Quelques éléments de corrigé sur les sujets du bac philo 2021. Pour plus de précisions sur la méthode de la dissertation philosophique, je vous renvoie à ces articles sur l’introduction, les définitions, le plan dialectique et l’argumentation.
Sujet 1 du bac de philo : Discuter, est-ce renoncer à la violence ?
Notions du programme à mobiliser : le langage, la raison, l’Etat
Il faut ici comme pour chaque sujet, définir précisément les termes du sujet. Discuter renvoie d’abord à la notion de langage comme système de signes puis de discours comme utilisation ponctuel d’un système de signes. On peut lier le discours à la raison comme peut le faire Aristote. Alors discuter cela pourrait signifier échanger des arguments ou des raisons, chercher à se convaincre et donc ne pas simplement chercher à exercer une domination sur l’autre. La violence peut être définie ainsi : « Force exercée par une personne ou un groupe de personnes pour soumettre, contraindre quelqu’un ou pour obtenir quelque chose ». Alors, à première vue, si l’on échange des arguments, nous n’exerçons pas une force sur l’autre.
Mais pour que discuter ce soit renoncer à la violence, il faudrait que le discours ne permette pas d’instaurer également un rapport de force, voire de dominer son interlocuteur. On peut alors défendre que le discours lui-même peut être considéré comme violent ou donner ensuite lieu à des violences physiques.
Quelques références possibles : Aristote, Hobbes, Platon, Bourdieu
Quelques repères utiles pour la réflexion : Abstrait/Concret, Persuader/Convaincre
Sujet 2 : L’inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?
Notions du programme à mobiliser : L’inconscient, la connaissance
Dans ce sujet, il faudra évidemment définir ce que l’on peut attendre par l’inconscient. Vous pouvez et c’est attendu faire référence à l’inconscient de Freud. Vous pouvez également envisager d’autres formes d’inconscient comme l’inconscient des petites perceptions de Leibniz ou l’inconscient entendu comme cette partie de notre esprit qui analyse les données des sens et gère les actions automatiques comme peut le définir Bergson. Il faut également définir la notion secondaire, ici connaissance. Qu’est-ce que connaître ou avoir connaissance de quelque chose ? Dans un premier sens, on peut entendre par là : Avoir présente à l’esprit l’idée plus ou moins précise ou complète d’un objet abstrait ou concret, existant ou non.
Dès lors, il semble d’abord que la connaissance et la conscience sont très liées, voir même qu’il ne peut y avoir de connaissance sans conscience. Alors il serait possible de défendre que l’inconscient échappe par définition à toute forme de connaissance si cela suppose d’avoir présent à l’esprit une idée. L’inconscient étant précisément ce qui n’est pas présent à l’esprit et échappe à la conscience. Néanmoins, si vous cherchez à formuler la problématique, il faut envisager la réponse adverse (cf comment faire une bonne problématique). Il est alors possible de s’appuyer sur une analyse plus précise du sujet qui parle plus spécifiquement de « forme de connaissance ». Il est alors possible d’envisager que l’inconscient puisse être connu parce qu’il est possible de rendre conscient ce qui est d’abord inconscient. Mais est-ce alors encore l’inconscient ? Il est également possible d’envisager que ce qui est inconscient puisse être connu par les effets qu’il produit.
Ce sujet permet donc un traitement assez large car vous pouvez à la fois traiter en détails de ce qu’est l’inconscient et de ce qui peut en être connu ou non en mobilisant le cours sur la conscience et l’inconscient. Mais il est également possible de traiter du sujet de manière plus épistémologique en prenant « connaissance » au sens plus large de science et en utilisant votre cours sur la raison et la science. La question serait alors l’inconscient peut-il être un objet de science. Une référence par exemple à la thèse de Karl Popper sur l’inconscient serait alors pertinente.
Quelques références possibles : Freud, Popper, Bergson, Leibniz
Repères utiles pour la réflexion : Objectif/Subjectif,
Sujet 3 : Sommes-nous responsables de l’avenir ? (bac philo 2021)
Notions du programme à mobiliser : la liberté, le temps
Ce sujet est assez général et peut donner lieu à des traitements divers. Je vais envisager ici deux manières possibles de problématiser le sujet. La notion de responsabilité est centrale et doit être défini. Etre responsable c’est être en capacité de répondre de ses actes, c’est-à-dire qu’on est capable de les justifier. En ce sens, l’idée de responsabilité est liée à l’idée de raison et de liberté car répondre de ses actes c’est donner des raisons, justifier un acte que nous avons choisi de faire. Si on nous demande de nous justifier c’est parce que l’on considère que nous avons fait le choix d’agir ainsi librement. L’idée d’avenir quant à elle fait ici référence à la notion du temps dans le programme et l’on peut déjà avoir en tête que l’avenir est ce qui n’existe pas encore objectivement.
Quelle problématique ? On peut d’abord remarquer que l’on ne peut, semble-t-il, être tenu pour responsable que de ce qui a déjà eu lieu. Si l’avenir est ce qui n’existe pas encore, comment pourrais-je en être tenu pour responsable ? Comment pourrais-je répondre et justifier ce qui n’existe pas encore ? A première vue, il semble donc que nous ne sommes pas responsables de l’avenir. Et pourtant, on ne peut pas nier que le présent est ce qui cause l’avenir. Ne devons nous alors pas être conscients que nous aurons à répondre de nos actes présents quand leurs effets seront connus ?
Deuxième problématique possible et complémentaire : Le sujet pose la question de savoir si nous sommes responsables de l’avenir, si nous répondons par l’affirmative, cela suppose que nous nous considérons comme les auteurs de l’avenir. En d’autres termes, si nous sommes responsables de l’avenir c’est que nous avons fait des choix libres qui sont causes de l’avenir. La question pourrait alors être : sommes-nous réellement libres au point de pouvoir être dits responsables de l’avenir ? Ou bien faudrait-il au contraire défendre l’idée que nous sommes plutôt déterminés par tout ce qui a précédé nos décisions. Nos choix et nos comportements, ne sont-ils pas eux-mêmes des effets inscrits dans une longue chaîne de causes à effets ? Alors, il semble difficile de dire que nous devrions répondre de ces actes dont nous ne sommes pas réellement les auteurs.
Quelques références possibles : Spinoza, Hans Jonas, Kant, Saint-Augustin
Quelques repères utiles pour la réflexion : Nécessaire/contingent, Essentiel/Accidentel