématique



Sur Socrate et la philosophie :

➡️ Résumé de l’apologie de Socrate

➡️ Qu’est-ce que la philosophie ?

➡️ Etymologie du mot philosophie

sujets ouverts

Comment traiter les sujets ouverts ? (méthode de la dissertation)

Dans cet article, je vais vous expliquer comment problématiser et traiter les sujets ouverts. Mais d’abord : qu’est-ce qu’un sujet ouvert ? Un sujet ouvert c’est tout simplement un sujet auquel vous ne pouvez pas répondre par oui ou par non. Typiquement tous les sujets en « Pourquoi » et les sujets en « Qu’est-ce que » sont des sujets ouverts, vous ne pouvez pas y répondre par oui ou pas non.

Alors comment faire ? Je vais d’abord prendre les sujets en « Pourquoi » qui ont une petite particularité, puis nous verrons les sujets en « Qu’est-ce que ». Je prends un exemple avec le sujet : « Pourquoi travaillons-nous ? ».

Les deux sens des sujets en « Pourquoi »

Première chose : « Pourquoi » peut avoir deux sens possibles qu’il faut envisager car cela vous donne des idées de réponses. Cela peut signifier d’abord : « pour quelle cause, pour quelle raison ? ». Cela donnerait donc pour quelle raison travaillons nous ?

Mais le pourquoi peut également signifier : « dans quel but ». C’est alors comme si vous disiez Pour quoi, dans quel objectif ? Et là aussi cela peut avoir un sens intéressant : Dans quel but travaillons nous ?

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développement dissertation philosophie

Comment réussir le développement de la dissertation de philosophie

Aujourd’hui, je vous explique comment réussir le développement de la dissertation de philosophie.

Admettons que vous ayez à traiter le sujet : Sommes-nous réellement libres ?

Vous avez fait un plan en trois parties et vous commencez votre deuxième partie où vous voulez défendre que nous ne sommes pas réellement libres. Vous devez donc développer votre 1er sous-partie. (Sachant qu’il doit y en avoir au moins 2 par grande partie).

Bien comment le développement de la dissertation de philosophie.

Vous devez commencer par énoncer l’idée que vous allez défendre suivie d’un argument pour justifier votre idée.

Cela peut donner :

« Nous allons voir à présent que nous ne sommes pas réellement libres car nos choix sont en fait déterminés par le milieu social dans lequel nous évoluons. »

Evidemment, ça n’est pas suffisant, à présent il faut expliquer votre argument car même si ce que vous dites vous paraît évident, ça ne l’est pas pour les autres. Il faut donc maintenant expliquer votre argument. C’est à ce stade que beaucoup d’élèves sèchent un peu. Que faire concrètement ?

Expliquer dans une dissertation c’est faire deux choses : clarifier et justifier

Pour clarifier, il faut essentiellement définir ce dont vous parlez. Ici, il faudra définir « déterminés », « milieu social » et préciser en quel sens vous avez pris « liberté ». Sur les différents sens possibles de la notion de liberté, je vous renvoie à cette vidéo.

Donc je reprends le développement et je précise en gras ce que je fais :

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Comment puis-je vous aider ?

Cela fait maintenant une année que je publie sur le blog et je reçois de plus en plus de questions par mail, mais aussi sur Youtube et Instagram.

J’aimerais pouvoir vous aider davantage, mais, pour cela, j’ai besoin de connaître plus précisément vos attentes et/ou difficultés. Pourrais-tu répondre à ce petit sondage afin que je comprenne mieux ce que tu aimerais recevoir comme contenu ou ce qui te bloque actuellement en philosophie ?

Clique ici pour répondre au sondage.