Citation de Nietzsche sur l’artiste

Cette citation de Nietzsche sur l'art

Cette citation de Nietzsche sur l’art est représentative de sa conception de l’artiste et du génie. Nietzsche s’oppose à la conception du génie de Kant, inspirée du romantisme. Il combat ici l’idée d’un génie qui parce qu’il est inspiré et que les idées lui viennent toutes seules, n’a pas besoin de travailler. Au contraire, pour lui, l’artiste ou le scientifique de génie est quelqu’un qui doit travailler beaucoup.

Selon lui, le génie n’est pas un homme « inspiré » c’est un homme comme les autres « dont la pensée est active dans une direction unique, qui utilisent tout comme matière première, qui ne cessent d’observer leur vie intérieure et celle d’autrui et qui ne se lassent pas de combiner leurs moyens en vue d’une fin unique ».

Il prend la métaphore du bâtisseur. Le génie apprend d’abord à poser des pierres, il travaille, il bâtit et c’est en travaillant qu’il donne peu à peu forme à son œuvre.

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Texte de Nietzsche :

« Les artistes ont quelque intérêt à ce qu’on croie à leurs intuitions subites, à leurs prétendues inspirations ; comme si l’idée de l’œuvre d’art, du poème, la pensée fondamentale d’une philosophie tombaient du ciel tel un rayon de la grâce. En vérité, l’imagination du bon artiste, ou penseur, ne cesse pas de produire, du bon, du médiocre et du mauvais, mais son jugement, extrêmement aiguisé et exercé, rejette, choisit, combine ; on voit ainsi aujourd’hui, par les Carnets de Beethoven, qu’il a composé ses plus magnifiques mélodies petit à petit, les tirant pour ainsi dire d’esquisses multiples. Quant à celui qui est moins sévère dans son choix et s’en remet volontiers à sa mémoire reproductrice, il pourra le cas échéant devenir un grand improvisateur ; mais c’est un bas niveau que celui de l’improvisation artistique au regard de l’idée choisie avec peine et sérieux pour une œuvre. Tous les grands hommes étaient de grands travailleurs, infatigables quand il s’agissait d’inventer, mais aussi de rejeter, de trier, de remanier, d’arranger.

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Si la faculté de produire s’est quelque temps suspendue et a été arrêtée dans son cours par un obstacle, elle fournit enfin un flot aussi subit que si une inspiration immédiate, sans travail intérieur préalable, autrement dit que si un miracle s’accomplissait. C’est ce qui produit l’illusion connue, au maintien de laquelle, comme j’ai dit, l’intérêt de tous les artistes est un peu trop attaché. Le capital n’a fait juste que s’accumuler, il n’est pas en une fois tombé du ciel. Il y a du reste encore autre part une telle inspiration apparente, par exemple dans le domaine de la bonté, de la vertu, du vice.»

Friedrich NIETZSCHE, Humain, trop humain (1880), §§ 155-156

Pour davantage de contenu sur la notion de l’art, consultez la page Cours de philosophie.

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