Dans cet article je vous donne un exemple d’explication de texte philosophique en commençant par l’introduction. Vous pouvez retrouver la méthode de l’introduction ici, dans ce podcast, ou encore en vidéo ici. Vous trouverez ensuite un exemple de développement d’explication de texte. Je précise à chaque fois entre parenthèses à quoi ce passage correspond par rapport à la méthode du développement de l’explication de texte que vous pouvez retrouver dans cet article.
Texte de Spinoza : «On pense que l’esclave est celui qui agit par commandement et l’homme libre celui qui agit selon son bon plaisir. Cela cependant n’est pas absolument vrai, car en réalité être captif de son plaisir et incapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c’est le pire esclavage, et la liberté n’est qu’à celui qui de son entier consentement vit sous la seule conduite de la Raison. Quant à l’action par commandement, c’est-à-dire à l’obéissance, elle ôte bien en quelque manière la liberté, elle ne fait cependant pas sur-le-champ un esclave, c’est la raison déterminante de l’action qui le fait. Si la fin de l’action n’est pas l’utilité de l’agent lui-même, mais de celui qui la commande, alors l’agent est un esclave, inutile à lui-même ; au contraire, dans un Etat et sous un commandement pour lesquels la loi suprême est le salut de tout le peuple, non de celui qui commande, celui qui obéit en tout au souverain ne doit pas être dit un esclave inutile à lui-même, mais un sujet. Ainsi cet Etat est le plus libre, dont les lois sont fondées en droite Raison, car dans cet Etat chacun, dès qu’il le veut, peut être libre, c’est-à-dire vivre de son entier consentement sous la conduite de la Raison.» Spinoza, Traité théologico-politique – chap. XVI §§ 9-11
Exemple d’introduction de l’explication de texte
Dans ce texte de Spinoza extrait du Traité théologico-politique, il est question des liens entre obéissance et liberté. [Thème]. Le problème auquel l’auteur entend répondre est le suivant : l’obéissance est-elle nécessairement contraire à la liberté ? En d’autres termes, est-ce qu’obéir c’est toujours être esclave ? Ou bien y a-t-il des circonstances où obéir c’est être libre ? [Formulation du problème (alternative) auquel répond l’auteur]. Dans ce texte, Spinoza cherche à démontrer que l’obéissance n’est pas toujours contraire à la liberté et que donc on peut être libre en obéissant aux commandements de l’Etat si ceux-ci sont rationnels et donc dans notre intérêt. [Thèse de l’auteur]. Dans un premier temps des lignes 1 à 4, Spinoza énonce une opinion commune qu’il va ensuite réfuter en défendant qu’être libre c’est plutôt obéir à sa propre raison. Puis dans un second temps des lignes 4 à 8, Spinoza énonce sa thèse selon laquelle l’obéissance ôte une certaine liberté, mais pas toute forme de liberté et donc ne fait pas nécessairement de celui qui obéit un esclave. Enfin des lignes 8 à la fin du texte, Spinoza conclut en montrant comment sa thèse peut être défendue au niveau politique pour justifier l’obéissance du sujet envers l’Etat. [Découpage des différentes parties du texte, précision de l’argumentation et explication rapide du contenu].
▶️ Un autre exemple d’introduction en vidéo ci-dessous:
Exemple d’explication du début du texte
Vous trouverez à chaque fois précisé entre crochets à quel élément de la méthode ce passage correspond. Pour rappel, dans le développement vous devez : 1-Clarifier, 2-Justifier, 3-Dire ce que fait l’auteur d’un point de vue argumentatif, 4-Faire une objection (facultatif). J’ai remis le détail de ces 4 opérations à la fin de cet article.
NB : Ce texte est un peu court, un sujet de bac pourrait être plus long, j’ai choisi un texte court pour que cela soit plus digeste. L’essentiel est que vous compreniez la méthode et les différentes opérations que vous devez faire pendant votre explication.
Première partie du développement :
*évidemment, vous ne mettez pas de titre dans vos copies, je le fais ici uniquement pour faciliter la lecture.
« Spinoza commence par formuler une opinion commune, c’est-à-dire ce que diraient la plupart des gens sans y avoir particulièrement réfléchi [3-Dire ce que fait l’auteur : ici il formule une opinion commune]. Nous pouvons penser qu’il s’agit d’une opinion commune car l’auteur dit « On pense que », et non « Je pense ». Le « On » ici désigne donc vraisemblablement les gens en général. Selon lui, les hommes pensent communément que « l’esclave est celui qui agit par commandement ». Il veut dire par là qu’on pense qu’un homme est un esclave, c’est-à-dire quelqu’un qui n’a aucune liberté et est soumis à un autre, s’il agit en suivant le commandement d’un autre. Celui qui « agit par commandement » c’est celui qui agit en suivant les ordres d’un autre. [1-Clarifier : vous voyez ici que j’ai défini ce qu’est un esclave et reformulé un morceau de phrase dont le sens n’était pas évident]. De même, selon lui, on pense communément, qu’au contraire, l’homme libre est « celui qui agit selon son bon plaisir ». Cela signifie, qu’en général, on considère qu’être libre c’est faire ce qui nous plaît ou encore laisser libre cours à nos envies ou à nos désirs. Il attribue donc à l’opinion commune une définition de la liberté comme liberté d’action selon laquelle être libre c’est agir comme on veut. [1-Clarifier : j’ai précisé qu’il y a là une certaine définition de la liberté]. A première vue, une telle conception de la liberté peut sembler effectivement évidente car on peut défendre que, celui qui fait ce qui lui plaît, est effectivement plus libre qu’un esclave ou un prisonnier par exemple. L’esclave ou le prisonnier n’ont pas la liberté d’action, ils sont enfermés ou entravés. [2-Justifier – j’explique pourquoi l’opinion commune n’est pas si absurde].
[Retour à la ligne + alinéa car vous passez à une autre étape de l’argumentation] Néanmoins, Spinoza va s’opposer à cette première conception de la liberté et de l’esclavage, en proposant une autre définition de la liberté et de l’esclavage. Il réfute donc l’opinion commune : « Cela cependant n’est absolument pas vrai ». [3-Dire ce que fait l’auteur : une réfutation]. Spinoza explique donc ce qu’est, pour lui, l’esclavage véritable : » être captif de son plaisir et incapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c’est le pire esclavage ». Pour Spinoza, être esclave c’est donc avant tout être soumis à ses propres plaisirs et désirs, ne pas pouvoir y résister, au point que l’on risque de faire des choses qui finalement sont nuisibles pour nous. Par exemple, on peut penser que quelqu’un qui boit trop d’alcool et ne peut s’en passer est esclave de ce plaisir car il n’arrive pas à s’en passer et pourtant ce plaisir est mauvais pour lui. [1-Clarifier : ici j’ai reformulé la phrase et donné un exemple]. Spinoza va ensuite donner sa définition de la liberté : « et la liberté n’est qu’à celui qui de son entier consentement vit sous la seule conduite de la Raison. ». L’auteur propose donc une nouvelle conception de la liberté qui consiste en une certaine maîtrise de soi. Etre réellement libre, à ses yeux, c’est être capable de réfléchir à ce qui est le mieux pour nous et d’agir en suivant ce que nous a dit notre raison. Ainsi, nous savons qu’il est dans notre intérêt de réviser notre philo et nous le faisons. [1-Clarifier : reformulation + définition de la liberté + exemple]. En effet, nous voyons que l’homme qui satisfait toujours tous ses désirs n’est pas libre, car il n’est pas en mesure de choisir, il cède seulement à son désir. De ce fait, il ne fait pas ce qui est vraiment dans son intérêt. [2-Justifier/Argumenter en faveur de l’auteur].
Deuxième partie du développement
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Troisième parti du développement
J’espère que cet exemple d’explication de texte philosophique vous aura aidé à mieux comprendre la méthode.
Si vous souhaitez voir des exemples d’introductions de dissertation de philosophie c’est ici.
Rappel de méthode : Les différentes opérations à faire dans le développement
Afin de clarifier la méthode, je vais distinguer quatre opérations principales que vous devez apprendre à faire pour bien réaliser votre explication de texte de philosophie. Attention, j’ai mis des numéros pour que vous puissiez identifier ces différentes opérations plus facilement mais cela ne signifie pas qu’il faut les faire dans cet ordre. Souvent vous aller commencer par l’étape de clarification du texte, mais ça ne sera pas toujours le cas.
1- On peut appeler cette première opération, l’étape de clarification du texte. La première chose à faire est de montrer que vous avez compris le sens de la phrase ou de l’expression que vous expliquez. Cela signifie que si c’est une phrase un peu difficile à comprendre (comme cela peut être souvent le cas dans un texte de philosophie), vous avez le droit de faire de la bonne paraphrase, c’est-à-dire reformuler le passage de manière plus claire. Il ne faut pas en rester là néanmoins, il est également très important de définir les termes importants du texte et c’est absolument nécessaire si ce sont des notions du programme comme temps, bonheur etc… Enfin, il est bienvenu afin de rendre le texte plus clair et de montrer que vous l’avez bien compris de prendre un exemple pour illustrer ce que dit l’auteur. Les passages concernés sont suivis de : (1-Clarifier)
2- Il faut ensuite montrer pourquoi l’auteur affirme ce qu’il affirme, c’est-à-dire justifier, argumenter ses propos, montrer pourquoi il a raison de dire ce qu’il dit notamment à l’aide de connaissances acquises en cours, et donc en quelque sorte prendre sa défense face à des objections éventuelles (là, on est sûr de ne pas faire de paraphrase, mais il faut veiller à ne pas trop s’éloigner du texte). Vous pouvez même formuler une éventuelle objection et montrer comment l’auteur y répond déjà dans son texte. Les passages qui correspondent à cette opération sont suivis de (2-Justifier)
3- Quand vous expliquez un texte de philosophie, un des objectifs est de faire ressortir clairement ce que fait l’auteur, c’est-à-dire la manière dont il construit son argumentation afin de justifier la validité de sa thèse. Il est donc très important de préciser régulièrement à quel élément du texte nous avons affaire ici. Est-ce la thèse, un exemple, un premier argument, l’opinion commune et sa réfutation ? Il s’agit essentiellement de montrer comment chaque élément du texte permet à l’auteur d’avancer dans l’argumentation de sa thèse. Dans l’exemple d’explication de texte de philosophie, cette opération est notée : (3-Dire ce que fait l’auteur)
4- Enfin, dans l’explication de texte, vous avez la possibilité de faire un paragraphe d’objection qui peut être appuyé sur la référence à un autre auteur qui soutient une thèse ou une argumentation différente. Il n’est pas nécessaire de faire une objection dans chaque partie, mais il est nécessaire qu’il y ait au moins une objection dans tout le devoir. Bien entendu, cette objection doit être argumentée et il faut absolument éviter de dire que l’auteur n’a rien compris, ou se contredit, car cela montre en général que c’est l’étudiant qui n’a pas compris le texte. Cette opération est notée : (4-Objection).
Merci baucoup pour cette exemple et méthodo, celle donnée par mon prof était beaucoup moins clair et précise sur l’étape du devellopement !
Je vous en prie ! Très heureuse, que cela vous aide.
Très Bonne explication merci monsieur
Je suis ravi de tous ces détails
Merci beaucoup pour ces explications pertinentes