Qu’est-ce que le libre arbitre ?

Ce concept de libre arbitre, est forgé à l’origine par Saint Augustin dans le but de justifier l’idée que l’homme est seul responsable du péché.

Cette idée s’inscrit dans un débat plus large sur la nature du mal et sa relation avec la divinité. Saint Augustin cherchait à démontrer que, même si le mal existe dans le monde, cela ne signifie pas que Dieu en est la cause, car Dieu est bon et juste. Selon lui, le péché est le résultat des choix libres de l’homme, et non d’une influence divine. Augustin soutient que Dieu a créé l’homme avec la capacité de choisir entre le bien et le mal. Ainsi, la responsabilité du péché incomberait uniquement à l’humain, et non à Dieu.

Nous avons le libre arbitre selon Descartes

Descartes, philosophe français du 17e siècle, reprend cette idée et entend démontrer que nous avons bien un libre arbitre c’est-à-dire que nous pouvons faire des choix librement en usant de notre volonté.

Il dit ainsi dans Les Méditations Métaphysiques Livre IV : « Elle (La liberté de la volonté) consiste seulement en ce que nous pouvons faire une même chose ou ne la faire pas, c’est-à-dire affirmer ou nier, poursuivre ou fuir une même chose; ou plutôt elle consiste seulement en ce que, pour affirmer ou nier, poursuivre ou fuir les choses que l’entendement nous propose, nous agissons de telle sorte que nous ne sentons point qu’aucune force extérieure nous y contraigne. ». Cette liberté est fondamentale pour Descartes car c’est cette faculté qui fait toute la dignité humaine. En effet, Cette liberté, qui serait dans l’âme humaine, fait que nous ressemblons d’une certaine façon à Dieu.

Tous les hommes portent l’image de Dieu dans la mesure où nous avons cette liberté de choix illimitée, qui consiste essentiellement à vouloir ou à ne pas vouloir. Quand nous exerçons notre libre volonté, nous sommes à l’image de dieu.

Pour Descartes, cela nous distingue des animaux. En effet, pour lui, les animaux obéissent à des instincts qui sont innés, ils ne les ont pas choisi et sont déterminés à se comporter de certaines manières. L’homme, en revanche, peut se décider par lui-même, il n’est pas complètement soumis à ses instincts. Cela ne signifie pas que l’homme est tout-puissant. Par exemple, il ne peut pas décider de se mettre à voler. Il n’a pas une toute-puissance, mais il peut diriger sa volonté où il le souhaite.

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Mais n’est-ce pas une illusion ?

Pour Spinoza, nous avons tendance à nous moquer des hommes et à les juger durement car nous croyons à la toute puissance du libre arbitre.

Nous pensons que l’homme est libre et donc pleinement responsable de ses choix, là où, en réalité, les hommes sont déterminés par les circonstances et par leurs passions. C’est ce que dit Spinoza dans l’Éthique, les hommes croient être libres car ils n’ont pas conscience des causes qui les déterminent. Ils ne voient pas à quel point, ils sont influencés par des causes antérieures qui agissent sur nos choix. La conséquence de cette illusion, pour Spinoza, est que nous avons tendance à émettre des jugements moraux sur la conduite des autres, en les louant ou en les blâmant, car nous les pensons pleinement responsables de leurs actes. Nous allons également nous indigner, pleurer ou nous moquer face à ce que nous pensons être un mauvais usage du libre arbitre. Mais, pour Spinoza, ces jugements et ces réactions émotionnelles n’ont pas grand sens et il vaut mieux philosopher et chercher à comprendre la nature humaine plutôt que de blâmer les hommes pour des comportements qu’ils n’ont pas choisi.

Texte de Spinoza sur la critique du libre arbitre :

« Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu’elle continue de se mouvoir, pense et sache qu’elle fait effort, autant qu’elle peut, pour se mouvoir. Cette pierre assurément, puisqu’elle a conscience de son effort seulement et qu’elle n’est en aucune façon indifférente, croira qu’elle est très libre et qu’elle ne persévère dans son mouvement que parce qu’elle le veut. Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leur appétits et ignorent les causes qui les déterminent. Un enfant croit librement appeter le lait, un jeune garçon irrité vouloir se venger et, s’il est poltron, vouloir fuir. Un ivrogne croit dire par un libre décret de son âme ce qu’ensuite, revenu à la sobriété, il aurait voulu taire. De même un délirant, un bavard, et bien d’autres de même farine, croient agir par un libre décret de l’âme et non se laisser contraindre. Ce préjugé étant naturel, congénital parmi tous les hommes, ils ne s’en libèrent pas aisément. Bien qu’en effet l’expérience enseigne plus que suffisamment que, s’il est une chose dont les hommes soient peu capables, c’est de régler leurs appétits et, bien qu’ils constatent que partagés entre deux affections contraires, souvent ils voient le meilleur et font le pire, ils croient cependant qu’ils sont libres, et cela parce qu’il y a certaines choses n’excitant en eux qu’un appétit léger, aisément maîtrisé par le souvenir fréquemment rappelé de quelque autre chose. » Spinoza, Lettre 58 à Schuller

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