Episode 10 : Epicure : Le bonheur dépend-il de nous ?

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  • Bonjour, bienvenue dans ce nouveau podcast d’Apprendre la philosophie, je suis Caroline et dans cet épisode nous allons nous demander si le bonheur dépend de nous. Pour répondre à ce sujet nous allons nous intéresser tout particulièrement à ce que pourrait répondre Epicure sur cette question.

    Tout d’abord nous pouvons remarquer que la réponse ne va pas de soi. Si l’on se réfère à l’étymologie, le bonheur semble d’abord lié à la chance. En effet, bonheur, vient de « bon » d’une part et  « heur » d’autre part, qui en ancien français signifie la chance ou la fortune. Le terme français « heur » vient lui-même du latin augurium qui signifie « augure » ou « présage ». Alors si l’on s’en tient à l’origine du mot, atteindre le bon heur c’est avoir une bonne chance ou être favorisé par les circonstances. En ce sens, le bonheur, que l’on peut d’abord définir comme un état de satisfaction durable, semble donc dépendre du hasard plutôt que de nous-mêmes et des actions que nous pourrions entreprendre pour y arriver.

    Cependant, Epicure, dans La Lettre à Ménécée s’oppose à cette thèse et entend montrer que le bonheur dépend bien de nous, c’est-à-dire de nos choix et de nos actions. Selon lui, Il est possible d’atteindre le bonheur notamment grâce à la philosophie.

    Première précision importante, pour Epicure, le bonheur c’est le plaisir, mais il faut ici faire attention aux contresens, car par plaisir Epicure entend la suppression de la douleur.

    Il ne s’agit donc pas de dire qu’il faut multiplier les désirs et les plaisirs et que cela nous rendra heureux comme peut le faire un hédoniste. Au contraire, pour Epicure, on est heureux quand on ne souffre pas ! Il le dit en ces termes : « La santé du corps, la tranquillité de l’âme sont la perfection de la vie heureuse ». Etre heureux pour Epicure c’est être en bonne santé physique et atteindre une certaine tranquillité. Cette définition du bonheur est singulière et fort éloignée de la conception commune que l’on peut avoir du bonheur. Alors si le bonheur dépend de nous pour Epicure, comment faire pour ne pas souffrir ni dans son corps ni dans son âme ?

    Epicure donne, en effet, plusieurs recommandations pour atteindre le bonheur.

    Tout d’abord point important il faut limiter ses désirs, voir se défaire de certains désirs. En effet,Pour Epicure, le désir est un manque de quelque chose, c’est quelque chose que l’on a pas encore, mais que l’on souhaite obtenir. Alors, le désir apparaît d’abord comme un manque, une douleur. Et Si l’on désire quelque chose de difficile à obtenir cela sera plus douloureux encore car nous ne sommes pas sûrs de l’atteindre ou cela va prendre du temps. Le désir excessif peut donc nous rendre inquiet et nous faire souffrir.

    Selon Epicure, Si nous sommes perpétuellement inquiets car nous voulons absolument des biens de luxe et n’y arrivons pas alors nous ne sommes pas heureux. C’est pourquoi pour Epicure si nous voulons Atteindre le bonheur il nous faut limiter nos désirs pour ne garder que les désirs les plus simples à satisfaire. Il dit ainsi dans la Lettre à Ménécée : « C’est un grand bien à notre avis que de se suffire à soi-même, non qu’il faille toujours vivre de peu, mais afin que si l’abondance nous manque, nous sachions nous contenter du peu que nous aurons ».

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    Epicure met ici l’accent sur un autre point important, si nous devenons trop dépendant du confort et de l’abondance, si nous y sommes totalement habitué au point que nous ne pouvons plus nous en passer, alors si nous venons à perdre ce confort, nous serons extrêmement malheureux.

    Au contraire, quelqu’un qui garde l’habitude de pouvoir se satisfaire de peu ne souffrira pas plus que ça s’il vient à perdre ses richesses car il aura su continuer à se satisfaire de plaisirs simples. Donc pour Epicure le bonheur c’est l’absence de souffrance dans l’âme nous l’avons vu.

    Mais, selon lui, le bonheur c’est aussi l’absence de souffrance dans le corps. En effet, Epicure considère que pour être heureux, nous devons également atteindre l’absence de souffrance dans le corps (ou aponie en grec). Or, Cela n’est possible que si nous menons une vie réglée sans faire trop d’excès. C’est donc faire un contresens sur Epicure que de penser qu’il invite à multiplier les plaisirs et désirs de toutes sortes et à vivre dans la débauche. Les plaisirs excessifs et l’intempérance conduisent  selon lui à des douleurs et à des maladies. Ainsi, il dit : « Quand donc nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs des voluptueux inquiets, ni de ceux qui consistent dans les jouissances déréglées, ainsi que l’écrivent des gens qui ignorent notre doctrine, ou qui la combattent et la prennent dans un mauvais sens. Le plaisir dont nous parlons est celui qui consiste, pour le corps, à ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans trouble. »

    Donc pour Epicure, pour être heureux, il faut limiter ses désirs afin de ne pas souffrir dans son âme et de ne pas souffrir dans son corps. Et il essaie de se prémunir contre de mauvaise compréhension de sa doctrine.

    Alors le bonheur dépend il de nous ?  Pour Epicure oui, car nous pouvons apprendre à distinguer entre les bons désirs qui ne nous font pas souffrir (qu’il appelle les désirs naturels et nécessaire) et les mauvais désirs qui eux nous font souffrir et qu’ils appellent non naturels et non nécessaires.

    Epicure fût un ascète, il mène une vie austère en se contentant de peu. Il défend que le bonheur peut s’atteindre ainsi car celui qui ne souffre pas de ses excès et n’a pas l’âme troublée par des désirs futiles vit paisiblement. Cela suppose de distinguer entre les bons désirs qui sont ceux qui vont pouvoir être satisfaits aisément et répondent à un besoin naturel et les mauvais désirs qui vont nous rendre malades et sont difficiles à satisfaire. Epicure considère alors qu’il nous faut renoncer à tous les désirs non naturels et non nécessaires comme par exemple manger des mets luxueux, vivre dans de riches demeures ou posséder quantité de biens matériels superflus, pour préférer les désirs naturels et nécessaires, par exemple, manger simplement, boire, avoir un toit, philosopher…

    Voilà pour cet épisode j’espère qu’il vous aura aidé à mieux comprendre les enjeux sur cette question et la réponse d’Epicure, si vous voulez davantage de contenu sur le thème du bonheur, je vous invite à vous rendre sur mon blog apprendre la philosophie.

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