Une fiche de révision sur le bonheur

Réviser la notion de bonheur – philosophie

Dans cet article, je vais vous présenter la notion de bonheur qui est une des dix-sept notions du programme de philosophie en terminale.

Je vais d’abord faire un point sur la définition du bonheur et les principaux termes proches dont il faut le distinguer. Puis, je vais passer en revue quelques grandes problèmes possibles sur le bonheur. 

Définitions du bonheur en philosophie :

D’une manière générale, on peut définir le bonheur comme un état de satisfaction durable et global. Cet état de satisfaction durable sera à différencier du plaisir qui est un état de satisfaction éphémère en lien avec la satisfaction d’un besoin. Par exemple, si vous mangez du chocolat, cela peut vous faire plaisir, mais ça n’est pas cela qui va vous apporter le bonheur au sens strict.

De même, on peut distinguer le bonheur de la joie, car la joie est plutôt un état de satisfaction intense et éphémère. La joie c’est, par exemple, l’état dans lequel vous êtes quand vous réussissez un examen difficile. Cette explosion de joie est intense et heureusement éphémère car vous seriez très vite totalement épuisé.

Une fois ces bases posées, quels sont les grands problèmes philosophiques qui peuvent être posés sur le bonheur ? Je vais vous en donner quelques uns parmi les plus importants.

Les grandes problèmes sur le bonheur en philosophie

– Premier sujet : Faut-il satisfaire tous ses désirs pour être heureux ?

La notion de bonheur est souvent liée à celle du désir car on peut communément penser que satisfaire tous nos désirs va nous permettre d’atteindre le bonheur. En d’autres termes, être heureux ce serait satisfaire ses désirs. Le personnage de Calliclès dans le Gorgias de Platon défend ainsi que pour être heureux il faut désirer beaucoup et chercher à satisfaire tous ses désirs car c’est ainsi que l’on se sent vivant.

A cela Socrate répond que l’on se comporte alors comme un tonneau percé c’est-à-dire que dès que l’on a satisfait un désir, un nouveau apparaît et ainsi de suite. Or, le désir est un manque, tant que nous ne l’avons pas satisfait, il nous fait souffrir et comme le désir renaît sans cesse, nous sommes très souvent en manque. Alors, on peut se demander s’il faut vraiment désirer beaucoup et chercher à satisfaire tous ses désirs pour être heureux.

– Deuxième sujet : Le bonheur est-il un idéal inaccessible ?

En effet, le bonheur si on le définit comme un état de satisfaction durable et global semble être plutôt difficile à atteindre. On peut alors raisonnablement se demander si cet état est véritablement accessible.

Sur cette question, Kant répondra par exemple que le bonheur est bien inaccessible car c’est une idée qui relève de notre imagination et qui est pour cette raison souvent vague et imprécise. Nous avons une vague idée de ce qui nous rendra heureux, mais aucune définition claire et surtout aucune méthode pour y arriver. C’est pourquoi Kant a tendance à considérer le bonheur comme inaccessible.

Néanmoins, on pourrait lui opposer des auteurs, comme Epicure ou encore Epictète qui envisagent justement comment nous pourrions rationnellement modifier nos pensées et nos comportements pour être plus heureux.

–  Troisième sujet : Le bonheur dépend-il de nous ?

Une question classique sur le bonheur consiste en effet à s’interroger sur l’impact réel que nos choix et actions peuvent avoir sur notre bonheur. Faut-il penser comme le suggère l’étymologie que le bonheur est plutôt une question de chance ? Et que finalement nous avons peu d’impact sur notre bonheur car il dépend plutôt d’événements extérieurs ? Ou bien peut-on défendre comme le fait Epicure, que nous pouvons appliquer une méthode rationnelle pour être heureux ? Il s’agirait notamment, selon lui, de classer nos désirs afin de nous défaire des désirs nuisibles pour ne garder que les plus simples et sains. Je vous renvoie sur cette question à cette vidéo sur Epicure et le bonheur.

– Quatrième sujet : Le bonheur est-il le bien suprême ?

En effet, on peut penser que le bonheur est ce que chacun recherche le plus. Pourtant cela ne va pas tout à fait de soi en réalité. N’y a t -il pas des choses auxquelles nous allons donner plus de valeur que le bonheur ? Par exemple, ne peut-on pas dire que s’il faut choisir entre être heureux et être libre, nous préférons être libre ? 

Plus encore ne peut-on pas donner davantage d’importance au devoir moral qu’au bonheur ? Si bien que si notre devoir devait s’opposer à notre bonheur, nous choisirions de faire quand même notre devoir.

On peut sur cette question prendre l’exemple de la thèse de John Stuart Mill qui dit « Il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait ». John Stuart Mill défend, en effet, que même s’il est plus difficile d’être heureux quand on est un être doté de facultés supérieures, aucun être supérieur ne consentirait pour autant à être changé en un être moins intelligent pour être plus heureux.

Par exemple, un étudiant en philosophie trouvant de grandes satisfactions dans les lectures parfois difficiles et la découverte de philosophes n’acceptera jamais d’être changé en vache s’il est admis qu’une vache atteint le bonheur beaucoup plus facilement en broutant de l’herbe. 

De même, et pour prendre un autre exemple, un être humain doté d’une grande conscience morale qui se désespère de la destruction de la nature et des espèces animal, n’acceptera pas d’être changé en climato-sceptique juste parce que cela lui permettrait d’être plus heureux. Le bonheur est-il alors vraiment ce que nous recherchons le plus ?

Voilà pour cette notion de bonheur, si vous voulez voir cette article en vidéo, vous pouvez le faire ici. Pour d’autres notions du programme consultez cette page. Très bonne journée à vous.

liberté philosophie

Réviser la notion de liberté au programme de philosophie

Dans cet article, je vais vous présenter la notion de liberté qui est une des dix-sept notions du programme de philosophie en terminale.

Je vais d’abord envisager quelques définitions possibles du terme liberté. Il est important de connaître ces définitions car elles vont vous permettre de bien comprendre les sujets et leurs enjeux. Puis, nous verrons quelques grands problèmes philosophiques classiques sur cette notion.  

Les définitions de la liberté en philosophie

Communément quand on parle de liberté, on pense d’abord à la liberté d’action. Etre libre en ce sens ce serait avoir la possibilité de réaliser notre volonté sans contrainte ou obstacle. Je suis libre si rien ne m’empêche d’agir ou tout simplement je suis libre si je ne suis pas en prison. Mais peut-on en rester là ? Avoir la liberté d’action, est-ce vraiment et toujours être libre ?

En effet, celui qui tous les jours boit beaucoup trop peut-on vraiment dire qu’il est libre ? Ou n’est-il pas plutôt soumis à ses désirs et passions ?

On peut alors envisager une autre conception de la liberté : être libre ce serait être maître de soi-même, c’est-à-dire pouvoir résister à ses impulsions pour faire ce que dicte notre raison et qui est dans notre intérêt. En ce sens, l’alcoolique n’est pas libre car il n’arrive pas à se contrôler, il est soumis à son addiction.

Troisième définition possible de liberté : être libre ça n’est pas simplement avoir la possibilité d’agir mais également avoir la possibilité de choisir ce que l’on va faire. En d’autres termes, être libre c’est avoir le libre arbitre : c’est-à-dire la capacité de choisir et décider entre plusieurs choses sans être influencé.

A ce stade, nous avons vu trois conceptions possibles de la liberté en philosophie :

– la liberté d’action

– la liberté comme maîtrise de soi

– le libre arbitre

A cela on peut ajouter la liberté entendue comme autonomie.

L’autonomie c’est la capacité d’un individu à se donner ses propres règles. On dit souvent d’un enfant qu’il n’est pas autonome quand on considère qu’il n’est pas encore capable de savoir ce qui est bon pour lui et doit donc suivre les règles que ses parents lui demandent de suivre. Enfin la liberté est également une notion très importante dans le domaine politique.

On peut alors distinguer trois conceptions de la liberté en philosophie politique :

D’abord il y a la liberté civile : la liberté civile c’est la capacité de faire tout ce qui est autorisée par les lois. Par exemple, si la loi dit que vous avez le droit d’aller voter alors si quelqu’un essaie de vous en empêcher, vous pouvez faire appel à la police. En d’autres termes, la liberté civile se traduit pour le citoyen par des droits qui sont garantis par l’État. L’État vous garantit que vous pouvez faire ceci ou cela sans qu’aucun autre individu ne vienne vous en empêcher.

La liberté civile est à opposer à la liberté dite naturelle qui est la capacité de faire absolument tout ce que l’on veut sans aucune limite. Le problème est qu’assez vite si tout le monde fait absolument tout ce qu’il veut c’est la loi du plus fort qui règne et même le plus fort ne reste pas très longtemps libre. La liberté naturelle peut donc sembler intéressante et pourtant cela pourrait bien être une illusion.

Enfin, dernier sens possible de liberté : c’est la liberté politique que l’on peut aussi penser comme une forme d’autonomie politique. Un peuple a la liberté politique quand il se donne ses propres règles, c’est-à-dire qu’il choisit lui-même les lois auxquelles il va obéir. Vous comprenez que le régime qui permet la liberté politique est la démocratie. 

Voilà pour les définitions importantes.

Quelques grands problèmes philosophiques sur la liberté.

Premier grand problème : Sommes-nous réellement libres ? Ou bien sommes-nous au contraire déterminés ?

Ce problème porte essentiellement sur l’existence du libre arbitre. Avoir le libre arbitre nous l’avons vu, c’est pouvoir faire des choix sans être influencé en faisant usage de notre volonté et peut-être aussi de notre raison si nous avons réfléchi un minimum avant de faire notre choix.

Mais une telle capacité de choix existe-elle réellement ? Peut-on dire que nous faisons des choix rationnels sans être influencé et en optant pour ce qui nous semble le mieux pour nous par exemple ? Ou bien, faut-il admettre, qu’en réalité, nos choix sont tout à fait déterminés par notre environnement social, notre famille, nos amis ? Ou encore par nos expériences passées et les traces qu’elles ont laissé dans notre psyché ?

Un fervent défenseur du libre arbitre est le philosophe français du 17e siècle Renée Descartes qui dit : « La liberté de notre volonté se connaît sans preuve, par la seule expérience que nous en avons. ». En effet à ses yeux, il est évident que nous sommes libres car nous ressentons cette liberté quand nous devons prendre une décision. Nous savons qu’il dépend de nous de faire un choix ou un autre et que nous serons responsables de ce choix. Mais si nous sommes bien conscients que c’est nous qui faisons le choix, pouvons nous réellement affirmer que nous le faisons librement c’est-à-dire sans subir l’influence de notre passé ou de notre groupe social par exemple ?

Ainsi au contraire, pour Spinoza, nous n’avons pas le libre arbitre, mais nous avons l’illusion de l’avoir car nous sommes conscients des choix que nous faisons et des actions que nous entreprenons mais pas des causes profondes qui nous ont poussés à faire ces choix.

Deuxième problème classique sur la liberté :

A-t-on besoin d’apprendre à être libre ? ou bien peut-on dire que nous sommes libres spontanément ?

Il est alors question de décider si la liberté est quelque chose qui s’apprend et que l’on peut acquérir ou s’il s’agit de quelque chose d’inné. Sur cette question, il est possible de s’appuyer sur une thèse de Sartre, qui affirme que l' »homme est condamné à être libre ». Par là il veut dire notamment que l’homme ne choisit pas d’être libre ou non, car il ne choisit pas de naître. Il est jeté dans le monde sans l’avoir choisi, mais nous dit Sartre, une fois qu’il est au monde alors il est fondamentalement libre et responsable de ce qu’il devient quoi qu’il puisse en dire.  

A cette thèse de Sartre, on pourrait opposer une thèse défendue par Kant dans Qu’est-ce que les lumières ? Pour le philosophe allemand, la liberté n’est pas quelque chose qui va de soi pour les hommes. Au contraire, à ses yeux, la plupart des hommes, bien qu’ayant atteint l’âge adulte restent des mineurs c’est-à-dire qu’ils ne se servent pas de leur propre entendement et continuent de suivre sans réfléchir ce que les autorités du moment leur commandent de faire. En ce sens, il faudrait bien que les hommes apprennent à se servir de leur raison et sans cela ils ne sont pas réellement libres.

Troisième problème philosophie sur la liberté :

Un homme libre est-il nécessairement heureux ? Ou en d’autres termes, peut-on affirmer que la liberté va toujours nous apporter le bonheur ? ou bien faut-il au contraire défendre que l’on peut être libre et malheureux, voire que la liberté peut conduire au malheur ?

Pour traiter ce problème, on peut notamment penser au philosophe grec de l’antiquité Épicure pour qui être libre c’est notamment être maître de soi et savoir renoncer à certains désirs qui risquent de causer en nous des souffrances et des douleurs. Alors, à ces yeux, le sage libre est maître de ses désirs et n’est pas soumis à des peurs irrationnelles, ce qui le rend heureux.

Mais si l’on peut admettre que la liberté entendue comme maîtrise de soi nous rend heureux, en est-il de même du libre arbitre ? Si l’on en croit Sartre, cette capacité que nous avons de faire des choix peut aussi produire en nous une grande angoisse car pouvoir faire des choix ne signifie pas être sûr de faire les bons choix. Il n’est pas toujours facile d’être libre, car faire un choix c’est prendre le risque de se tromper. Nous sommes responsables de ce que nous devenons pour Sartre et cette responsabilité est source d’angoisse.

Enfin dernier problème classique sur la notion de liberté :

C’est un problème qui relève davantage de la philosophie politique : La liberté consiste t-elle à faire tout ce qui nous plaît ?

Ou en d’autres termes, est-ce que les lois auxquelles nous obéissons quand nous vivons en société sont des limites à notre liberté ? Ou bien faudrait-il au contraire les voir comme des conditions de notre liberté ?

En effet, si l’on prend la liberté au sens de liberté naturelle comme la possibilité de faire tout ce que nous voulons alors effectivement les lois apparaissent comme des limites à cette liberté.

Mais est-ce que la liberté naturelle est une liberté réelle ? Resterions nous libres très longtemps s’il n’y avait aucune loi et que la loi du plus fort régnait ? Sans doute pas très longtemps car nous serions rapidement soumis par une plus fort que nous.

Cette thèse est notamment défendue par Rousseau dans le Contrat social. A ses yeux, la seule liberté réelle est la liberté civile c’est-à-dire que nous sommes libres quand nous faisons ce qui est permis par les lois et nous sommes d’autant plus libres dans ce cas que l’État nous garantit qu’aucun autre individu ne va venir nous empêcher de faire ce que nous avons le droit de faire. Par exemple, nous avons le droit de posséder des biens et si un autre vient nous les prendre, nous pouvons faire appel à la police. La loi est donc en réalité une garantie de notre liberté car elle nous protège de ceux qui voudraient nous soumettre à leur volonté.

Néanmoins, qu’en est-il si les lois auxquelles nous obéissons ne sont pas décidées par le peuple, mais par un roi ou par une minorité d’individu qui détiennent le pouvoir ? Alors est-ce que les lois ne sont pas effectivement des limites à notre liberté et n’aurions nous pas le droit voire même le devoir d’y désobéir ? C’est ce que défend le philosophe américain du 19e siècle Henry David Thoreau dans son Essai intitulé De la désobéissance civile.

Voilà pour cette notion de liberté, si vous voulez voir cette article en vidéo, vous pouvez le faire ici. Pour d’autres notions du programme consultez cette page. Très bonne journée à vous.