Epicure : le bonheur dépend il de nous ?

Epicure : le bonheur dépend-il de nous ?

Bonjour, bienvenu dans cette vidéo dans laquelle nous allons parler d’Epicure et répondre à la question : le bonheur dépend-il de nous ?

Tout d’abord nous pouvons remarquer que la réponse ne va pas de soi. Si l’on se réfère à l’étymologie, le bonheur semble d’abord lié à la chance. En effet, bonheur, vient de « bon » d’une part et  « heur » d’autre part, qui en ancien français signifie la chance ou la fortune. Le terme français « heur » vient lui-même du latin augurium qui signifie « augure » ou « présage ». Alors si l’on s’en tient à l’origine du mot, atteindre le bon heur c’est avoir une bonne chance ou être favorisé par les circonstances.

« Nul ne peut être dit heureux avant sa mort » disait Solon

Un sage de l’antiquité En effet, si le bonheur est tributaire de la chance et que celle-ci est fluctuante, alors un malheur est toujours susceptible de nous arriver sans prévenir. Et on ne peut pas dire que le bonheur dépend tout à fait de nous. En ce sens, le bonheur, que l’on peut d’abord définir comme un état de satisfaction durable, semble donc dépendre du hasard plutôt que de nous-mêmes et des actions que nous pourrions entreprendre pour y arriver.

Cependant, Epicure, dans La Lettre à Ménécée s’oppose à cette thèse et entend montrer que le bonheur dépend bien de nous, c’est-à-dire de nos choix et de nos actions. Selon lui, Il est possible d’atteindre le bonheur notamment grâce à une méthode rationnelle.

Le plaisir n’est pas l’excès pour Epicure

Première précision importante, pour Epicure, le bonheur c’est le plaisir, mais il faut ici faire attention aux contresens. La pensée d’Epicure a souvent été mal comprise, ses contemporains le traitaient de pourceau et il a pu avoir la réputation d’un jouisseur On assimile alors l’épicurien au bon vivant, qui profite de la vie et fait beaucoup d’excès. Or, en réalité Epicure est à l’opposé de cette conception car par plaisir Epicure entend la suppression de la douleur. Le plaisir c’est ce que je ressens quand je ne souffre pas. Or, pour épicure le bonheur ne peut pas être atteint dans l’excès, car l’excès risque de nous donner des douleurs. Par exemple trop manger ou trop boire risque de nous rendre malade.

Il le dit très clairement dans la lettre à Ménécée :

« Quand donc nous disons que le plaisir est la fin, nous ne parlons pas des plaisirs des débauchés ni de ceux qui consistent dans les jouissances – comme le croient certains qui, ignorant de quoi nous parlons, sont en désaccord avec nos propos ou les prennent dans un sens qu’ils n’ont pas –, mais du fait, pour le corps, de ne pas souffrir et, pour l’âme, de ne pas être troublée. En effet, ce n’est ni l’incessante succession des beuveries et des parties de plaisir, ni les jouissances que l’on trouve auprès des jeunes garçons et des femmes, ni celles que procurent les poissons et tous les autres mets qu’offre une table abondante, qui rendent la vie agréable: c’est un raisonnement sobre, qui pénètre les raisons de tout choix et de tout refus et qui rejette les opinions à partir desquelles une extrême confusion s’empare des âmes. Or le principe de tout cela et le plus grand bien, c’est la prudence. »

Il ne s’agit donc pas de dire qu’il faut multiplier les désirs et les plaisirs et que cela nous rendra heureux. Pas du tout. Il faut plutôt être prudent et réfléchir pour faire ce qui nous rendra réellement heureux c’est-à-dire ce qui nous permettra de ne pas souffrir. Epicure le dit en ces termes : « La santé du corps, la tranquillité de l’âme sont la perfection de la vie heureuse ». Etre heureux pour Epicure c’est donc être en bonne santé physique et atteindre une certaine tranquillité d’esprit, c’est-à-dire ne pas être constamment inquiet ou dans la peur.

Cette conception du bonheur peut sembler étrange car elle est en opposition avec une conception plus commune du bonheur comme succession de plaisirs. Qu’est-ce qui explique cette vision du bonheur d’Epicure ? il faut d’abord dire qu’Epicure était quelqu’un de malade, il souffrait dans son corps, on comprend donc que pour lui le plaisir soit l’absence de souffrance.

Mais cela ne signifie pas que la thèse d’Epicure n’a rien à nous apprendre car nombreux sont les hommes qui en cherchant le bonheur se trompent et paradoxalement souffrent dans leur corps et dans leur âme alors même qu’ils cherchent à être heureux.

Pourquoi cela ?  Pourquoi tant d’hommes cherchent le bonheur et n’y parviennent pas pour Epicure ?

Pour Epicure, c’est parce que nous n’utilisons pas suffisamment notre raison. Il nous faut davantage réfléchir au type de désirs et de plaisirs qui peuvent être bon et éviter ceux qui vont en réalité nous rendre malheureux. ceux qui ne sont que des plaisirs illusoires ou de courtes durées.

En d’autres termes dans notre quête du bonheur : il y a des pièges à éviter :

1er piège : nous pouvons avoir tendance à mal anticiper les effets secondaires de la satisfaction d’un désir : Par exemple, si nous désirons boire de l’alcool, boire un verre ne nous fera pas beaucoup de mal, mais si nous en buvons 10. Alors le plaisir ressenti sur le moment va laisser place à un mal être et à une douleur. Epicure recommande donc de réfléchir afin d’avoir en tête les effets secondaires de la satisfaction d’un désir : l’idée est évidemment de plutôt éviter les plaisirs qui vont ensuite causer une douleur.

2e piège : Nous avons tendance à privilégier le plaisir immédiat, même s’il est peu intense par rapport à la possibilité d’un plaisir plus intense mais qui va demander plus de temps.

Par exemple, si je cède tous les soirs à mon désir de faire la fête, ce qui me donne un plaisir immédiat, je renonce rapidement au plaisir de réussir mes études. Pourtant, le plaisir de pouvoir faire le travail que je souhaite faire est sans doute supérieur car plus durable, au plaisir immédiat que j’ai en faisant la fête.

Epicure conseille donc de réfléchir et de se demander si un plaisir plus intense et durable ne vaut pas mieux qu’un plaisir immédiat mais éphémère. 

3e piège : Nous cherchons à satisfaire des désirs vains qui sont inutiles, voire nuisibles au bonheur car ils ne satisfont pas réellement nos besoins et ne sont en réalité jamais rassasiés.

Par exemple, nous pouvons croire parce que la société nous y pousse que pour être heureux il faut être riche, vivre dans une demeure luxueuse, manger les mets les plus raffinés. Mais en réalité, ces désirs sont inutiles, nous n’avons pas besoin de vivre dans une très riche demeure pour être heureux. Pour Epicure, avoir un toit sous lequel s’abriter est nécessaire mais également suffisant pour satisfaire notre besoin de protection.

Plus encore, ces désirs peuvent devenir un obstacle à notre bonheur car ce sont des désirs excessifs qui ne sont jamais satisfait. Si nous désirons avoir beaucoup d’argent et que nous l’obtenons, il nous en faudra ensuite encore plus, ou il nous faudra encore une plus grande maison etc … En d’autres termes ces désirs excessifs ont comme caractéristique principale d’être insatiables. Nous ne nous sentirons jamais satisfait. Nous voudrons toujours plus et donc nous ne serons jamais heureux.  

Ainsi pour Epicure, être heureux, demande de mesurer ses désirs voir de se défaire des désirs les plus inutiles. Epicure insiste en effet sur l’idée que le désir est un manque de quelque chose, c’est quelque chose que l’on a pas encore, mais que l’on souhaite obtenir. c’est donc d’abord une douleur.  

Et Si l’on désire quelque chose de difficile à obtenir cela sera plus douloureux encore car nous ne sommes pas sûrs de l’atteindre ou cela va prendre du temps. Le désir excessif va donc nous rendre inquiet et nous faire souffrir longuement. et quand bien même nous arriverions finalement à le satisfaire, nous nous y habituerons rapidement et il nous faudra encore autre chose de plus ou de mieux.  

Selon Epicure, Si nous sommes perpétuellement inquiets car nous voulons absolument des biens de luxe et n’y arrivons pas alors nous ne sommes pas heureux. Epicure préconise donc de trouver le bonheur dans des plaisirs simples et liés à des besoins naturels : être en bonne santé, avoir de bonnes relations avec les autres, avoir l’esprit tranquille etc

Il nous conseille d’utiliser notre raison pour distinguer les désirs naturels et nécessaires (boire, manger, avoir un toit, un ami, être libre) des désirs qui sont non naturels et non nécessaires. C’est-à-dire inutiles et illusoires. (être riche, avoir du pouvoir, être connu etc )

Les désirs naturels et nécessaires sont faciles à satisfaire, en les recherchant nous serons facilement satisfaits et donc heureux. Au contraire, les désirs non naturels et non nécessaire sont difficiles à satisfaire et ils vont donc nous rendre malheureux car ils vont nous empêcher d’atteindre l’ataraxie c’est-à-dire l’absence de souffrance dans le corps et dans l’âme.

Aux yeux d’Epicure, les hommes ont tendance à ne pas savourer suffisamment les plaisirs simples de la vie, ceux là même qui peuvent les rendre heureux et ne sont pas difficile à satisfaire. Au lieu de cela, nous avons tendance à ne pas avoir conscience de notre bonheur et à nous focaliser sur des choses finalement inutiles. C’est seulement quand nous perdons ce bonheur que nous prenons conscience que ce que nous avions nous permettait déjà d’être heureux.

Le sage, pour Epicure, est donc tempérant il désire peu et il est raisonnable c’est à dire qu’il réfléchie et anticipe les conséquences de ses choix. Il se contente de satisfaire ses désirs naturels et nécessaires et ainsi attend le bonheur. C’est pourquoi pour Epicure on peut dire que le bonheur dépend de nous, car nous pouvons apprendre à distinguer entre les bons désirs que nous allons pouvoir satisfaire et les mauvais désirs qui eux nous font souffrir.

Voilà pour cette vidéo j’espère qu’elle vous aura aidé à comprendre la thèse d’Epicure sur le bonheur.  Si cette question vous intéresse et que vous voulez davantage de contenu sur le thème du bonheur, vous pouvez regarder d’autres vidéos sur ma chaîne Youtube ici et pour d’autres articles de philosophie c’est ici.

Très bonne journée à vous

Le bonheur selon Epicure

Episode 10 : Epicure : Le bonheur dépend-il de nous ?

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  • Bonjour, bienvenue dans ce nouveau podcast d’Apprendre la philosophie, je suis Caroline et dans cet épisode nous allons nous demander si le bonheur dépend de nous. Pour répondre à ce sujet nous allons nous intéresser tout particulièrement à ce que pourrait répondre Epicure sur cette question.

    Tout d’abord nous pouvons remarquer que la réponse ne va pas de soi. Si l’on se réfère à l’étymologie, le bonheur semble d’abord lié à la chance. En effet, bonheur, vient de « bon » d’une part et  « heur » d’autre part, qui en ancien français signifie la chance ou la fortune. Le terme français « heur » vient lui-même du latin augurium qui signifie « augure » ou « présage ». Alors si l’on s’en tient à l’origine du mot, atteindre le bon heur c’est avoir une bonne chance ou être favorisé par les circonstances. En ce sens, le bonheur, que l’on peut d’abord définir comme un état de satisfaction durable, semble donc dépendre du hasard plutôt que de nous-mêmes et des actions que nous pourrions entreprendre pour y arriver.

    Cependant, Epicure, dans La Lettre à Ménécée s’oppose à cette thèse et entend montrer que le bonheur dépend bien de nous, c’est-à-dire de nos choix et de nos actions. Selon lui, Il est possible d’atteindre le bonheur notamment grâce à la philosophie.

    Première précision importante, pour Epicure, le bonheur c’est le plaisir, mais il faut ici faire attention aux contresens, car par plaisir Epicure entend la suppression de la douleur.

    Il ne s’agit donc pas de dire qu’il faut multiplier les désirs et les plaisirs et que cela nous rendra heureux comme peut le faire un hédoniste. Au contraire, pour Epicure, on est heureux quand on ne souffre pas ! Il le dit en ces termes : « La santé du corps, la tranquillité de l’âme sont la perfection de la vie heureuse ». Etre heureux pour Epicure c’est être en bonne santé physique et atteindre une certaine tranquillité. Cette définition du bonheur est singulière et fort éloignée de la conception commune que l’on peut avoir du bonheur. Alors si le bonheur dépend de nous pour Epicure, comment faire pour ne pas souffrir ni dans son corps ni dans son âme ?

    Epicure donne, en effet, plusieurs recommandations pour atteindre le bonheur.

    Tout d’abord point important il faut limiter ses désirs, voir se défaire de certains désirs. En effet,Pour Epicure, le désir est un manque de quelque chose, c’est quelque chose que l’on a pas encore, mais que l’on souhaite obtenir. Alors, le désir apparaît d’abord comme un manque, une douleur. Et Si l’on désire quelque chose de difficile à obtenir cela sera plus douloureux encore car nous ne sommes pas sûrs de l’atteindre ou cela va prendre du temps. Le désir excessif peut donc nous rendre inquiet et nous faire souffrir.

    Selon Epicure, Si nous sommes perpétuellement inquiets car nous voulons absolument des biens de luxe et n’y arrivons pas alors nous ne sommes pas heureux. C’est pourquoi pour Epicure si nous voulons Atteindre le bonheur il nous faut limiter nos désirs pour ne garder que les désirs les plus simples à satisfaire. Il dit ainsi dans la Lettre à Ménécée : « C’est un grand bien à notre avis que de se suffire à soi-même, non qu’il faille toujours vivre de peu, mais afin que si l’abondance nous manque, nous sachions nous contenter du peu que nous aurons ».

    Epicure met ici l’accent sur un autre point important, si nous devenons trop dépendant du confort et de l’abondance, si nous y sommes totalement habitué au point que nous ne pouvons plus nous en passer, alors si nous venons à perdre ce confort, nous serons extrêmement malheureux.

    Au contraire, quelqu’un qui garde l’habitude de pouvoir se satisfaire de peu ne souffrira pas plus que ça s’il vient à perdre ses richesses car il aura su continuer à se satisfaire de plaisirs simples. Donc pour Epicure le bonheur c’est l’absence de souffrance dans l’âme nous l’avons vu.

    Mais, selon lui, le bonheur c’est aussi l’absence de souffrance dans le corps. En effet, Epicure considère que pour être heureux, nous devons également atteindre l’absence de souffrance dans le corps (ou aponie en grec). Or, Cela n’est possible que si nous menons une vie réglée sans faire trop d’excès. C’est donc faire un contresens sur Epicure que de penser qu’il invite à multiplier les plaisirs et désirs de toutes sortes et à vivre dans la débauche. Les plaisirs excessifs et l’intempérance conduisent  selon lui à des douleurs et à des maladies. Ainsi, il dit : « Quand donc nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs des voluptueux inquiets, ni de ceux qui consistent dans les jouissances déréglées, ainsi que l’écrivent des gens qui ignorent notre doctrine, ou qui la combattent et la prennent dans un mauvais sens. Le plaisir dont nous parlons est celui qui consiste, pour le corps, à ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans trouble. »

    Donc pour Epicure, pour être heureux, il faut limiter ses désirs afin de ne pas souffrir dans son âme et de ne pas souffrir dans son corps. Et il essaie de se prémunir contre de mauvaise compréhension de sa doctrine.

    Alors le bonheur dépend il de nous ?  Pour Epicure oui, car nous pouvons apprendre à distinguer entre les bons désirs qui ne nous font pas souffrir (qu’il appelle les désirs naturels et nécessaire) et les mauvais désirs qui eux nous font souffrir et qu’ils appellent non naturels et non nécessaires.

    Epicure fût un ascète, il mène une vie austère en se contentant de peu. Il défend que le bonheur peut s’atteindre ainsi car celui qui ne souffre pas de ses excès et n’a pas l’âme troublée par des désirs futiles vit paisiblement. Cela suppose de distinguer entre les bons désirs qui sont ceux qui vont pouvoir être satisfaits aisément et répondent à un besoin naturel et les mauvais désirs qui vont nous rendre malades et sont difficiles à satisfaire. Epicure considère alors qu’il nous faut renoncer à tous les désirs non naturels et non nécessaires comme par exemple manger des mets luxueux, vivre dans de riches demeures ou posséder quantité de biens matériels superflus, pour préférer les désirs naturels et nécessaires, par exemple, manger simplement, boire, avoir un toit, philosopher…

    Voilà pour cet épisode j’espère qu’il vous aura aidé à mieux comprendre les enjeux sur cette question et la réponse d’Epicure, si vous voulez davantage de contenu sur le thème du bonheur, je vous invite à vous rendre sur mon blog apprendre la philosophie.

    Epicure, dans La lettre à Ménécée, entend montrer que le bonheur dépend de nous et que l'on peut l'atteindre grâce à la philosophie.

    Epicure : Le bonheur dépend-il de nous ?

    Si l’on se réfère à l’étymologie, le bonheur semble d’abord lié à la chance. En effet, bonheur, vient de « heur » en ancien français qui signifie la chance ou la fortune. Le terme français « heur » vient lui-même du latin augurium qui signifie « augure », « présage ». Alors avoir le bon heur c’est avoir une bonne chance, être favorisé par les circonstances. En ce sens, le bonheur, que l’on peut d’abord définir comme un état durable de satisfaction, semble d’abord dépendre du hasard plutôt que de nous-mêmes et des actions que nous pourrions entreprendre pour y arriver. Cependant, Epicure, dans La lettre à Ménécée, s’oppose à cette thèse et entend montrer que le bonheur dépend de nous et que l’on peut l’atteindre grâce à la philosophie.

    Le bonheur c’est le plaisir

    Epicure, dans la Lettre à Ménécée, donne plusieurs recommandations pour atteindre le bonheur. A ses yeux, le bonheur c’est le plaisir, mais il faut ici faire attention aux contresens, car par plaisir Epicure entend la suppression de la douleur. Je vous rappelle qu’en philosophie préciser en quel sens on prend tel ou tel mot est très important (voir cet article) . Il ne s’agit donc pas de dire qu’il faut multiplier les plaisirs et que cela rendra heureux comme peut le faire un hédoniste. Au contraire, pour Epicure, on est heureux quand on ne souffre pas ! Il le dit en ces termes : « La santé du corps, la tranquillité de l’âme sont la perfection de la vie heureuse ». La question est donc de déterminer comment ne pas souffrir ni dans son corps ni dans son âme.

    Epicure propose de limiter ses désirs pour être heureux

    Pour Epicure, le désir peut être considéré comme un manque de quelque chose que l’on a pas encore, mais que l’on souhaite obtenir. Alors, le désir apparaît d’abord comme un manque, une douleur. Si l’on désire quelque chose de difficile à obtenir cela sera plus douloureux encore car nous ne sommes pas sûrs de l’atteindre ou cela va prendre du temps. C’est pourquoi, pour Epicure, le bonheur c’est l’absence de troubles dans l’âme. Si nous sommes perpétuellement inquiets car nous voulons absolument des biens de luxe et n’y arrivons pas alors nous ne sommes pas heureux. Atteindre le bonheur c’est donc d’abord limiter ses désirs pour ne garder que les désirs les plus simples à satisfaire. Il dit ainsi dans la Lettre à Ménécée : « C’est un grand bien à notre avis que de se suffire à soi-même, non qu’il faille toujours vivre de peu, mais afin que si l’abondance nous manque, nous sachions nous contenter du peu que nous aurons ».

    Le bonheur c’est aussi l’absence de souffrance dans le corps

    Par ailleurs, Epicure considère que pour être heureux, nous devons également atteindre l’absence de souffrance dans le corps (aponie en grec). Cela n’est possible que si nous menons une vie réglée sans faire trop d’excès. C’est donc faire un contresens sur Epicure que de penser qu’il invite à multiplier les plaisirs et désirs de toutes sortes et à vivre dans la débauche. Les plaisirs excessifs et l’intempérance conduisent à des douleurs et à des maladies. Ainsi, il dit : « Quand donc nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs des voluptueux inquiets, ni de ceux qui consistent dans les jouissances déréglées, ainsi que l’écrivent des gens qui ignorent notre doctrine, ou qui la combattent et la prennent dans un mauvais sens. Le plaisir dont nous parlons est celui qui consiste, pour le corps, à ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans trouble. »  

    La classification des désirs d’Epicure

    Epicure fût un ascète, il mène une vie austère en se contentant de peu. Il défend que le bonheur peut s’atteindre ainsi car celui qui ne souffre pas de ses excès et n’a pas l’âme troublée par des désirs futiles vit paisiblement. Cela suppose de distinguer entre les bons désirs qui vont pouvoir être satisfaits aisément et répondent à un besoin naturel et les mauvais désirs qui vont nous rendre malades et sont difficiles à satisfaire. Epicure considère alors qu’il nous faut renoncer à tous les désirs non naturels et non nécessaires comme par exemple manger des mets luxueux, pour préférer les désirs naturels et nécessaires, par exemple, manger simplement, boire, avoir un toit, philosopher…

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