Citation de Spinoza sur le déterminisme

Spinoza, dans cette Lettre, montre en prenant l’exemple d’une pierre qui devient consciente alors qu’elle est en l’air et vole, que les hommes croient être libres parce qu’ils ignorent les causes qui les poussent. Tout comme la pierre, ils ont été poussés mais comme ils n’en sont pas conscients, ils se croient libres. C’est la thèse déterministe qui défend l’idée que les hommes sont déterminés par leur génétique, leur psychologie, leur milieu social, le monde physique et n’ont en réalité pas de libre arbitre.

Texte de Spinoza :

« une pierre par exemple reçoit d’une cause extérieure qui la pousse, une certaine quantité de mouvement et, l’impulsion de la cause extérieure venant à cesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement. Cette persistance de la pierre dans le mouvement est une contrainte, non parce qu’elle est nécessaire, mais parce qu’elle doit être définie par l’impulsion d’une cause extérieure. Et ce qui est vrai de la pierre il faut l’entendre de toute chose singulière, quelle que soit la complexité qu’il vous plaise de lui attribuer, si nombreuses que puissent être ses aptitudes, parce que toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d’une certaine manière déterminée. Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu’elle continue de se mouvoir, pense et sache qu’elle fait effort, autant qu’elle peut, pour se mouvoir. Cette pierre assurément, puisqu’elle a conscience de son effort seulement et qu’elle n’est en aucune façon indifférente, croira qu’elle est très libre et qu’elle ne persévère dans son mouvement que parce qu’elle le veut. Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leur appétits et ignorent les causes qui les déterminent. Un enfant croit librement appeter le lait, un jeune garçon irrité vouloir se venger et, s’il est poltron, vouloir fuir. Un ivrogne croit dire par un libre décret de son âme ce qu’ensuite, revenu à la sobriété, il aurait voulu taire. De même un délirant, un bavard, et bien d’autres de même farine, croient agir par un libre décret de l’âme et non se laisser contraindre. »

Baruch Spinoza (1632-1677),  Lettre 58 à Schuller (1674).

Apologie de Socrate

Résumé de l’apologie de Socrate

"Il me semble donc qu'en cela du moins je suis un peu plus sage, que je ne crois pas savoir ce que je ne sais point". Socrate dans l'Apologie de Socrate de Platon

Cette œuvre qui est une des plus lue de Platon se présente comme le rapport des allocutions que Socrate aurait prononcées devant ses juges avant et après sa condamnation. L’Apologie de Socrate s’inscrit dans la première partie de l’œuvre de Platon à savoir celle des dialogues socratiques. Elle est antérieure aux grands dialogues comme Le Phédon et Le Banquet. L’Apologie de Socrate n’est probablement pas un compte rendu exact des propos de Socrate mais une création philosophique inspirée du réel sauf pour le dernier discours qui est fort improbable. Il s’agit davantage de Socrate défendu par Platon que la défense de Socrate par lui-même.

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Contexte : En l’an 399 avant notre ère, une accusation capitale fut lancée contre Socrate : elle entraîna sa condamnation puis sa mort. Il avait alors 70 ans. C’est à cette accusation qu’est censée répondre « l’Apologie de Socrate » de Platon.

L’Apologie se divise en trois parties :  

Dans la première partie, Socrate se défend contre ses accusateurs. Dans la seconde, il propose une peine qui lui paraît juste car il a été jugé coupable ; dans la troisième, il indique aux juges qui l’ont condamné les dommages que cette décision pourrait leur causer et il s’entretient avec ceux qui l’ont acquitté sur les sujets de la mort et de l’au-delà.

PREMIÈRE PARTIE : La défense de Socrate

Socrate affirme qu’il est  entièrement ignorant de la façon dont il faut parler devant les tribunaux. Il se contentera donc de dire la vérité en parlant comme il le fait habituellement. Il indique ensuite les deux grandes divisions de son propos : il répondra d’abord aux attaques  anciennes propagées depuis longtemps contre lui ; il examinera ensuite les plaintes récentes de ses accusateurs.

On l’accuse depuis des années de remettre en cause les croyances religieuses,  on l’accuse aussi de  renverser les valeurs de la société et d’enseigner aux jeunes à le faire aussi. En effet, le philosophe puisqu’il pose des questions a tendance à questionner les traditions et à les mettre en danger. Son activité ne plaît donc pas à ceux qui veulent que les traditions perdurent sans se demander si elles sont bonnes.

D’où viennent donc ces rumeurs qui se sont propagées sur son compte ? C’est qu’un jour, ayant été proclamé le plus sage des hommes par l’oracle de Delphes, il a voulu vérifier ce qui lui avait été révélé. Il se mis alors à interroger les concitoyens qui étaient considérés comme les plus sages : les hommes d’État, les poètes, puis les artisans. Il a découvert que ces personnes prétendaient avoir des connaissances mais que finalement ils étaient aussi ignorants que lui.  Il a ainsi reconnu qu’il était plus sage qu’eux puisqu’ il ne croyait pas savoir ce qu’il ignorait. C’est pour cela que l’on attribue à Socrate cette phrase devenue symbole du philosophe « je sais que je ne sais pas ». Les différents interlocuteurs de Socrate se sont sentis « ridiculisés » et ils sont à l’origine de la mauvaise réputation de Socrate.    

Socrate se défend ensuite contre les accusations récentes  de Mélétos, Anytos et Lycon.  Il entreprend de faire voir aux juges qu’il ne s’est jamais préoccupé de l’éducation de la jeunesse. Il montre ensuite que Mélétos se contredit quand il l’accuse d’athéisme. Socrate procède alors comme à son habitude en posant des questions habiles qui poussent son adversaire à se contredire.

Il apparaît alors que cette façon qu’a Socrate de poser des questions et donc de faire de la philosophie le met en danger. Néanmoins il continue à poser des questions et à remettre en question les opinions reçues car il s’est donné comme mission d’aider ses concitoyens à s’améliorer sur le plan moral. Il se compare à un « taon » qui pique les Athéniens pour les inciter à réfléchir. Cependant lui demande-t-on s’il veut servir les intérêts de ses concitoyens, pour quelle raison ne fait il pas de la politique ? Socrate répond que sa conscience l’en a détourné, et avec raison ; car avec sa franchise et son attachement aux lois, il n’aurait pas vécu longtemps.

Socrate a dit ce qu’il avait à dire pour sa défense. Il n’en dira pas plus : il ne recourra pas, comme les autres accusés, à des supplications qui sont indignes de lui et indignes des juges, lesquels ne doivent pas céder à la pitié, mais n’écouter que la justice et leur raison. Il s’en remet donc aux juges et à Dieu pour décider ce qu’il y a de mieux pour eux et pour lui.

DEUXIÈME PARTIE : la condamnation de Socrate

Après cette défense, les juges votèrent et Socrate fut déclaré coupable par une courte majorité de soixante voix. Dans les procès comme celui-ci, la loi ne fixait pas la peine, c’était donc l’accusateur qui en proposait une, et l’accusé, s’il était déclaré coupable, en proposait une autre. Le jury choisissait alors l’une ou l’autre, sans pouvoir proposer une autre peine. Ceux qui accusaient Socrate demandèrent la mort. Socrate fût invité à fixer sa peine, mais il considéra, lui, qu’au lieu d’une peine, ses services méritaient une récompense, et il demanda à être nourri gratuitement aux frais de la Cité. Néanmoins, il accepte finalement de verser une amende sous la pression de ses amis qui proposent de verser l’argent. Ces amis veulent lui éviter la mort.

TROISIÈME PARTIE : Discours après sa condamnation

Socrate est finalement condamné à mort. Socrate s’adresse alors une dernière fois aux juges. Il s’adresse d’abord à ceux qui l’ont condamné. Il considère qu’ils se rendent alors coupable d’un crime inutile. Il s’adresse ensuite à ceux qui ont voté en sa faveur et les rassure sur son sort. La mort, leur dit-il, n’est pas un mal pour lui. Pourquoi craindrait-il la mort ? Si c’est un sommeil, c’est un bonheur. Si c’est un passage dans un autre lieu, où l’on doit rencontrer les héros des temps passés, quel plaisir ce sera de converser avec eux ! Il dit donc ne pas avoir de ressentiment contre ceux qui l’ont condamné. Enfin, avant de prendre congé d’eux, il recommande aux Athéniens de traiter ses enfants comme il a traité lui-même ses concitoyens.

Citation d'Epictète

Citation d’Epictète

Citation d'Epictète

Epictète est un stoïcien et en bon stoïcien, il développe une philosophie qui a pour but de nous aider à être indépendant des circonstances et événements qui ont lieu dans notre vie. Selon lui, ce qui nous affecte et peut nous faire perdre le contrôle, ce ne sont pas réellement les événements tragiques de notre vie mais la manière dont nous jugeons ces événements. Si nous disons « c’est une catastrophe, je ne m’en remettrai jamais », ça n’est pas du tout la même chose que si nous considérons que « cet événement est dans le cours des choses et j’irai mieux bientôt ». Ainsi, pour Epictète, notre bonheur ne dépend pas de ce qui nous arrive mais de ce que nous pensons sur ce qui nous arrive.

Texte d’Epictète :

I. 1. Il y a des choses qui dépendent de nous ; il y en a d’autres qui n’en dépendent pas. Ce qui dépend de nous, ce sont nos jugements, nos tendances, nos désirs, nos aversions : en un mot, toutes les œuvres qui nous appartiennent. Ce qui ne dépend pas de nous, c’est notre corps, c’est la richesse, la célébrité, le pouvoir ; en un mot, toutes les œuvres qui ne nous appartiennent pas. 2. Les choses qui dépendent de nous sont par nature libres, sans empêchement, sans entraves ; celles qui n’en dépendent pas, inconsistantes, serviles, capables d’être empêchées, étrangères. 3. Souviens-toi donc que si tu crois libre ce qui par nature est servile, et propre à toi ce qui t’est étranger, tu seras entravé, affligé, troublé, et tu t’en prendras aux Dieux et aux hommes. Mais, si tu crois tien cela seul qui est tien et étranger ce qui t’est en effet étranger, nul ne pourra jamais te contraindre, nul ne t’entravera ; tu ne t’en prendras à personne, tu n’accuseras personne, tu ne feras rien malgré toi ; nul ne te nuira, tu n’auras pas d’ennemi, car tu ne souffriras rien de nuisible. […]

II. 1. Souviens-toi que le vœu du désir est d’obtenir ce dont il a désir, que le vœu de l’aversion est de ne pas tomber sur l’objet de son aversion. Or, celui qui n’obtient pas ce qu’il désire est infortuné, et celui qui tombe sur l’objet qu’il a en aversion est malheureux. Si donc tu n’as en aversion, dans ce qui dépend de toi, que de ce qui est contraire à la nature, tu ne tomberas sur aucun objet d’aversion. Mais si tu as de l’aversion pour la maladie, la mort ou la pauvreté, tu seras malheureux. 2. Retire donc ton aversion de tout ce qui ne dépend point de nous, et reporte-la, dans ce qui dépend de nous, sur tout ce qui est contraire à la nature. Quant au désir, supprime-le absolument pour l’instant. Car si tu désires quelqu’une des choses qui ne dépendent pas de nous, nécessairement tu seras malheureux. Et quant aux choses qui dépendent de nous et qu’il est beau de désirer, il n’en est aucune qui soit encore à ta portée. […]

V. Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur les choses. Ainsi, la mort n’est rien de redoutable, puisque, même à Socrate, elle n’a point paru telle. Mais le jugement que nous portons sur la mort en la déclarant redoutable, c’est là ce qui est redoutable. Lorsque donc nous sommes traversés, troublés, chagrinés, ne nous en prenons jamais à un autre, mais à nous-mêmes, c’est-à-dire à nos jugements propres. […]

VIII. Ne demande pas que ce qui arrive arrive comme tu veux. Mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux. […]

Extraits du Manuel d’Epictète (IIème siècle ap. JC)

Méthode à suivre étapes par étapes pour réussir sa dissertation de philosophie. Je prends l'exemple d'un sujet sur la liberté et le bonheur.

Etapes pour réussir sa dissertation de philosophie

Méthode à suivre étapes par étapes pour réussir sa dissertation de philosophie. Je prends l’exemple d’un sujet sur la liberté et le bonheur.

Dissertation de philosophie : « Un homme libre est-il nécessairement heureux ? »

Travail au brouillon pour la dissertation de philosophie :

1- Faire venir les idées/ à quoi vous fait penser ce sujet : héros, films, partie du cours, auteurs etc

2 – Analyser le sujet : Définir les termes du sujet : (cf index définitions à la fin)

Ecrire les définitions des termes qui vont être utiles et si elles vont vous permettre de répondre plutôt oui ou plutôt non au sujet ou si cela peut être les deux.

3 – Listez les références utilisables dans le cours :

4- Listez les arguments pour et contre

Organiser votre plan à partir de cela en suivant la forme thèse/antithèse/thèse

5- Formulez la problématique

Rappel pour la structure de la problématique de la dissertation de philosophie :

A première vue, nous pourrions dire que ………………………… (thèse 1) car si (définition)

alors ……  (réponse au sujet)

Mais nous pourrions au contraire dire que …………………………….. (thèse 2)  car si ………………………….(définition)

alors ……  (réponse au sujet)

6- Rappel de la structure de l’intro

– Accroche

– Problématique

– Rappel du sujet

– Annonce du plan

7 – Faire une Accroche

Prenez soit une citation (cf citations possibles à la fin), soit un exemple concret pour introduire le sujet. Si vous prenez une citation elle doit avoir un rapport avec le sujet et vous devez l’expliquer avec vos mots (pas les miens). Si vous prenez un exemple, montrez comment il pourrait répondre au sujet.

Index Définitions utiles :

Définitions de la liberté :

Libre arbitre : avoir la possibilité de choisir entre une chose et son contraire sans être influencé.

Liberté d’action : avoir la possibilité d’aller où on le souhaite sans être contraint c’est-à-dire sans être contraint par une force physique.

Indépendance : être capable de subvenir seul à ses besoins

Autonomie : être capable de se donner ses propres règles sans avoir à suivre les ordres d’un autre. Etre moral c’est-à-dire suivre les règles que nous donne notre conscience morale.

Maitrise de soi-même : être capable de ne pas céder à certains de ses désirs ou certaines de ses passions s’ils ne sont pas bons pour nous. Ex : un alcoolique n’est pas maître de lui-même.

Liberté absolue ou naturelle : C’est la liberté de l’état de nature, être absolument libre c’est avoir la possibilité de faire absolument tout ce que l’on veut.

Définitions du bonheur :

Le bonheur au sens de plénitude : être heureux, c’est un état de satisfaction durable et global qui provient d’un jugement sur notre existence en générale.

Le bonheur selon Calliclès : C’est désirer toujours davantage et remplir sa vie de plaisirs.

Le bonheur au sens d’absence de douleur : être heureux c’est ne ressentir ni souffrance dans le corps ni souffrance dans l’âme (inquiétudes). Définition d’Epicure, philosophe latin de l’antiquité.

La joie : C’est le sentiment d’intense satisfaction que l’on ressent quand on a réussi quelque chose qui a demandé des efforts. La joie est donc plus intense que le bonheur, mais aussi de plus courte durée.

Le plaisir : état de satisfaction éphémère souvent lié à la satisfaction d’un désir matériel ou non.

Index Citations possibles :

Le Bonheur :

« Le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l’imagination » Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs.

Selon Kant, il faut distinguer deux facultés intellectuelles, la raison et l’imagination. La raison est la faculté d’enchainer des propositions de manières logique, elle fait des raisonnements. Au contraire, l’imagination va créer des images à partir de ce que nous avons déjà senti, mais de manière imprécise et vague. Dire que le bonheur est une idée de l’imagination signifie donc que nous n’en avons pas une idée claire mais plutôt fantasmée et qu’il va donc être difficile pour nous d’atteindre ce bonheur. Cela serait beaucoup plus simple si le bonheur était une idée de la raison car nous aurions alors une méthode logique pour atteindre le bonheur.

« La vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui ». Schopenhauer, Le Monde comme Volonté et comme Représentation, Livre IV, §56-57

Selon Schopenhauer, le bonheur est impossible à atteindre réellement à cause du désir. En effet, quand nous désirons nous souffrons de ne pas avoir encore ce que nous voulons et quand nous avons ce que nous désirons, nous sommes finalement très rapidement habitué et nous sombrons donc dans l’ennui ».

« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, ce sont les jugements qu’ils portent sur les choses ». Epictète, Manuel, V

Epictète est un stoïcien et en bon stoïcien, il développe une philosophie qui a pour but de nous aider à être indépendant des circonstances et événements qui ont lieu dans notre vie. Selon lui, ce qui nous affecte et peut nous faire perdre le contrôle, ce ne sont pas réellement les événements tragiques de notre vie mais la manière dont nous jugeons ces événements. Si nous disons « c’est une catastrophe, je ne m’en remettrai jamais », ça n’est pas du tout la même chose que si nous considérons que « cet événement est dans le cours des choses et j’irai mieux bientôt ».

La Liberté :

« L’homme est condamné à être libre ». Sartre, L’existentialisme est un humanisme

Selon Sartre, l’homme est condamné à être libre parce que d’abord il ne choisit pas de venir au monde. Mais une fois qu’il est au monde alors tout ce qu’il va faire est de sa responsabilité ou en d’autres termes, il choisit ce qu’il fait de sa vie. Sartre considère que l’homme est absolument libre et que ceux qui prétendent ne pas l’être en se cherchant des excuses sont de mauvaise foi.

Dans cet article je vous donne un exemple d'explication de texte philosophique en commençant par l'introduction.

Exemple d’explication de texte philosophique

Dans cet article je vous donne un exemple d’explication de texte philosophique en commençant par l’introduction. Vous pouvez retrouver la méthode de l’introduction ici, dans ce podcast, ou encore en vidéo ici. Vous trouverez ensuite un exemple de développement d’explication de texte. Je précise à chaque fois entre parenthèses à quoi ce passage correspond par rapport à la méthode du développement de l’explication de texte que vous pouvez retrouver dans cet article.

Texte de Spinoza : «On pense que l’esclave est celui qui agit par commandement et l’homme libre celui qui agit selon son bon plaisir. Cela cependant n’est pas absolument vrai, car en réalité être captif de son plaisir et incapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c’est le pire esclavage, et la liberté n’est qu’à celui qui de son entier consentement vit sous la seule conduite de la Raison. Quant à l’action par commandement, c’est-à-dire à l’obéissance, elle ôte bien en quelque manière la liberté, elle ne fait cependant pas sur-le-champ un esclave, c’est la raison déterminante de l’action qui le fait. Si la fin de l’action n’est pas l’utilité de l’agent lui-même, mais de celui qui la commande, alors l’agent est un esclave, inutile à lui-même ; au contraire, dans un Etat et sous un commandement pour lesquels la loi suprême est le salut de tout le peuple, non de celui qui commande, celui qui obéit en tout au souverain ne doit pas être dit un esclave inutile à lui-même, mais un sujet. Ainsi cet Etat est le plus libre, dont les lois sont fondées en droite Raison, car dans cet Etat chacun, dès qu’il le veut, peut être libre, c’est-à-dire vivre de son entier consentement sous la conduite de la Raison.» Spinoza, Traité théologico-politique – chap. XVI §§ 9-11

Exemple d’introduction de l’explication de texte

Dans ce texte de Spinoza extrait du Traité théologico-politique, il est question des liens entre obéissance et liberté. [Thème]. Le problème auquel l’auteur entend répondre est le suivant : l’obéissance est-elle nécessairement contraire à la liberté ? En d’autres termes, est-ce qu’obéir c’est toujours être esclave ? Ou bien y a-t-il des circonstances où obéir c’est être libre ? [Formulation du problème (alternative) auquel répond l’auteur].  Dans ce texte, Spinoza cherche à démontrer que l’obéissance n’est pas toujours contraire à la liberté et que donc on peut être libre en obéissant aux commandements de l’Etat si ceux-ci sont rationnels et donc dans notre intérêt. [Thèse de l’auteur]. Dans un premier temps des lignes 1 à 4, Spinoza énonce une opinion commune qu’il va ensuite réfuter en défendant qu’être libre c’est plutôt obéir à sa propre raison. Puis dans un second temps des lignes 4 à 8, Spinoza énonce sa thèse selon laquelle l’obéissance ôte une certaine liberté, mais pas toute forme de liberté et donc ne fait pas nécessairement de celui qui obéit un esclave. Enfin des lignes 8 à la fin du texte, Spinoza conclut en montrant comment sa thèse peut être défendue au niveau politique pour justifier l’obéissance du sujet envers l’Etat. [Découpage des différentes parties du texte, précision de l’argumentation et explication rapide du contenu].

▶️ Un autre exemple d’introduction en vidéo ci-dessous:

Exemple d’explication du début du texte

Vous trouverez à chaque fois précisé entre crochets à quel élément de la méthode ce passage correspond. Pour rappel, dans le développement vous devez : 1-Clarifier, 2-Justifier, 3-Dire ce que fait l’auteur d’un point de vue argumentatif, 4-Faire une objection (facultatif). J’ai remis le détail de ces 4 opérations à la fin de cet article.

NB : Ce texte est un peu court, un sujet de bac pourrait être plus long, j’ai choisi un texte court pour que cela soit plus digeste. L’essentiel est que vous compreniez la méthode et les différentes opérations que vous devez faire pendant votre explication.

Première partie du développement :

*évidemment, vous ne mettez pas de titre dans vos copies, je le fais ici uniquement pour faciliter la lecture.

« Spinoza commence par formuler une opinion commune, c’est-à-dire ce que diraient la plupart des gens sans y avoir particulièrement réfléchi [3-Dire ce que fait l’auteur : ici il formule une opinion commune]. Nous pouvons penser qu’il s’agit d’une opinion commune car l’auteur dit « On pense que », et non « Je pense ». Le « On » ici désigne donc vraisemblablement les gens en général. Selon lui, les hommes pensent communément que « l’esclave est celui qui agit par commandement ». Il veut dire par là qu’on pense qu’un homme est un esclave, c’est-à-dire quelqu’un qui n’a aucune liberté et est soumis à un autre, s’il agit en suivant le commandement d’un autre. Celui qui  « agit par commandement » c’est celui qui agit en suivant les ordres d’un autre. [1-Clarifier : vous voyez ici que j’ai défini ce qu’est un esclave et reformulé un morceau de phrase dont le sens n’était pas évident]. De même, selon lui, on pense communément, qu’au contraire, l’homme libre est « celui qui agit selon son bon plaisir ». Cela signifie, qu’en général, on considère qu’être libre c’est faire ce qui nous plaît ou encore laisser libre cours à nos envies ou à nos désirs. Il attribue donc à l’opinion commune une définition de la liberté comme liberté d’action selon laquelle être libre c’est agir comme on veut. [1-Clarifier : j’ai précisé qu’il y a là une certaine définition de la liberté]. A première vue, une telle conception de la liberté peut sembler effectivement évidente car on peut défendre que, celui qui fait ce qui lui plaît, est effectivement plus libre qu’un esclave ou un prisonnier par exemple. L’esclave ou le prisonnier n’ont pas la liberté d’action, ils sont enfermés ou entravés. [2-Justifier – j’explique pourquoi l’opinion commune n’est pas si absurde].

[Retour à la ligne + alinéa car vous passez à une autre étape de l’argumentation] Néanmoins, Spinoza va s’opposer à cette première conception de la liberté et de l’esclavage, en proposant une autre définition de la liberté et de l’esclavage. Il réfute donc l’opinion commune : « Cela cependant n’est absolument pas vrai ». [3-Dire ce que fait l’auteur : une réfutation]. Spinoza explique donc ce qu’est, pour lui, l’esclavage véritable :  » être captif de son plaisir et incapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c’est le pire esclavage ».  Pour Spinoza, être esclave c’est donc avant tout être soumis à ses propres plaisirs et désirs, ne pas pouvoir y résister, au point que l’on risque de faire des choses qui finalement sont nuisibles pour nous. Par exemple, on peut penser que quelqu’un qui boit trop d’alcool et ne peut s’en passer est esclave de ce plaisir car il n’arrive pas à s’en passer et pourtant ce plaisir est mauvais pour lui. [1-Clarifier : ici j’ai reformulé la phrase et donné un exemple]. Spinoza va ensuite donner sa définition de la liberté : « et la liberté n’est qu’à celui qui de son entier consentement vit sous la seule conduite de la Raison. ». L’auteur propose donc une nouvelle conception de la liberté qui consiste en une certaine maîtrise de soi. Etre réellement libre, à ses yeux, c’est être capable de réfléchir à ce qui est le mieux pour nous et d’agir en suivant ce que nous a dit notre raison. Ainsi, nous savons qu’il est dans notre intérêt de réviser notre philo et nous le faisons. [1-Clarifier : reformulation + définition de la liberté + exemple]. En effet, nous voyons que l’homme qui satisfait toujours tous ses désirs n’est pas libre, car il n’est pas en mesure de choisir, il cède seulement à son désir. De ce fait, il ne fait pas ce qui est vraiment dans son intérêt. [2-Justifier/Argumenter en faveur de l’auteur].

Deuxième partie du développement

(A venir) – Suivez moi sur Instagram pour des fiches sur les notions et des conseils de méthode !

Troisième parti du développement

J’espère que cet exemple d’explication de texte philosophique vous aura aidé à mieux comprendre la méthode.

Si vous souhaitez voir des exemples d’introductions de dissertation de philosophie c’est ici.

Rappel de méthode : Les différentes opérations à faire dans le développement

Afin de clarifier la méthode, je vais distinguer quatre opérations principales que vous devez apprendre à faire pour bien réaliser votre explication de texte de philosophie. Attention, j’ai mis des numéros pour que vous puissiez identifier ces différentes opérations plus facilement mais cela ne signifie pas qu’il faut les faire dans cet ordre. Souvent vous aller commencer par l’étape de clarification du texte, mais ça ne sera pas toujours le cas.

1- On peut appeler cette première opération, l’étape de clarification du texte. La première chose à faire est de montrer que vous avez compris le sens de la phrase ou de l’expression que vous expliquez. Cela signifie que si c’est une phrase un peu difficile à comprendre (comme cela peut être souvent le cas dans un texte de philosophie), vous avez le droit de faire de la bonne paraphrase, c’est-à-dire reformuler le passage de manière plus claire. Il ne faut pas en rester là néanmoins, il est également très important de définir les termes importants du texte et c’est absolument nécessaire si ce sont des notions du programme comme temps, bonheur etc… Enfin, il est bienvenu afin de rendre le texte plus clair et de montrer que vous l’avez bien compris de prendre un exemple pour illustrer ce que dit l’auteur. Les passages concernés sont suivis de : (1-Clarifier)

 2- Il faut ensuite montrer pourquoi l’auteur affirme ce qu’il affirme, c’est-à-dire justifier, argumenter ses propos, montrer pourquoi il a raison de dire ce qu’il dit notamment à l’aide de connaissances acquises en cours, et donc en quelque sorte prendre sa défense face à des objections éventuelles (là, on est sûr de ne pas faire de paraphrase, mais il faut veiller à ne pas trop s’éloigner du texte). Vous pouvez même formuler une éventuelle objection et montrer comment l’auteur y répond déjà dans son texte. Les passages qui correspondent à cette opération sont suivis de (2-Justifier)

3- Quand vous expliquez un texte de philosophie, un des objectifs est de faire ressortir clairement ce que fait l’auteur, c’est-à-dire la manière dont il construit son argumentation afin de justifier la validité de sa thèse. Il est donc très important de préciser régulièrement à quel élément du texte nous avons affaire ici. Est-ce la thèse, un exemple, un premier argument, l’opinion commune et sa réfutation ? Il s’agit essentiellement de montrer comment chaque élément du texte permet à l’auteur d’avancer dans l’argumentation de sa thèse. Dans l’exemple d’explication de texte de philosophie, cette opération est notée : (3-Dire ce que fait l’auteur)

4- Enfin, dans l’explication de texte, vous avez la possibilité de faire un paragraphe d’objection qui peut être appuyé sur la référence à un autre auteur qui soutient une thèse ou une argumentation différente. Il n’est pas nécessaire de faire une objection dans chaque partie, mais il est nécessaire qu’il y ait au moins une objection dans tout le devoir. Bien entendu, cette objection doit être argumentée et il faut absolument éviter de dire que l’auteur n’a rien compris, ou se contredit, car cela montre en général que c’est l’étudiant qui n’a pas compris le texte. Cette opération est notée : (4-Objection).

Quelques citations philosophiques classées en suivant les notions du programme de philosophie en terminale.

Quelques citations philosophiques

Quelques citations philosophiques classées en suivant les notions du programme de philosophie en terminale.

Le Bonheur :

« Le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l’imagination », Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs.

« Carpe Diem », Horace (65-8 av JC), Odes

« La vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui ». Schopenhauer, Le Monde comme Volonté et comme Représentation, Livre IV, §56-57

« Nous ne vivons jamais, mais espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais », Pascal (1623–1662), Pensées

« Nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de l’instant présent ne pourrait exister sans la faculté d’oubli », Nietzsche, Seconde considération inactuelle.

« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, ce sont les jugements qu’ils portent sur les choses », Epictète, Manuel, V

« Il n’y a qu’une route vers le bonheur, c’est de renoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre volonté. »,Épictète (50–125), Entretiens

« C’est un grand bien à notre avis que de se suffire à soi-même, non qu’il faille toujours vivre de peu, mais afin que si l’abondance nous manque, nous sachions nous contenter du peu que nous aurons. », Epicure, Lettre à Ménécée

La Liberté :

Quelques citations philosophiques d’auteurs centraux du programme sur le thème de la liberté.

« Les hommes se croient libres pour cette seule cause qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par où ils sont déterminés. », Spinoza (1632–1677), Lettre à Schuller

« L’homme est condamné à être libre », Sartre, L’existentialisme est un humanisme

« L’homme est né libre et partout il est dans les fers », Rousseau, Du contrat social.

« La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent », Montesquieu, L’esprit des lois.

« L’angoisse est le vertige de la liberté », Kierkegaard, Du concept d’angoisse.

« Le domaine de la liberté commence là où s’arrête le travail déterminé par la nécessité. », Karl Marx, Le Capital.

« Ce n’est pas par la satisfaction du désir que s’obtient la liberté, mais par la destruction du désir », Epictète, Manuel.

Le Devoir :

« Agis uniquement d’après la maxime dont tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle », Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs.

« Commettre l’injustice est pire que la subir », Socrate dans le Gorgias de Platon

« Le devoir est la nécessité d’accomplir une action par respect pour la loi », Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs.

« L’obéissance au devoir est une résistance à soi-même », Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion.

« Le mal vient de ce que l’homme se trompe au sujet du bien », Socrate dans le Théétète de Platon

N’oubliez pas qu’il est intéressant de pouvoir utiliser des citations philosophiques dans votre devoir, mais qu’il est nécessaire de les expliquer pour qu’elles participent réellement à votre argumentation.

Nature/Culture :

« Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. », Michel de Montaigne (1533–1592) Essais, I, 31, Des Cannibales

« On ne naît pas femme : on le devient », Simone de Beauvoir (1908-1986), Le Deuxième Sexe

Le Travail :

« Le travail est désir réfréné, disparition retardée : le travail forme. » Hegel (1770–1831)

« Le règne de la liberté commence seulement à partir du moment où cesse le travail dicté par la nécessité. », Karl Marx (1818–1883), Le Capital

La Religion :

« Les religions sont comme des routes différentes convergeant vers un même point. » Gandhi (1869–1948)

« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point », Pascal, Pensées, 277

« La religion serait la névrose obsessionnelle universelle de l’humanité », Freud, L’Avenir d’une illusion

« Dieu est mort ! Et c’est nous qui l’avons tué ! », Nietzsche, Le Gai Savoir

« La religion est (…) l’opium du peuple », Marx, Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel

« Deus sive natura », Spinoza, Ethique

« Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles », Leibniz (1646-1716), Théodicée

Le Langage :

« Le mot ne note de la chose que sa fonction la plus commune et son aspect banal. »
Henri Bergson (1859–1941) Le Rire

« Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. », Ludwig Wittgenstein (1889–1951), Tractatus logico-philosophicus

« Danger du langage pour la liberté de l’esprit : chaque mot est un préjugé. », Friedrich Nietzsche (1844–1900)

« Dire, c’est faire », Austin (1911-1960), How to Do Things with Words

 » Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles. », Henri Bergson (1859-1941), Le Rire

« Le monde (…) devient humain (…) seulement lorsqu’il est devenu objet de dialogue », Hannah Arendt (1905-1975), Vies politiques

« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire. », Ludwig Wittgenstein (1889-1951), Tractatus logico-philosophicus

Quelques citations philosophiques sur l’Art :

« L’art n’a d’autre objet que d’écarter (…) tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à la réalité elle-même », Bergson, Le Rire

« Le beau est ce qui plaît universellement sans concept », Kant, Critique de la faculté de juger

« L’art est le grand stimulant de la vie », Nietzsche, Crépuscule des idoles

« Le génie est la disposition innée de l’esprit par laquelle la nature donne ses règles à l’art », Kant, Critique de la faculté de juger 

La Conscience :

« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant », Pascal, (1623-1662) Pensées

« Je pense donc je suis » Descartes (1596-1650), Discours de la méthode

« Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix. », Rousseau (1712-1778), Emile ou de l’éducation

« Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience », Marx (1818-1883), L’idéologie allemande

L’Inconscient :

« Montrer au moi qu’il n’est seulement pas maître dans sa propre maison », Freud (1856-1939), L’Inquiétante Etrangeté et autres essais

« L’enfer, c’est les autres. », Jean-Paul Sartre (1905–1980)

« Un ami est un autre soi-même », Aristote, La Grande Morale.

Le Désir :

« Le désir est l’essence même de l’homme », Spinoza (1632-1677), Ethique

« Changer mes désirs plutôt que l’ordre du monde », Descartes, Discours de la méthode

« Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. », Rousseau, Julie ou La Nouvelle Héloïse

« Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion», Hegel (1770-1831), La Raison dans l’Histoire

L’existence et le temps :

« Vouloir être de son temps, c’est déjà être dépassé. » Eugène Ionesco (1909–1994)

« Prends l’habitude de penser que la mort n’est rien pour nous », Epicure, Lettre à Ménécée

« Philosopher, c’est apprendre à mourir », Montaigne (1533-1592), Essais

La Vérité :

« Vrai et faux sont des attributs de la parole et non des choses. Là où n’est point de parole, il n’y a ni vérité ni fausseté. », Thomas Hobbes (1588–1679)

« Ce que nous appelons apprendre est une réminiscence », Platon, Ménon

« Le soleil ne se lèvera pas demain », Hume (1711-1776), Enquête sur l’entendement humain.

« L’homme est la mesure de toutes choses », Platon, Protagoras.

La Science :

« La nature, nous l’expliquons ; la vie de l’âme, nous la comprenons ». Dilthey (1833-1911), Le Monde de l’Esprit

« Que les choses puissent avoir une nature en soi, indépendamment de l’interprétation et de la subjectivité, c’est une hypothèse parfaitement oiseuse. » Friedrich Nietzsche (1844–1900)

« L’expérience : c’est là le fondement de toutes nos connaissances. » John Locke (1632–1704)

« Le critère de la scientificité d’une théorie réside dans la possibilité de l’invalider, de la réfuter ou encore de la tester. » Karl Popper (1902–1994) (Conjectures et réfutations, La croissance du savoir scientifique, pp. 64-65).

La Justice et le droit :

« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir », Rousseau, Du contrat social.

« Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au-delà », Pascal, Pensées.

« La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique. », Blaise Pascal (1623–1662), Pensées.

Quelques citations philosophiques sur l’Etat :

« L’homme est un animal politique. », Aristote (384–322 av. J.-C.), La Politique

« Il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir », Montesquieu (1689-1755), L’Esprit des lois.

« L’homme est un loup pour l’homme », Hobbes (1588-1679), Le Citoyen

« Les hommes doivent être caressés ou anéantis », Machiavel (1469-1527), Le Prince

« Les ouvriers n’ont pas de patrie », Marx et Engels, Manifeste du parti communiste.

Un résumé des chapitres centraux du Prince de Machiavel

Résumé de quelques chapitres du Prince de Machiavel

Un résumé des chapitres centraux du Prince de Machiavel

CHAPITRE XV

DES CHOSES PAR LESQUELLES LES HOMMES, PRINCIPALEMENT LES PRINCES, ACQUIÈRENT BLÂME OU LOUANGE.

  “Il m’a semblé plus profitable de suivre la vérité effective de la chose que son imagination.”

  “Celui qui laissera ce qui se fait pour ce qui se devrait faire, il apprend plutôt à se perdre qu’à se conserver ; car qui veut faire entièrement profession d’homme de bien, il ne peut éviter sa perte parmi tant d’autres qui ne sont pas bons.”

  “Aussi est-il nécessaire au prince qui veut se conserver qu’il apprenne à pouvoir n’être pas bon, et d’en user ou n’user pas selon la nécessité.”

Selon Machiavel, il faut que le prince ne s’abstienne absolument que des vices qui risqueraient de lui faire perdre ses états. En d’autres termes, s’il est avantageux pour le prince d’agir de manière immoral alors il a raison de le faire si cela lui permet de garder le pouvoir. Et qu’il préfère un vice qui lui donne aise et sécurité à une vertu qui causerait sa ruine. Ainsi, pour lui, le prince qui est capable d’agir à la fois moralement et immoralement aura toujours l’avantage sur un prince qui se limite en s’interdisant des actions qu’il juge immorales.

CHAPITRE XVII du Prince de Machiavel

DE LA CRUAUTÉ ET CLÉMENCE, ET QUEL EST LE MEILLEUR D’ÊTRE AIMÉ OU CRAINT.

Selon Machiavel, il vaut mieux pour un prince être cruel que trop miséricordieux, pour faire régner la paix et l’obéissance. Celles-ci sont les garant d’un pays heureux ; de plus, alors que le laxisme engendre des troubles qui nuisent à tous, une exécution ne nuit qu’à un seul.

Le nouveau prince en particulier ne peut pas faire autrement que d’user de cruauté. Mais il faut qu’il agisse avec sagesse, afin de n’être ni imprudent ni insupportable.

Vaut-il mieux être aimé ou craint ? L’idéal serait d’être les deux, mais c’est impossible. Alors, le plus sûr est d’être craint. En effet, la nature humaine veut que les hommes soient plus prêts à rendre service quand le danger est loin que lorsqu’il est imminent. Et le prince qui aura compté sur l’amitié sera déçu ; contrairement à celui qui se sera assuré des services par la crainte.

Du moins, le prince doit s’abstenir d’être haï, s’il n’est point aimé. Cela se peut s’il s’abstient de prendre le bien de ses citoyens, ou leur femmes, et s’il donne toujours une justification à ses crimes (assassinats ou autres). Il vaut mieux tuer que voler, les gens l’oublient plus vite et plus facilement.

  “Les hommes oublient plus tôt la mort de leur père que la perte de leur patrimoine.”

Un prince en campagne, lui, se doit d’être cruel ; sans quoi son armée ne sera jamais unie ni fidèle. Exemples : Annibal ; Scipion.

Donc : puisque l’amitié des gens dépend de ceux qui l’accordent ou non, mais que ceux-ci craignent selon ce que décide le prince, celui-ci doit préférer ce qui dépend de lui, et, par conséquent, se faire craindre plutôt qu’aimer, et éviter d’être haï.

CHAPITRE XVIII

COMMENT LES PRINCES DOIVENT GARDER LEUR FOI.

La loyauté est certainement une qualité très précieuse ; mais on voit que les princes qui ont utilisé la ruse ont mieux réussi que les autres.

Il y a deux façons de combattre : par les lois et par la force. La première est le propre de l’homme, et la seconde, de la bête. Mais comme la première ne marche pas toujours,

  “le prince doit savoir pratiquer la bête et l’homme.”

Comme bête, le prince doit choisir le renard et le lion, pour se défendre à la fois des rêts et des loups. Les hommes sont lâches et méchants. Leurs promesses ne tiennent pas souvent ; il n’y a pas de raison de leur tenir les tiennes, d’autant que les excuses légitimes ne manquent pas… Mais il faut savoir bien feindre et déguiser. De toutes façons,

  “les hommes sont tant simples et obéissent tant aux nécessités présentes, que celui qui trompe trouvera toujours quelqu’un qui se laissera tromper.”

Exemple : Alexandre VI.

Le mieux est de paraître  intègre, pieux, fidèle, humain, etc… et de l’être, tout en sachant, au besoin, ne l’être pas. Le prince, et en particulier le nouveau, est obligé d’agir contre la charité et l’humanité. Il doit

  “ne s’éloigner pas du bien s’il peut, mais savoir entrer au mal, s’il y a nécessité.”

Selon Machiavel, il est très important de paraître, surtout religieux. Les hommes jugent plus “aux yeux qu’aux mains” ; ils jugent sur ce qu’ils voient, mais bien peu sentent ce que tu es. Ce peu n’a pas de poids, face au nombre du vulgaire. Ils jugent sur le résultat, sur ce qui est advenu : si le but était de vaincre et de garder l’état, les moyens mis en oeuvre sembleront toujours justifiés aux yeux du peuple.

CHAPITRE XIX du Prince de Machiavel

QU’ON SE DOIT GARDER D’ÊTRE HAÏ OU MÉPRISÉ.

Pour ne pas être haï, il suffit de laisser à ses sujets leurs biens et l’honneur. Aux yeux de Machiavel, le plus grave serait d’être méprisé. Le prince respecté est moins inquiété, tant à l’intérieur, qu’à l’extérieur. De ce dernier danger il se défend par “force d’armes” et de bons amis, lesquels lui sont d’ailleurs assurés par de bonnes armes. Et la paix intérieure – sauf conjuration – lui est assurée par l’extérieure. Ex. Nabis de Sparte. Mais aussi par le respect que ses sujets ont pour lui. La conjuration se nourrit du mécontentement, de la crainte, du soupçon d’une peine à venir ; alors que le prince a pour lui la “majesté de la Principauté”, les lois, la puissance. S’il a en plus la bienveillance du peuple, il faudrait être bien fou ou bien obstiné pour essayer de se mesurer à lui.

Exemple : Messire Annibal Bentivogli et les Canneschi.

Exemple du gouvernement français : le prince doit faire tenir par d’autres que lui les rôles qui attirent la rancune, et se garder pour lui ceux qui attirent la reconnaissance.

Exemples des empereurs romains, qui semblent aller contre ce dernier précepte : Marc le philosophe (Aurèle), Commode et son fils, Pertinax, Julien, Sévère, Antonin Caracalla son fils, Macrin, Héliogabale, Alexandre et Maximin.

Remarque : les romains devaient, en plus de l’ambition des grands et des exigeances du peuple que nous connaissons, tenir compte de la crauté et la cupidité des soldats.

 “La haine s’acquière autant par les bonnes oeuvres que par les mauvaises.”

Selon Machiavel, Le prince ne doit pas tellement craindre les assassinats, sauf venant de la part de ceux qu’il pourrait offenser et qu’il garde dans son entourage. Cf. Antonin et le centurion.

Aujourd’hui, il est plus facile au prince de maîtriser l’armée, parce qu’en général elle est moins ancienne que l’administration, dans les provinces. Le peuple a, à présent, plus de pouvoir que l’armée, ce qui n’était pas le cas. La paix et la sécurité ne sont plus dans les mains des soldats, sauf pour le Grand Turc ou au Soudan.

D’une manière générale, nous pouvons définir la démocratie comme un type d’organisation politique dans lequel c’est le peuple qui détient le pouvoir. Néanmoins, nos démocraties occidentales actuelles sont-elles en tous points comparables avec la démocratie que connaissaient les athéniens ?

La démocratie n’est-elle qu’un idéal inaccessible ?

D’une manière générale, nous pouvons définir la démocratie comme un type d’organisation politique dans lequel c’est le peuple qui détient le pouvoir. Néanmoins, nos démocraties occidentales actuelles sont-elles en tous points comparables avec la démocratie que connaissaient les athéniens ? 

La démocratie des modernes

Benjamin Constant, homme politique et intellectuel français de la fin du 18e siècle, s’attache ainsi à montrer dans De la liberté des anciens comparée à celle des modernes combien ce serait une erreur de vouloir construire la démocratie moderne sur le modèle de la démocratie antique. En effet, selon Constant, le modèle antique de la démocratie directe où chaque citoyen participe effectivement aux décisions n’est plus réalisable dans nos sociétés car le nombre des citoyens est trop élevé. La démocratie moderne est donc une démocratie représentative, c’est-à-dire que les citoyens détiennent le pouvoir non directement, mais indirectement par l’intermédiaire des représentants qu’ils élisent. Ce faisant, chaque citoyen quand bien même il reste souverain, n’a plus le même poids dans les décisions collectives. C’est pourquoi, selon Constant, dans nos sociétés modernes, la sphère privilégiée de l’exercice de la liberté n’est plus la sphère politique, mais la sphère privée car c’est dans cette sphère que les individus ont le sentiment d’une réelle maîtrise.

« Le but des anciens était le partage du pouvoir social entre tous les citoyens d’une même patrie. C’était là ce qu’ils nommaient liberté. Le but des modernes est la sécurité dans les jouissances privées ; et ils nomment liberté les garanties accordées par les institutions à ces jouissances. » (Constant B., De la liberté des anciens comparée à celle des modernes in Ecrits politiques, Paris, Gallimard, 1997, p.603)

Ainsi, les citoyens des démocraties modernes ne se considèrent pas comme libres parce qu’ils ont le pouvoir politique, mais parce qu’ils sont libres et assurés de pouvoir faire ce qui leur plaît en toute tranquillité dans leur vie privée. C’est cette nouvelle conception de la liberté que Constant baptise « Liberté des modernes ». Le rôle de l’État consiste alors à garantir à chaque individu que rien ni personne ne viendra interférer dans le cercle de ses activités privées. Il oppose cette liberté des modernes à « la liberté des anciens » pour qui être libre consistait essentiellement à participer directement aux décisions qui concernaient la collectivité. Or, selon Constant, ce modèle antique de la démocratie directe ne convient pas aux sociétés modernes, notamment parce qu’indépendamment du problème du nombre trop important de citoyens, il ne laisse aucune place à la liberté individuelle. Constant s’attache à montrer que le pendant de la grande liberté politique des Anciens est une totale soumission aux règles de la communauté dans la sphère privée. Le citoyen antique n’a notamment aucune liberté de mœurs, ses actions sont soumises à une censure très stricte et il doit se conformer en tous points aux normes de la cité dans laquelle il vit.

« Vous ne trouverez chez eux [les anciens] presque aucune des jouissances que nous venons de voir faisant partie de la liberté chez les modernes. Toutes les actions privées sont soumises à une surveillance sévère. Rien n’est accordé à l’indépendance individuelle, ni sous le rapport des opinions ni sous celui de l’industrie, ni surtout sous le rapport de la religion. […] Ainsi, chez les anciens, l’individu, souverain presque habituellement dans les affaires publiques, est esclave dans tous ses rapports privés. » (Constant B., De la liberté des anciens comparée à celle des modernes dans Ecrits politiques, Paris, Gallimard, 1997, p.594-595)

Une démocratie qui ne repose pas sur la vertu des citoyens

Constant entend ainsi dénoncer l’erreur des Jacobins qui prétendaient établir une nouvelle république fondée sur la vertu. Selon lui, les révolutionnaires français influencés par la pensée de Rousseau ont cru pouvoir instaurer une démocratie comparable aux démocraties de l’Antiquité et, constatant que ce régime reposait sur la vertu des citoyens et leur dévouement à l’intérêt public, ils ont entrepris de rééduquer les Français dans ce sens. Cette violation de la liberté individuelle est inacceptable pour Constant et selon lui, elle explique l’échec de la Révolution.

« Vous savez, messieurs, ce qui en est résulté. Des institutions libres, appuyées sur la connaissance de l’esprit du siècle, auraient pu subsister. L’édifice renouvelé des anciens s’est écroulé […]. C’est que le pouvoir social blessait en tout sens l’indépendance individuelle sans en détruire le besoin. […] L’indépendance individuelle est le premier des besoins modernes. En conséquence, il ne faut jamais en demander le sacrifice pour établir la liberté politique. » (Constant B., De la liberté des anciens comparée à celle des modernes dans Ecrits politiques, 1997, p.608)

La démocratie des modernes doit donc être une démocratie qui laisse les citoyens libres de leurs opinions, de leurs religions et de leurs affaires. Le problème étant, selon Constant, que les citoyens pourraient alors se désintéresser des affaires publiques pour ne plus se soucier que de leurs affaires privées.

« Le danger de la liberté moderne, c’est qu’absorbés dans la jouissance de notre indépendance privée, et dans la poursuite de nos intérêts particuliers, nous ne renoncions trop facilement à notre de droit de partage dans le pouvoir politique. Les dépositaires de l’autorité ne manquent pas de nous y exhorter. Ils sont si disposés à nous épargner toute espèce de peine, exceptée celle d’obéir et de payer ! […] Quelque touchant que soit un intérêt si tendre, prions l’autorité de rester dans ses limites. Qu’elle se borne à être juste ; nous nous chargerons d’être heureux. » (Constant B., De la liberté des anciens comparée à celle des modernes dans Ecrits politiques, 1997, p.616-617)

La démocratie serait alors en danger dans la mesure où les citoyens pourraient paradoxalement renoncer à leurs droits politiques dès lors qu’ils ne voient plus les liens d’interdépendance entre les décisions politiques et leurs affaires privées.

La démocratie en danger

Ce risque que courent les démocraties modernes a été notamment mis en évidence par Alexis de Tocqueville, philosophe et homme politique du 19e siècle, dans son étude de la démocratie américaine. Pour davantage de précisions sur Tocqueville et la démocratie je vous renvoie à cet article. En effet, dans De la démocratie en Amérique, Tocqueville étudie les mœurs, c’est-à-dire les habitudes, idées, croyances des citoyens américains et montre comment leur amour de l’égalité et l’égalisation effective des conditions dans la société américaine, les conduisent peu à peu à se désintéresser de l’engagement politique. Un des traits caractéristiques, aux yeux de Tocqueville, des sociétés démocratique est l’essor de l’individualisme. Les individus se considèrent comme d’égale valeur, ils ne se fient plus qu’à leurs propres opinions et croyances. Ce faisant, ils s’isolent, il n’y a plus de lien social entre les individus tel qu’il existe dans une société hiérarchique où chacun doit commander ou rendre des comptes à un autre.

« L’individualisme est un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque citoyen à s’isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l’écart avec sa famille et ses amis ; de telle sorte que, après s’être ainsi crée une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle-même. […] L’individualisme est d’origine démocratique, et il menace de se développer à mesure que les conditions s’égalisent. » (DA, II, 2, chap.2, p. 125)

Les individus dans les sociétés démocratiques s’intéressent de moins en moins à la politique, car ils considèrent qu’il est plus intéressant pour eux d’exercer leur liberté dans le domaine privé et ne voient pas qu’ils ne sauraient se désintéresser de la politique sans prendre le risque que d’autres prennent des décisions qui pourraient leur être défavorables. Cette tendance des citoyens à ne plus prendre part activement à la politique pourrait, selon Tocqueville,  avoir des conséquences désastreuses quoique inédites. Il annonce ainsi le risque d’avénement d’une nouvelle forme de despotisme qu’il appelle « despotisme doux ».

« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. […] Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternel si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche au contraire qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance. » (D.A. II, p. 385)

Le despotisme que peuvent craindre les démocraties

Or, si ce despotisme est doux, il n’en est pas moins dangereux et ce pour au moins trois raisons. D’une part, c’est un despotisme qui se développe petit à petit, sans violence, et sous couvert d’intérêt commun, si bien que contrairement au despotisme violent tel que le définissait Montesquieu, ce despotisme nouveau peut se développer sans provoquer le sursaut des citoyens qui n’y voient pas une remise en cause fondamentale de leur liberté. D’autre part, une fois que les citoyens ont pris l’habitude de ne plus se soucier que de leurs petites plaisirs privés, ils sont prêts à sacrifier leur liberté si cela leur permet de conserver leur tranquillité. C’est pourquoi Tocqueville craint que les citoyens démocratiques ne soient plus capables de se révolter si l’on met en danger leur liberté. Enfin, il s’agit alors d’une société sécuritaire où tous les faits et gestes des citoyens sont contrôlés. Ainsi, le pouvoir ne cherche pas à rendre les hommes adultes et autonomes, au contraire il cherche à les rendre dépendants et uniquement préoccupés par des choses futiles.

Aux yeux de Tocqueville, c’est vers ce type de despotisme que risque de dériver la démocratie, si les citoyens ne prennent pas conscience de l’importance de l’engagement politique. Or, il montre qu’il est possible de mettre en place des institutions pour éduquer les citoyens et les rendre conscients des effets qu’ont les décisions politiques sur leurs vies. L’erreur, selon lui, serait de leur laisser croire qu’ils peuvent ne pas s’occuper de politique sans que cela ait des conséquences pour eux. Tocqueville fait à ce propos l’éloge des américains qui ont su conserver leur liberté en encourageant les citoyens à s’engager au sein de jurys ou d’associations où ils apprennent à se soucier de l’intérêt commun et à voir qu’il est lié avec leurs intérêts privés.


Un sentiment de dépossession et d’impuissance

Selon Marcel Gauchet, dans L’avènement de la démocratie II, les citoyens de nos démocraties sont en proie à un malaise profond qui a pour cause un sentiment de dépossession et d’impuissance. En effet, les citoyens ont le sentiment qu’ils ne contrôlent plus le destin collectif, que les Etats perdent de leur pouvoir et qu’il est donc relativement vain de s’engager politiquement.

« Nous sommes de plus en plus libres à titre individuel mais cette liberté compte de moins en moins dans le façonnement du destin collectif. Nous avons de moins en moins de pouvoir collectivement parlant. C’est ce en quoi la démocratie perd son sens car elle est proprement la conversion de la liberté de chacun en pouvoir de tous. » (Marcel Gauchet, L’avènement de la démocratie, II : la crise du libéralisme : 1880-1914, Paris, Folio, 2014)

Ainsi, selon lui, l’idée libérale l’a emporté sur le versant démocratique. La démocratie ne désigne alors plus que la garantie des libertés individuelles et non le gouvernement du peuple par le peuple. Nos démocraties sont des démocraties des Droits de l’homme, elles défendent les droits individuels et sont contre le politique parce qu’elles considèrent la liberté des personnes comme contradictoire avec le pouvoir. Il faut protéger les individus du pouvoir et donc faire en sorte qu’il y ait le moins de politique possible, voire plus de politique du tout grâce à un fonctionnement autorégulé. Mais n’est-ce pas alors renoncer à la démocratie ?

Pour finir, nous pourrions dire que la démocratie est aujourd’hui en crise car les citoyens ne considèrent plus la politique comme un moyen d’exercice de leur liberté, mais comme une menace pour leur liberté que ce soit par ce qu’elle peut avoir de contraignant ou parce qu’ils envisagent l’Etat comme une menace. Néanmoins, faut-il voir ici une crise qui pourrait effectivement mettre en danger la démocratie ? Au quel cas, il faudrait s’interroger sur les mesures à mettre en œuvre pour que les citoyens aient à nouveau le sentiment d’appartenir à une communauté politique souveraine. Ou bien ces inquiétudes sont-elles infondées ? Ne serait-il pas possible d’envisager une démocratie réduite à une procédure minimale (les élections), sans que cela présente un risque pour la souveraineté du peuple ? Plutôt que de s’inquiéter du désengagement des citoyens aux élections ne faut-il pas plutôt voir ici une transformation des formes d’engagements politiques, les citoyens prennant part à la vie politique, mais sous d’autres formes que la seule participation aux élections ?

Vous trouverez ci-dessous quelques sujets de philo.

Quelques sujets de philo par notion

Vous trouverez ci-dessous quelques sujets de philo classés par notion. Certains renvoient explicitement à une ou deux notions du programme. D’autres ne font référence qu’à une seule notion. D’autres encore, ne mentionnent pas une notion de manière totalement claire, c’est alors à l’étudiant de trouver à quelle(s) notions le sujet fait référence. Identifier la ou les notions centrales du sujet est important car il faudra ensuite définir précisément ces notions. Je vous envoie pour plus de précision à cet article sur l’importance des définitions notamment dans l’introduction de la dissertation.

Sujets de philo sur le bonheur :

  • Le bonheur est-il un idéal inaccessible ?
  • Le bonheur est-il une affaire de politique ?
  • Les désirs sont-ils un obstacle au bonheur ?

La liberté :

  • Etre libre, est-ce faire ce qui me plaît ?
  • Un homme libre est-il nécessairement heureux ?
  • Sommes-nous responsables de l’avenir ?

Le devoir :

  • Suis-je libre quand je fais mon devoir ?
  • Avons-nous le devoir de faire le bonheur des autres ?
  • Est-ce par devoir ou par intérêt qu’il faut être juste ?
  • La désobéissance à la loi peut-elle être un devoir ?

La conscience :

  • La conscience de soi est-elle une connaissance de soi ?
  • Suis-je ce que j’ai conscience d’être ?
  • La conscience de ce que nous sommes peut-elle faire obstacle à notre bonheur ?

L’inconscient :

  • L’idée d’inconscient exclut-elle l’idée de liberté ?
  • Peut-on connaître l’inconscient ?
  • Suis-je responsable de ce dont je n’ai pas conscience ?

Le temps :

  • Peut-on échapper au temps ?
  • Prendre son temps, est-ce le perdre ?
  • Peut-on apprendre à vivre ?

L’Etat :

  • Serions-nous plus libres sans Etat ?
  • L’être humain peut-il se contenter de vivre en paix ?
  • L’Etat doit-il reconnaître des limites à sa puissance ?

La justice et le droit :

  • La politique peut-elle se passer de la morale ?
  • La révolte peut-elle être un droit ?
  • Toute inégalité est-elle une injustice ?

Le langage :

  • Le langage ne sert-il qu’à communiquer ?
  • Suffit-il de bien parler pour bien penser ?
  • La parole suffit-elle à faire échec à la violence ?

La nature :

  • L’homme est-il un animal comme un autre ?
  • L’homme est-il à part dans la nature ?
  • Faut-il respecter la nature ?

L’art :

  • L’artiste doit-il chercher à plaire ?
  • L’art détourne-t-il de la réalité ?
  • L’art n’obéit-il à aucune règle ?
  • Peut-on parler d’un travail de l’artiste ?

Le travail :

  • Sommes-nous condamnés à travailler ?
  • Faut-il travailler pour être heureux ?
  • Le loisir est-il le but véritable du travail ?

La technique :

  • Faut-il avoir peur de la technique ?
  • Le développement technique nous donne-t-il plus de liberté ?
  • Tout ce qui est techniquement possible est-il souhaitable ?

La religion :

  • Est-il déraisonnable de croire en Dieu ?
  • La science peut-elle se substituer à la religion ?
  • La croyance est-elle une illusion rassurante ?

La raison :

  • Croire, est-ce renoncer à l’usage de la raison ?
  • La raison doit-elle se défier des sens ?
  • La raison est-elle seulement affaire de logique ?

La science :

  • La science nous livre-t-elle le réel tel qu’il est ?
  • La connaissance scientifique a-t-elle des limites ?
  • L’être humain peut-il être l’objet d’une science particulière ?

La vérité :

  • Douter, est-ce désespérer de la vérité ?
  • La diversité des opinions rend-elle vaine la recherche de la vérité ?
  • Toute vérité est-elle démontrable ?

Evidemment cette liste de sujets de philo n’est pas exhaustive, vous pouvez en rencontrer beaucoup d’autres !

Quelques citations sur la liberté pour introduire cette notion. Citation de Sartre, Spinoza, Montesquieu, Rousseau, Epictète, Kierkegaard

Citations sur la liberté

Quelques citations sur la liberté pour introduire cette notion. La citation peut notamment être utilisée pour faire une accroche, je vous renvoie à cet article sur la méthode de l’accroche. Par ailleurs, vous pouvez citer des auteurs dans votre devoir, mais cela doit rester mesuré. Une citation ne remplace pas un argument et il faut toujours expliquer une citation.

  • « Les hommes se croient libres pour cette seule cause qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par où ils sont déterminés. » Spinoza (1632–1677), Lettre à Schuller

Spinoza, dans cette Lettre, montre en prenant l’exemple d’une pierre qui devient consciente alors qu’elle est en l’air et vole, que les hommes croient être libres parce qu’ils ignorent les causes qui les poussent. Tout comme la pierre, ils ont été poussés mais comme ils n’en sont pas conscients, ils se croient libres. C’est la thèse déterministe qui défend l’idée que les hommes sont déterminés par leur génétique, leur psychologie, leur milieu social, le monde physique et n’ont en réalité pas de libre arbitre.

  • « L’homme est condamné à être libre ». Sartre, L’existentialisme est un humanisme

Selon Sartre, l’homme est condamné à être libre parce que d’abord il ne choisit pas de venir au monde. Mais une fois qu’il est au monde alors tout ce qu’il va faire est de sa responsabilité ou en d’autres termes, il choisit ce qu’il fait de sa vie. Sartre considère que l’homme est absolument libre et que ceux qui prétendent ne pas l’être en se cherchant des excuses sont de mauvaise foi.

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  • « L’homme est né libre et partout il est dans les fers ». Rousseau, Du contrat social.

Rousseau au début du Contrat social (1762) fait ce constat : si la liberté est un droit naturel et inaliénable, la réalité donne à voir des hommes esclaves ou soumis à des rois. Mais pourquoi ? Selon l’auteur, si les hommes sont tous également libres, sans frein à leurs désirs, ils entrent en conflit les uns avec les autres. C’est donc la loi du plus fort et la soumission des plus faibles devient inéluctable. Trop de liberté tue la liberté et dans le Contrat social, Rousseau propose un contrat qui permettent aux hommes de rester libres tout en renonçant à leur liberté naturelle ou capacité de tout faire pour se conserver.

  • « La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent ». Montesquieu, De l’esprit des lois.

Montesquieu donne ici une définition de la liberté que l’on peut appeler liberté civile. La liberté c’est avoir l’autorisation de faire quelque chose parce que la loi me le permet et va me protéger des autres si jamais quelqu’un veut m’empêcher de le faire. Cette liberté est à opposer à la liberté naturelle, liberté de faire tout ce que je veux, sans lois, mais qui est aussi très limitée car je peux être contraint par les autres dès lors qu’ils sont plus forts que moi.

  • « Le domaine de la liberté commence là où s’arrête le travail déterminé par la nécessité. » Karl Marx, Le Capital.

Pour Marx, les prolétaires n’ont pas le choix de travailler car ils doivent satisfaire leur besoin, c’est la nécessité, ce qui ne peut être autrement. Mais plus encore, ils n’ont pas le choix de leur travail car la classe bourgeoise détient les moyens de production (machines, usines) et le capital. L’ouvrier est donc contraint de vendre sa force de travail c’est-à-dire ses bras contre un maigre salaire qui ne lui permet que de « renouveler sa force de travail ». En d’autres termes, il a juste suffisamment pour acheter de quoi se nourrir et un toit pour dormir afin de pouvoir retourner travailler le lendemain. C’est pourquoi le travail dans ces conditions n’est pas un facteur de liberté pour Marx.

  • « Ce n’est pas par la satisfaction du désir que s’obtient la liberté, mais par la destruction du désir ». Epictète, Manuel

Selon Epictète il faut se libérer du désir car si l’on désire quelque chose qui ne dépend pas de nous alors nous allons échouer et nous serons malheureux. De plus, même si cela dépend de nous, on ne peut pas savoir si c’est une bonne chose à désirer et donc il faut s’abstenir. 

  • « Si l’on a conçu des hommes libres, c’est afin qu’ils puissent devenir coupables. » Nietzsche, Crépuscule des Idoles

Selon Nietzsche, la liberté est une idole c’est-à-dire une illusion car être humain c’est être déterminé. Les hommes ne font pas des choix libres, ces choix sont influencés ou causés par le milieu, la génétique, la société, les pulsions etc … A ses yeux, on a donc inventé la liberté uniquement car cela permet de dire les hommes responsables c’est-à-dire capables de répondre de leurs actes libres. Ainsi, on peut les condamner et les dire coupables s’ils ne respectent pas les règles de la morale. C’est un moyen de contrôle des individus et de culpabilisation.

J’espère que ces quelques citations sur la liberté vous aurons plu, n’oubliez pas qu’il est toujours nécessaire de l’expliquer et de montrer en quoi elle répond au sujet.