Episode 11 : L’hypothèse de l’inconscient selon Freud

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Freud, neurologue autrichien fondateur de la psychanalyse, fait l’hypothèse de l’Inconscient à la fin du XIXe siècle.

Sigmund Freud, neurologue autrichien fondateur de la psychanalyse, fait l’hypothèse de l’Inconscient à la fin du XIXe siècle. Il fait ainsi l’hypothèse qu’une partie de l’esprit humaine reste inconsciente et que tout être humain, qu’il soit sain ou malade, a des désirs, pensées, chocs qui sont refoulées dans l’Inconscient si ceux-ci sont en contradiction avec la morale ou émotionnellement intolérables. Il s’agirait donc d’une partie de l’esprit humain qui resterait secrète pour le Sujet lui-même.

Freud en vient à faire cette hypothèse en essayant de soigner des patients atteints d’hystérie. En effet, ces patients souffrent de troubles physiques tels que cécité, tremblement, paralysie des membres, insensibilité physique sans que l’on puisse trouver une cause physique à leurs troubles. C’est pourquoi à l’époque où Freud commence ses recherches les personnes atteintes d’hystérie (hommes ou femmes) sont généralement considérées comme des simulatrices.

Les névroses selon Freud

Freud fait alors l’hypothèse que les troubles physiques de ces patients sont bien réels mais qu’ils ont des causes psychologiques et non physiques. C’est ce qu’il appelle des névroses c’est-à-dire que le patient souffre de troubles physiques qui ont une cause psychologique. En l’occurrence, il explique les troubles physiques par l’existence d’un conflit psychique important chez le patient. Il s’agit, selon lui, d’un conflit inconscient entre des désirs ou chocs refoulés qui veulent se manifester à la conscience et le Surmoi c’est-à-dire le censeur moral du Sujet, qui repousse ces désirs dans l’inconscient. En effet, Les symptômes physiques apparaissent parce que selon Freud, ce qui est refoulé tend à revenir à la conscience et se heurtent alors au Surmoi de l’individu qui ne les laisse pas revenir à la conscience. C’est alors ce conflit psychique s’il est important qui va produire des troubles physiques ou comportementaux. Parmi ces troubles, il y a l’hystérie que nous avons vu mais également les névroses phobiques et les névroses obsessionnelles.

L’hypothèse de l’inconscient est contestée

Cette hypothèse de Freud fait scandale et provoque le rejet d’une grande partie des médecins de son époque qui n’envisagent pas qu’un symptôme physique puisse avoir une cause psychique. Plus encore cette hypothèse de l’inconscient choque car elle remet en question l’idée que les êtres humains sont capables de maitriser leurs pensées. Avec l’hypothèse de l’inconscient, il faut admettre que nous ne sommes pas totalement maitre de notre esprit, une partie nous échappe.

Freud fait cette hypothèse et entreprend donc d’essayer de soigner ces patients. Pour cela il va fonder et faire évoluer la psychanalyse. En effet, au début de ses travaux, Freud pense que les troubles du patient sont causés par des secrets que le patient cache intentionnellement.

Il dit ainsi dans Psychothérapie de l’hystérie :

« (…) il s’agit surtout pour moi de deviner le secret du patient et de le lui lancer au visage. Il est généralement obligé de renoncer à le nier ».

La démarche du médecin consiste alors à faire parler le patient afin qu’il trahisse en partie  son secret. Le médecin pourra alors deviner le secret et obliger le patient à l’admettre ce qui  guérirait les troubles. Freud conçoit donc dans un premier temps le travail du médecin comme une lutte pour faire dire au patient le secret qu’il cache. Il dit dans Etude sur l’hystérie à propos d’une de ses patientes :

« Dès le début, je soupçonnais que Fräulen Elisabeth devait connaître les motifs de sa maladie, donc qu’elle renfermait dans son conscient non point un corps étranger, mais seulement un secret »  

Freud admettra ensuite s’être trompé sur ce point et fera au contraire l’hypothèse que certains secrets sont inconscients pour le patient lui-même. Or, ce serait précisément ces secrets inconscients qui en cherchant à revenir à la conscience seraient, selon lui, cause des troubles physiques du patient. En effet, le secret n’arrivant pas à se manifester et étant à nouveau refoulé dans l’inconscient par le Surmoi, réussirait néanmoins à se manifester mais de manière physique en occasionnant les troubles que Freud dépeint dans ses études sur l’hystérie. Freud en vient donc à distinguer deux types de secrets, d’une part les secrets interpersonnels c’est-à-dire les secrets que le sujet connaît mais qu’il ne partage pas avec autrui et, d’autre part, les secrets intrapsychiques ou inconscient que le Sujet ignore lui-même. 

Il dit ainsi dans ses Essais de psychanalyse appliquée :

« Chez un névropathe, il y a un secret pour sa propre conscience ; chez le criminel, il n’y a de secret que pour vous ; chez le premier existe une ignorance réelle (…) ; chez le dernier il n’y a qu’une simulation de l’ignorance ».

L’inconscient se manifeste aussi chez l’individu sain

Freud distingue, par ailleurs, le cas des patients malades qui ont des troubles physiques importants et le cas des individus sains qui ont eux aussi des manifestations inconscientes qui prennent la forme d’actes manqués, de lapsus ou qui se manifestent dans les rêves. Il se donne alors pour objectif lors de la cure psychanalytique de lire « le sens secret » de ces manifestations de l’inconscient qui sont un révélateur de « la pensée secrète » de celui qui les effectue. La cure psychanalytique consiste alors à faire beaucoup parler le patient afin qu’il finisse par laisser son inconscient s’exprimer dans ses paroles. Le rôle du psychanalyste consiste alors à relever les paroles particulièrement significatives du patient et à lui poser des questions sur ce qui lui semble être une manifestation de l’inconscient du patient. Ce dernier peut alors être conduit par le psychanalyste à reprendre conscience des événements, désirs ou pensées qu’il a refoulé. C’est en revivant ses émotions ou désirs au moment où ils reviennent à la conscience, qu’il pourra les accepter aidé du psychanalyste. Cette acceptation empêche alors le refoulement et le patient se trouve ainsi libéré du conflit psychique, ce qui fait cesser les troubles physiques.

Ainsi, Freud a montré que les désirs, pensées, chocs contenus dans l’Inconscient du Sujet pouvaient causer des troubles et pathologies importantes et il a proposé un procédé pour soigner ces patients. Cette hypothèse de l’inconscient a suscité beaucoup de réactions et d’opposition, mais cela sera l’occasion d’un prochain épisode.

Voilà pour cet épisode sur l’hypothèse de l’inconscient de Freud, j’espère qu’il vous aura intéressé. Si vous voulez davantage de conseils ou contenus philosophique je vous invite à consulter ma chaine Youtube Apprendre la philosophie ou la page de ce blog Cours de philosophie.

Très bonne journée à vous

Sigmund Freud : L’hypothèse de l’inconscient

Sigmund Freud, neurologue autrichien fondateur de la psychanalyse, fait l’hypothèse de l’Inconscient à la fin du XIXe siècle.

Sigmund Freud, neurologue autrichien fondateur de la psychanalyse, fait l’hypothèse de l’Inconscient à la fin du XIXe siècle. Il fait ainsi l’hypothèse qu’une partie de l’esprit humaine reste inconsciente et que tout être humain, qu’il soit sain ou malade, a des désirs et pensées qui sont refoulées dans l’Inconscient si ceux-ci sont en contradiction avec la morale ou émotionnellement choquants.

Il s’agirait donc d’une partie de l’esprit humain qui resterait secrète pour le l’individu lui-même.

Freud en vient à faire cette hypothèse en essayant de soigner des patients atteints d’hystérie. En effet, ces patients souffrent de troubles physiques tels que cécité, tremblement des membres, paralysie des membres, insensibilité sans que l’on puisse trouver une cause physique à leurs troubles. C’est pourquoi à l’époque où Freud commence ses recherches les personnes atteintes d’hystérie (hommes ou femmes) sont généralement considérées comme des simulatrices. Freud fait alors l’hypothèse que les troubles physiques de ces patients sont bien réels mais qu’ils ont des causes psychologiques et non physiques. C’est ce qu’il appelle des névroses c’est-à-dire que le patient souffre de troubles physiques qui ont une cause psychologique. En l’occurrence, il explique les troubles physiques par l’existence d’un conflit psychique important chez le patient. Il s’agit, selon lui, d’un conflit inconscient entre des désirs ou chocs refoulés qui veulent se manifester à la conscience et le Surmoi c’est-à-dire le censeur moral du Sujet, qui repousse ces désirs dans l’inconscient. On peut donc considérer que ces pensées et désirs sont des secrets que le patient cache aux autres voire dont il n’a lui même pas conscience.

En effet, au début de ses travaux, Freud pense que les troubles du patient sont causés par des secrets que le patient cache intentionnellement.

« (…) il s’agit surtout pour moi de deviner le secret du patient et de le lui lancer au visage. Il est généralement obligé de renoncer à le nier ». (S. Freud (1895), Psychothérapie de l’hystérie, in Études sur l’hystérie, Paris, PUF, 1981)

Sigmund Freud et la psychanalyse :

La démarche du médecin consiste alors à faire parler le patient afin qu’il trahisse en partie  son secret. Le médecin peut alors deviner le secret et obliger le patient à l’admettre ce qui, selon Sigmund Freud,  guérirait les troubles car en faisant revenir à la conscience puis revivre au patient ce qu’il a refoulé, il sera alors capable de l’accepter. Freud conçoit donc dans un premier temps le travail du médecin comme une lutte pour faire dire au patient le secret qu’il cache.

« Dès le début, je soupçonnais que Fräulen Elisabeth devait connaître les motifs de sa maladie, donc qu’elle renfermait dans son conscient non point un corps étranger, mais seulement un secret » (Freud S et Breuer J., 1895, Etudes sur l’hystérie, Paris, P.U.F., 2000). Il admettra s’être trompé ensuite sur ce point.

Freud admettra ensuite s’être trompé sur ce point et fera au contraire l’hypothèse que certains secrets sont inconscients pour le patient lui-même. Or, ce serait précisément ces secrets inconscients qui en cherchant à revenir à la conscience seraient, selon lui, cause des troubles physiques du patient. En effet, le secret n’arrivant pas à se manifester et étant à nouveau refoulé dans l’inconscient par le Surmoi, réussirait néanmoins à se manifester mais de manière physique en occasionnant les troubles que Freud dépeint dans ses études sur l’hystérie. Freud en vient donc à distinguer deux types de secrets, d’une part les secrets interpersonnels c’est-à-dire les secrets que le sujet connaît mais qu’il ne partage pas avec autrui et, d’autre part, les secrets intrapsychiques ou inconscient que le Sujet ignore lui-même. 

« Chez un névropathe, il y a un secret pour sa propre conscience ; chez le criminel, il n’y a de secret que pour vous ; chez le premier existe une ignorance réelle (…) ; chez le dernier il n’y a qu’une simulation de l’ignorance ». (Freud S., 1906, « La Psychanalyse et l’établissement des faits en matière judiciaire par une méthode diagnostique », in Essais de Psychanalyse appliquée, Paris, Gallimard, 1976)

Freud distingue, par ailleurs, le cas des patients malades qui ont des troubles physiques importants et le cas des individus sains qui ont eux aussi des manifestations inconscientes qui prennent la forme d’actes manqués, de lapsus ou qui se manifestent dans les rêves. Il se donne alors pour objectif lors de la cure psychanalytique de lire « le sens secret » de ces manifestations de l’inconscient qui sont un révélateur de « la pensée secrète » de celui qui les effectue. La cure psychanalytique consiste alors à faire beaucoup parler le patient afin qu’il finisse par laisser son inconscient s’exprimer dans ses paroles. Le rôle du psychanalyste consiste alors à relever les paroles particulièrement significatives du patient et à lui poser des questions sur ce qui lui semble être une manifestation de l’inconscient. Le patient peut alors être conduit par le psychanalyste à reprendre conscience des événements, désirs ou pensées qu’il a refoulé et se trouvera ainsi libéré du conflit psychique, ce qui fera cesser les troubles physiques.

Par la suite, Freud insistera sur l’idée que la levée des secrets ne doit pas nécessairement passer par la parole car l’inconscient se manifeste aussi très largement par le corps.

« Celui qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre constate que les mortels ne peuvent cacher aucun secret. Celui dont les lèvres se taisent bavarde avec le bout des doigts ; il se trahit par tous les pores. C’est pourquoi la tâche de rendre conscientes les parties les plus dissimulées de l’âme est parfaitement réalisable ». (Freud S., 1905, « Fragments d’une analyse d’hystérie : Dora », in Cinq psychanalyses, P.U.F., 1999)

En définitive, Freud a montré que les secrets contenus dans l’Inconscient du Sujet pouvaient causer des troubles et pathologies importantes. Il participe ainsi à l’idée que garder certains secrets peut être nocif pour l’individu et qu’il est préférable de se libérer de ces secrets afin d’être en meilleur santé. Dans le cas présent, pour se libérer d’un trauma ou d’un désir refoulé, l’individu doit suivre une psychanalyse afin de reprendre conscience de ce qu’il a inconsciemment refoulé.

Pour davantage de contenus sur le thème de l’inconscient, vous pouvez consulter la page Cours de philosophie.

Texte de Sigmund Freud :

On nous conteste de tous côtés le droit d’admettre un psychique inconscient et de travailler scientifiquement avec cette hypothèse. Nous pouvons répondre à cela que l’hypothèse de l’inconscient est nécessaire et légitime, et que nous possédons de multiples preuves de l’existence de l’inconscient. Elle est nécessaire, parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires ; aussi bien chez l’homme sain que chez le malade, et il se produit fréquemment des actes psychiques qui, pour être expliqués, présupposent d’autres actes qui, eux, ne bénéficient pas du témoignage de la conscience. Ces actes ne sont pas seulement les actes manqués et les rêves, chez l’homme sain, et tout ce qu’on appelle symptômes psychiques et phénomènes compulsionnels chez le malade ; notre expérience quotidienne la plus personnelle nous met en présence d’idées qui nous viennent sans que nous en connaissions l’origine, et de résultats de pensée dont l’élaboration nous est demeurée cachée. Tous ces actes conscients demeurent incohérents et incompréhensibles si nous nous obstinons à prétendre qu’il faut bien percevoir par la conscience tout ce qui se passe en nous en fait d’actes psychiques ; mais ils s’ordonnent dans un ensemble dont on peut montrer la cohérence, si nous interpolons les actes inconscients inférés. Or, nous trouvons dans ce gain de sens et de cohérence une raison, pleinement justifiée, d’aller au-delà de l’expérience immédiate. Et s’il s’avère de plus que nous pouvons fonder sur l’hypothèse de l’inconscient une pratique couronnée de succès, par laquelle nous influençons, conformément à un but donné, le cours de processus conscients, nous aurons acquis, avec ce succès, une preuve incontestablement de l’existence de ce dont nous avons fait l’hypothèse. L’on doit donc se ranger à l’avis que ce n’est qu’au prix d’une prétention intenable que l’on peut exiger que tout ce qui se produit dans le domaine psychique doive aussi être connu de la conscience.

Sigmund Freud, Métapsychologie, §1.

Citation de Bergson sur l’art

Bergson défend une thèse qui peut paraître surprenante sur l'art. Selon lui, l’art vise à nous faire prendre conscience de choses auxquelles nous n’avions pas prêté attention jusque là.

Bergson défend une thèse qui peut paraître surprenante sur l’art. Selon lui, l’art vise à nous faire prendre conscience de choses auxquelles nous n’avions pas prêté attention jusque là. Ces choses sont en nous et hors de nous. Il veut dire ainsi que nous allons prendre conscience ou faire l’expérience, par exemple, d’une émotion que nous n’avions encore jamais ressenti. Par exemple, grâce à la littérature, je pourrais faire l’expérience de ce que cela peut susciter comme émotion de se sentir marginal et méprisé.

L’art nous fait également percevoir des choses hors de nous : nous allons prendre conscience d’une certaine harmonie de couleurs et de formes. Nous allons prêter attention à une certaine qualité ou intensité de la lumière dans le tableau et cela peut transformer notre façon de voir la lumière au quotidien.

Pour Bergson, on peut dire que l’art rend visible et non crée de toute pièce des états d’âmes parce que s’il s’agissait une pure invention de l’artiste, nous ne serions pas touchés par l’art. Or, quand l’artiste nous le montre cela nous apparaît finalement comme une évidence et nous le comprenons.

Bergson défend donc l’idée que l’art nous rend plus sensibles et nous permet de vivre plus intensément car nous percevons notre monde, notre vie et nos émotions de manière infiniment plus riche et variée.

Texte de Bergson sur l’art :

« À quoi vise l’art ? Sinon à montrer, dans la nature même et dans l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? Le poète et le romancier qui expriment un état d’âme ne le créent certes pas de toutes pièces ; ils ne seraient pas compris de nous si nous n’observions pas en nous, jusqu’à un certain point, ce qu’ils nous disent d’autrui. Au fur et à mesure qu’ils nous parlent, des nuances d’émotion et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps mais qui demeuraient invisibles telle l’image photographique qui n’a pas encore été plongée dans le bain où elle se révélera. Le poète est ce révélateur […]. Les grands peintres sont des hommes auxquels remonte une certaine vision des choses qui est devenue ou qui deviendra la vision de tous les hommes. »

Henri BERGSON, La pensée et le mouvant.

Réussir son accroche

Réussir l’accroche de votre dissertation de philosophie

L’objectif de l’accroche en philosophie est d’introduire non seulement le sujet, mais surtout le problème que pose le sujet. Une mauvaise façon de commencer une introduction est sans doute de commencer par une liste de définitions des termes du sujet.

Commencer à définir les termes du sujet est évidemment nécessaire dans l’introduction. Néanmoins il est beaucoup plus habile et intéressant d’utiliser ces définitions pour justifier des réponses possibles au sujet. Je vous renvoie sur cette question à la vidéo où j’ai expliqué comment analyser le sujet et formuler la problématique dans l’introduction de votre dissertation. Le lien apparaît en haut à droite. Par ailleurs si vous voulez une méthode complète pour réussir votre dissertation, vous pouvez réclamer ma méthode en suivant le lien ci-dessous dans la description.

Ceci étant dit : Une autre erreur courante consiste à faire une accroche qui introduit la notion générale du sujet mais pas ce sujet en particulier. Par exemple, si vous avez un sujet tel que « Le bonheur dépend-il de nous ? », si vous faites une accroche qui parle simplement du bonheur ou qui définit le bonheur sans répondre au sujet précisément alors vous n’introduisez pas vraiment ce sujet mais la notion de bonheur en général.

Pour que votre accroche introduise vraiment le sujet qui vous est donné, il faut qu’elle permette d’entrevoir une première réponse au sujet. Si on prend le sujet « le bonheur dépend il de nous ? »,  votre accroche peut consister en un exemple qui vous permet de faire une première hypothèse. Par exemple que le bonheur dépend de nous.

C’est encore mieux si après cette première réponse rapide vous pouvez commencer à montrer le problème et en émettant un doute sur cette première réponse. Par exemple en posant une question qui suggère que la thèse adverse pourrait également être défendue.

Deux manières différentes de faire une bonne accroche pour votre introduction de philosophie.

Une 1er façon : consiste à Utiliser une citation : Il est déconseillé d’utiliser des auteurs dans l’introduction car l’introduction est plutôt le moment où vous devez définir les termes et montrer le problème du sujet de manière générale. Néanmoins, il y a une exception à cette règle, vous pouvez utiliser un auteur en accroche en le citant puis en expliquant la citation afin de montrer comment elle pourrait répondre au sujet.

Cette façon de faire est la plus difficile car il est assez rare surtout quand le programme est très varié d’avoir exactement la citation qui va coller au sujet. Cela implique d’avoir appris des citations par coeur et le risque va être de vouloir absolument utiliser une des citations connues même si elle ne correspond pas exactement au sujet. Il est donc préférable de vraiment s’assurer que votre citation peut être une réponse au sujet et si tel n’est pas le cas, envisagez plutôt d’utiliser un exemple. Commencer son devoir par une citation hors sujet est plutôt contreproductif.

Pour que cela soit bien clair, je vais vous donner un exemple d’accroche avec une citation sur le sujet « Le bonheur dépend-il de nous ? » :

« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, ce sont les jugements qu’ils portent sur les choses ». Epictète,stoïcien né en 50 après J-C, défend ici que ce qui affecte les hommes et peut les rendre malheureux, ce ne sont finalement pas les événements eux-mêmes, mais la manière dont ils jugent ces événements. Ce faisant, il semble défendre que le bonheur est bien quelque chose qui dépend de nous, puisqu’il dépend de nos jugements. Mais peut-on réellement défendre que notre bonheur dépend seulement de nos jugements sur les événements et sur notre vie ?

L’accroche permet ici de donner une première réponse au sujet et elle introduit le problème en esquissant une objection dans un deuxième temps. A la suite de cela, vous pouvez rappeler le sujet et formuler la problématique puis énoncer votre plan.

– La 2e façon de faire une accroche consiste à Utiliser un exemple et à montrer en quoi il permet de donner une première réponse au sujet. Cet exemple peut être un exemple de la vie quotidienne mais évidement des exemples plus recherchés seront valorisés. Vous pouvez par exemple prendre des exemples littéraires si le sujet porte sur la liberté, la morale, le bonheur… ou des exemples plus politiques sur les sujets portant sur l’Etat ou la justice et le droit. Des exemples plus scientifiques seront valorisés si le sujet porte sur la Vérité ou sur les sciences.

Si on compare l’accroche citation et l’accroche exemple, l’accroche exemple est sans doute une manière plus simple de procéder, car si vous n’avez pas d’exemple il est toujours possible d’en inventer un. L’essentiel est de prendre un exemple qui vous permet de donner une première réponse au sujet puis d’envisager une objection afin de montrer que le sujet va faire débat. En d’autres termes qu’il pose un problème qu’il vous faudra discuter pendant tout votre devoir.

Pour finir je vais vous donner un Exemple d’accroche utilisant un exemple avec le sujet « La recherche du bonheur peut-elle être un devoir ? » :

Dans la tragédie Le Cid de Corneille, le personnage principal Don Rodrigue est face à un dilemme : choisir entre son devoir de sauvegarder l’honneur de sa famille et le fait de poursuivre son bonheur. Il choisit finalement de faire son devoir en tuant le père de Chimène mais renonce alors à son bonheur. Nous pouvons remarquer que dans Cette histoire, rechercher le bonheur n’est pas un devoir et même qu’au contraire faire son devoir va être plutôt un obstacle à la recherche du bonheur. Pourtant, faut-il toujours opposer la recherche du bonheur et le devoir ?

Voilà pour cette vidéo sur l’accroche j’espère qu’elle vous aidera à bien commencer votre dissertation. Pour davantage de conseils sur la méthode de la dissertation, vous pouvez en trouver sur la page Méthode de ce blog, ou en demandant mon ebook ci-dessous.

Le bonheur selon Epicure

Episode 10 : Epicure : Le bonheur dépend-il de nous ?

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  • Bonjour, bienvenue dans ce nouveau podcast d’Apprendre la philosophie, je suis Caroline et dans cet épisode nous allons nous demander si le bonheur dépend de nous. Pour répondre à ce sujet nous allons nous intéresser tout particulièrement à ce que pourrait répondre Epicure sur cette question.

    Tout d’abord nous pouvons remarquer que la réponse ne va pas de soi. Si l’on se réfère à l’étymologie, le bonheur semble d’abord lié à la chance. En effet, bonheur, vient de « bon » d’une part et  « heur » d’autre part, qui en ancien français signifie la chance ou la fortune. Le terme français « heur » vient lui-même du latin augurium qui signifie « augure » ou « présage ». Alors si l’on s’en tient à l’origine du mot, atteindre le bon heur c’est avoir une bonne chance ou être favorisé par les circonstances. En ce sens, le bonheur, que l’on peut d’abord définir comme un état de satisfaction durable, semble donc dépendre du hasard plutôt que de nous-mêmes et des actions que nous pourrions entreprendre pour y arriver.

    Cependant, Epicure, dans La Lettre à Ménécée s’oppose à cette thèse et entend montrer que le bonheur dépend bien de nous, c’est-à-dire de nos choix et de nos actions. Selon lui, Il est possible d’atteindre le bonheur notamment grâce à la philosophie.

    Première précision importante, pour Epicure, le bonheur c’est le plaisir, mais il faut ici faire attention aux contresens, car par plaisir Epicure entend la suppression de la douleur.

    Il ne s’agit donc pas de dire qu’il faut multiplier les désirs et les plaisirs et que cela nous rendra heureux comme peut le faire un hédoniste. Au contraire, pour Epicure, on est heureux quand on ne souffre pas ! Il le dit en ces termes : « La santé du corps, la tranquillité de l’âme sont la perfection de la vie heureuse ». Etre heureux pour Epicure c’est être en bonne santé physique et atteindre une certaine tranquillité. Cette définition du bonheur est singulière et fort éloignée de la conception commune que l’on peut avoir du bonheur. Alors si le bonheur dépend de nous pour Epicure, comment faire pour ne pas souffrir ni dans son corps ni dans son âme ?

    Epicure donne, en effet, plusieurs recommandations pour atteindre le bonheur.

    Tout d’abord point important il faut limiter ses désirs, voir se défaire de certains désirs. En effet,Pour Epicure, le désir est un manque de quelque chose, c’est quelque chose que l’on a pas encore, mais que l’on souhaite obtenir. Alors, le désir apparaît d’abord comme un manque, une douleur. Et Si l’on désire quelque chose de difficile à obtenir cela sera plus douloureux encore car nous ne sommes pas sûrs de l’atteindre ou cela va prendre du temps. Le désir excessif peut donc nous rendre inquiet et nous faire souffrir.

    Selon Epicure, Si nous sommes perpétuellement inquiets car nous voulons absolument des biens de luxe et n’y arrivons pas alors nous ne sommes pas heureux. C’est pourquoi pour Epicure si nous voulons Atteindre le bonheur il nous faut limiter nos désirs pour ne garder que les désirs les plus simples à satisfaire. Il dit ainsi dans la Lettre à Ménécée : « C’est un grand bien à notre avis que de se suffire à soi-même, non qu’il faille toujours vivre de peu, mais afin que si l’abondance nous manque, nous sachions nous contenter du peu que nous aurons ».

    Epicure met ici l’accent sur un autre point important, si nous devenons trop dépendant du confort et de l’abondance, si nous y sommes totalement habitué au point que nous ne pouvons plus nous en passer, alors si nous venons à perdre ce confort, nous serons extrêmement malheureux.

    Au contraire, quelqu’un qui garde l’habitude de pouvoir se satisfaire de peu ne souffrira pas plus que ça s’il vient à perdre ses richesses car il aura su continuer à se satisfaire de plaisirs simples. Donc pour Epicure le bonheur c’est l’absence de souffrance dans l’âme nous l’avons vu.

    Mais, selon lui, le bonheur c’est aussi l’absence de souffrance dans le corps. En effet, Epicure considère que pour être heureux, nous devons également atteindre l’absence de souffrance dans le corps (ou aponie en grec). Or, Cela n’est possible que si nous menons une vie réglée sans faire trop d’excès. C’est donc faire un contresens sur Epicure que de penser qu’il invite à multiplier les plaisirs et désirs de toutes sortes et à vivre dans la débauche. Les plaisirs excessifs et l’intempérance conduisent  selon lui à des douleurs et à des maladies. Ainsi, il dit : « Quand donc nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs des voluptueux inquiets, ni de ceux qui consistent dans les jouissances déréglées, ainsi que l’écrivent des gens qui ignorent notre doctrine, ou qui la combattent et la prennent dans un mauvais sens. Le plaisir dont nous parlons est celui qui consiste, pour le corps, à ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans trouble. »

    Donc pour Epicure, pour être heureux, il faut limiter ses désirs afin de ne pas souffrir dans son âme et de ne pas souffrir dans son corps. Et il essaie de se prémunir contre de mauvaise compréhension de sa doctrine.

    Alors le bonheur dépend il de nous ?  Pour Epicure oui, car nous pouvons apprendre à distinguer entre les bons désirs qui ne nous font pas souffrir (qu’il appelle les désirs naturels et nécessaire) et les mauvais désirs qui eux nous font souffrir et qu’ils appellent non naturels et non nécessaires.

    Epicure fût un ascète, il mène une vie austère en se contentant de peu. Il défend que le bonheur peut s’atteindre ainsi car celui qui ne souffre pas de ses excès et n’a pas l’âme troublée par des désirs futiles vit paisiblement. Cela suppose de distinguer entre les bons désirs qui sont ceux qui vont pouvoir être satisfaits aisément et répondent à un besoin naturel et les mauvais désirs qui vont nous rendre malades et sont difficiles à satisfaire. Epicure considère alors qu’il nous faut renoncer à tous les désirs non naturels et non nécessaires comme par exemple manger des mets luxueux, vivre dans de riches demeures ou posséder quantité de biens matériels superflus, pour préférer les désirs naturels et nécessaires, par exemple, manger simplement, boire, avoir un toit, philosopher…

    Voilà pour cet épisode j’espère qu’il vous aura aidé à mieux comprendre les enjeux sur cette question et la réponse d’Epicure, si vous voulez davantage de contenu sur le thème du bonheur, je vous invite à vous rendre sur mon blog apprendre la philosophie.

    introduction dissertation de philosophie

    Réussir l’introduction de sa dissertation de philosophie

    Bonjour, bienvenue dans cette nouvelle vidéo où nous allons voir comment réussir l’introduction de votre dissertation de philosophie. Pour cela je vais vous donner 4 étapes à suivre.

    4 étapes pour réussir son introduction de dissertation de philosophie

    Il s’agit des différentes étapes à suivre au brouillon pour réaliser votre introduction de dissertation de philosophie et votre plan.   Tout d’abord première étape, il faut analyser le sujet et définir les termes.  Analyser un sujet c’est le découper en partie. Par exemple, si vous avez le sujet : « un homme libre est-il nécessairement heureux ? »

    Il va falloir définir les termes qui renvoient aux grandes notions du programme, ici libre et donc liberté, mais également « heureux » qui renvoie à la notion de bonheur.  Pour chacune de ces notions vous avez normalement plusieurs définitions dans votre cours. La liberté peut par exemple être prise au sens de libre arbitre c’est alors la capacité de choisir entre une chose ou une autre.

    Mais vous pouvez également penser à la liberté d’action ou encore à l’autonomie qui est la capacité de se donner ses propres règles. De même, pour le bonheur vous pouvez avoir plusieurs définitions. La plus générale peut être la suivante : le bonheur est un état de satisfaction durable et global qui provient d’un jugement sur notre existence en générale.

    Mais vous pourriez également envisager la définition d’Epicure qui définit le bonheur comme une absence de douleurs et de troubles dans l’âme. Avoir ces définitions est important car elles vont vous permettre de justifier vos thèses et d’argumenter comme nous allons le voir ensuite.

    Par ailleurs, il va être important de distinguer ces notions d’autres notions qui leur sont proches mais ne sont pas exactement semblables. Par exemple, il faudra au cours de votre devoir faire la différence entre le bonheur et la joie ou encore le bonheur et le plaisir. Dans une dissertation de philosophie, vous devez garder à l’esprit que le but est de préciser clairement de quoi vous parlez et donc de préciser les définitions.

    Cette étape est très importante car souvent bien définir les termes et envisager les différents sens possibles de ces termes va vous permettre déjà d’envisager les différentes réponses possibles au sujet.

    Vous allez avoir plusieurs définitions possibles qui parfois s’opposent complètement ou sont très différentes. C’est ce travail d’analyse qui va vous permettre de formuler la problématique et ensuite de construire un plan pour l’introduction de votre dissertation de philosophie.

    Une fois que vous avez analysé le sujet et défini les termes, il vous faut formuler la problématique.

    Comment faire ?

    Et Comment formuler une problématique sans simplement répéter le sujet ? car il ne vous aura pas échappé que le sujet de philosophie est déjà une question. Il ne s’agit donc pas comme en lettres ou en histoire géo de transformer une phrase en question, là vous avez déjà une question. Alors comment faire ?

     La solution envisagée parfois consiste à reformuler le sujet, mais c’est une solution dangereuse car le risque est alors de mal reformuler le sujet et ainsi de le réduire ou pire de le changer complètement. Vous courrez alors le risque de faire un hors sujet.

    La deuxième solution que je recommande consiste à formuler la problématique sous la forme d’une alternative thèse/antithèse argumentée. En effet, l’objectif est de montrer qu’il y a un problème c’est-à-dire des thèses ou réponses argumentées s’opposent. Il faut montrer que la réponse au sujet n’est pas évidente et qu’elle va faire débat. On peut donc par exemple formuler la problématique ainsi :

    « A première vue, il semble bien qu’un homme libre est nécessairement heureux (c’est la 1er thèse) car si être libre c’est avoir la possibilité de faire tout ce que l’on souhaite alors on peut penser que la liberté nous permettra d’agir de manière à atteindre le bonheur c’est-à-dire un état de satisfaction global et durable . Mais, (2e thèse) ne pourrait-on dire au contraire qu’un homme libre n’atteint pas toujours le bonheur car nous pouvons très bien être libre de faire des choix et pourtant faire de mauvais choix qui vont nous conduire au malheur. »

    Vous l’aurez compris, la problématique doit donc prendre la forme d’un paragraphe dans lequel vous envisagez une première réponse possible (thèse 1) et un argument, puis une deuxième réponse (thèse 2) et son argument. Ce faisant, vous montrez bien que la réponse au sujet n’est pas évidente et que ce sujet pose un véritable problème dont il va falloir débattre dans la suite de votre devoir.

    Je reviens à présent sur Deux points importants pour faire une bonne problématique Il faut, d’une part, que chacune de vos thèses dans la problématique soit justifiée par un argument. Vous remarquerez que dans mon exemple chaque thèse est suivie par un « car ». Il n’est pas suffisant d’affirmer une thèse il faut justifier cette thèse.

    D’autre part, il est adroit de justifier vos thèses en utilisant certaines des définitions que vous avez trouvé dans l’étape 1, au moment de l’analyse du sujet. On peut appeler cela des arguments définition. Il s’agit de donner un argument en faveur de votre réponse en montrant qu’elle est justifiée par une définition possible de bonheur ou de liberté.

    Prenons le début de la problématique ci-dessous :

    « A première vue, (thèse 1) il semble bien qu’un homme libre est nécessairement heureux car si être libre c’est avoir la possibilité de faire ce que l’on souhaite (1er définition plutôt naïve de la liberté comme liberté d’action) alors on peut penser que la liberté nous permettra d’agir de manière à atteindre le bonheur c’est-à-dire un état de satisfaction global et durable (je définis le bonheur pour finir ce premier moment de la problématique).

    La première réponse au sujet est donc justifiée par une définition possible de la liberté comme liberté d’action. Cette façon de faire permet de formuler une problématique solide tout en évitant de simplement plaquer les définitions des termes du sujet au début de votre introduction comme s’il s’agissait de décorations. Ici, vous les intégrez en partie dans la problématique, elles sont donc immédiatement utiles.

    Il vous faudra ensuite construire un plan et formuler une accroche pour votre introduction. Il s’agit des étapes 3 et 4 que nous verrons dans une prochaine vidéo.

    Voilà pour cette vidéo j’espère qu’elle vous aidera à bien commencer votre dissertation de philosophie. Si vous souhaitez également en apprendre davantage sur la méthode de l’explication de texte, je vous conseille de consulter l’onglé vidéo de ce blog.

    Citation de Karl Marx sur le travail

    Karl Marx défend l'idée que le travail ne permet pas la liberté et le bonheur si l'homme travaille uniquement par nécessité c'est-à-dire uniquement parce qu'il n'a pas le choix et doit subvenir à ses besoins essentiels.

    Dans le Capital, Karl Marx défend l’idée que le travail ne permet pas la liberté et le bonheur si l’homme travaille uniquement par nécessité c’est-à-dire uniquement parce qu’il n’a pas le choix et doit subvenir à ses besoins essentiels. Si l’on travaille seulement par nécessité, cela signifie que nous sommes totalement soumis à la nature en nous et à nos besoins naturels qui ont la spécificité de renaître sans cesse. Dès que nous sommes rassasiés, il faut déjà penser au repas suivant. Alors, nous ne sommes pas libres, tout comme les animaux ne sont pas libres et sont contraints de chasser pour survivre. On peut remarquer néanmoins que Marx ne dit pas que le travail est toujours contraire à la liberté. Le travail n’est contraire à la liberté que si nous n’avons pas le choix de travailler. C’est le cas, selon lui, de l’ouvrier qui doit faire un travail pénible et répétitif tous les jours pour gagner un maigre salaire qui lui suffit seulement pour se nourrir et se reposer. En d’autres termes, l’ouvrier gagne juste assez pour « reconstituer sa force de travail » et retourner travailler le lendemain.

    En revanche, il est possible de travailler en gardant sa liberté, mais alors cela doit être un travail choisi, que l’on ne fait pas seulement par nécessité. Un travail que l’on fait avec passion et qui nous donne l’occasion de développer nos facultés proprement humaine comme la raison et l’imagination, ne sera pas considéré comme un travail contraire à notre liberté.

    Pour davantage d’éléments de cours sur Marx et le travail, vous pouvez consulter cet article : Marx : Le travail rend-il heureux ? Sur la liberté, vous trouverez des éléments sur cette page.

    Texte de Karl Marx :

    « En fait, le royaume de la liberté commence seulement là où l’on cesse de travailler par nécessité et opportunité imposée de l’extérieur ; il se situe donc, par nature, au-delà de la sphère de la production matérielle proprement dite. De même que l’homme primitif doit lutter contre la nature pour pourvoir à ses besoins, se maintenir en vie et se reproduire, l’homme civilisé est forcé, lui aussi, de le faire et de le faire quels que soient la structure de société et le mode de production. Avec son développement s’étend également le domaine de la nécessité naturelle, parce que les besoins augmentent ; mais en même temps s’élargissent les forces productives pour les satisfaire. En ce domaine, la seule liberté possible est que l’homme social, les producteurs associés, règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, qu’ils la contrôlent ensemble au lieu d’être dominés par sa puissance aveugle et qu’ils accomplissent ces échanges en dépensant le minimum de force et dans les conditions les plus dignes, les plus conformes à leur nature humaine. Mais cette activité constituera toujours le royaume de la nécessité. C’est au-delà que commence le développement des forces humaines comme fin en soi, le véritable royaume de la liberté qui ne peut s’épanouir qu’en se fondant sur l’autre royaume, sur l’autre base, celle de la nécessité. La condition essentielle de cet épanouissement est la réduction de la journée de travail. »

      Marx, Le Capital, 1867, livre III, chap. 48

    Episode 9 : Mentir peut-il être moral ?

    Episode 9 : Mentir peut-il être moral ?

    Cliquez ici pour l’écouter sur Spotify ou sur Itunes.

    La question du mensonge et de son caractère moral est une question philosophique abordée notamment par des auteurs comme Kant, Rousseau ou Benjamin Constant. Peut-il être moral de mentir ? Je vais ici vous présenter certains éléments du problèmes et arguments sur cette question.

    Le mensonge peut-il être moral si c’est pour une bonne raison ? Ou bien doit-on dire que mentir est toujours moralement condamnable quelque soit la raison pour laquelle nous pourrions être amené à mentir ? Mais si l’on admet que mentir est toujours immoral, en est-il de même du mensonge par omission ou plus généralement du fait de cacher la vérité sans pour autant dire le faux ?

    Le mensonge est généralement très largement condamné dans notre culture judéo-chrétienne qui suit en cela les principes de Saint Augustin d’Hippone, philosophe et théologien du IIIe-IVe siècle après J-C. En effet, Saint Augustin contre Saint Jérôme, condamne dans Du mensonge toute idée qu’il pourrait y avoir de « bons mensonges». A ses yeux, le mensonge est mauvais par nature quelque soit la situation ou la fin du mensonge car il consiste à « parler contre sa pensée avec l’intention de tromper ». Ce faisant, le menteur est donc un homme au cœur double qui sait le vrai et dit le faux. Ainsi, pour Augustin, le menteur pèche contre Dieu du fait de sa duplicité et pèche contre son semblable par son désir de le tromper.

    Néanmoins, si Saint Augustin condamne le mensonge sans équivoque, il distingue le mensonge du secret au sens strict car « cacher la vérité n’est pas mentir ». Ainsi, quand le devoir de dire vrai et la charité chrétienne entrent en conflit le devoir est de déclarer : « Je sais mais je ne parlerai pas ». Il admet néanmoins que cette solution est extrêmement risquée et coûteuse pour celui qui garde le secret et indique donc qu’il est possible d’avoir recours à des expressions équivoques afin d’induire l’interlocuteur malintentionné en erreur sans que cela soit un mensonge franc. Ce procédé peut être utilisé dès lors que ce qui est dit est en partie vrai. Saint Augustin prend ainsi l’exemple d’Abraham qui craignant pour la vie de Sarah déclare au Pharaon que Sarah est sa sœur et non sa femme. La réponse n’est pas fausse car Sarah est bien sa demi-sœur, mais elle est aussi son épouse. Saint Augustin distingue ainsi le mensonge franc du fait de garder un secret en utilisant l’ambiguïté.

    Le mensonge met en danger la société

    La question de savoir si l’on peut ou non ne pas dire toute la vérité à un homme est traitée notamment dans une controverse qui oppose Emmanuel Kant à Benjamin Constant.

    Kant condamne tout mensonge délibéré. Selon lui, il n’est absolument pas moral de mentir même pour garder un secret. L’homme a pour devoir de dire la vérité ou plus exactement de dire ce qu’il croit vrai. Si le Sujet vient à mentir alors il enfreint le premier impératif catégorique exposé en ces termes  par Kant dans les Fondements de la métaphysique des mœurs : « Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle de la nature ». Cela signifie que l’individu doit pouvoir rationnellement vouloir que chacun agisse comme lui de telle sorte que cela devienne la norme. Or, selon Kant, nous ne pouvons pas rationnellement vouloir que tout le monde mente car cela rendrait toute vie en société impossible. Il n’y aurait, en effet, plus aucun lien entre des personnes qui se mentent constamment et mutuellement. De plus, selon Kant, celui qui ment doit ensuite endosser la responsabilité morale de tout ce qui peut arriver du fait de son mensonge car il est intervenu dans le cours des événements.

    « Si je dis quelque chose de faux dans des affaires d’importance où le mien et le tien sont en jeu, dois-je répondre de toutes les conséquences qui peuvent suivre de mon mensonge ? Par exemple, un maître a donné l’ordre de répondre, si quelqu’un le demandait, qu’il n’est pas à la maison. Le domestique suit la consigne reçue, mais il est cause par-là que son maître, après être sorti, commet un grand crime, ce qui aurait été empêché par la force armée envoyée pour l’appréhender. Sur qui retombe ici la faute, selon les principes de l’éthique ? A n’en pas douter sur le domestique également qui, par le mensonge a enfreint un devoir envers lui-même : sa propre conscience doit lui reprocher les conséquences. » (Kant ; Doctrine de la vertu Ch. 1, Art. 1 Du mensonge, 1797)

    Aux yeux de Kant, il n’est donc pas moral de mentir pour garder un secret même si cela semble être dans l’intérêt d’autrui. C’est sur ce point notamment que Benjamin Constant s’oppose à la thèse de Kant dans ses Réactions politiques.

    Le débat entre Kant et Constant porte notamment sur la situation suivante : si un assassin vient vous demander si votre ami s’est réfugié chez vous, n’est-il pas moral de lui mentir ? Un ami ne peut-il pas attendre légitiment de vous que vous gardiez son secret si sa vie est menacée ? Pour Kant, le mensonge est toujours condamnable car vous prenez alors la responsabilité de ce qui va se passer ensuite. Si vous mentez en disant que votre ami n’est pas là, et que l’assassin retournant dans la rue y trouve votre ami qui était sorti de la maison entre temps, alors c’est votre faute. Constant remarque lui, au contraire, que le lien social et la moralité même se trouvent menacés si l’on ne peut faire confiance à personne même pas à un ami pour garder un secret vital. Il va donc chercher à trouver une règle qui permette de justifier le mensonge dans ce cas.

    « Dire la vérité est un devoir. Qu’est-ce qu’un devoir ? L’idée de devoir est inséparable de celle de droits : un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d’un autre. Là où il n’y a pas de droits, il n’y a pas de devoirs. Dire la vérité n’est donc un devoir qu’envers ceux qui ont droit à la vérité. Or nul homme n’a droit à la vérité qui nuit à autrui. » (Benjamin Constant, Des réactions politiques, Paris, Flammarion, 2013)

    Mentir peut être moral car tout homme n’a pas droit à la vérité

    Benjamin Constant voit donc les conséquences terribles que pourraient avoir l’obligation morale de toujours dire la vérité et cherche à montrer que l’idée qu’il y aurait un devoir de dire la vérité est infondée car il n’existe pas de droit à la vérité dès lors que cette vérité peut nuire à autrui. En effet, dans un Etat de droit, chaque individu peut faire usage de sa liberté dès lors que celle-ci ne menace pas la liberté d’autrui. En d’autres termes, chacun a des libertés garanties par l’Etat que l’on appelle des droits et donc des devoirs car il doit respecter les droits des autres. Par exemple, si un individu a le droit de s’exprimer alors les autres ont le devoir de le laisser s’exprimer et s’ils ne le font pas, ils peuvent être sanctionnés par la loi. Ainsi, avoir un droit c’est avoir l’autorisation de faire quelque chose que les autres n’ont pas le droit de m’empêcher de faire. Constant défend ici l’idée que ce système de droits et devoirs ne peut fonctionner et être respecté que si les droits qui sont donnés aux individus sont des droits qui ne nuisent pas à autrui. En effet, l’objectif du droit en général est bien la coexistence pacifique des individus. Or, si l’on donne des droits à certains qui sont nuisibles pour les autres alors il semble légitime d’en dénoncer l’injustice.

    Pour conclure, on pourrait en suivant Constant défendre que garder un secret en mentant est même un devoir moral si la personne qui demande la vérité a pour but de nuire à autrui et n’a donc pas droit à la vérité. On pourrait alors nous objecter avec Saint Augustin qu’il est préférable de refuser de répondre plutôt que de mentir ou de donner une réponse équivoque qui trompe l’interlocuteur, mais comme lui-même l’admet c’est là s’exposer soi-même à biens des risques sans certitude d’aider notre ami car notre interlocuteur peut interpréter notre silence comme un aveu. Ainsi, par notre silence, nous pouvons aussi trahir autrui. En revanche, mentir délibérément à autrui si la réponse ne présente pas de danger pour les autres, reste sans nul doute une faute morale.

    Voilà pour cet épisode j’espère qu’il vous aura aidé à mieux comprendre les enjeux sur cette question, si vous voulez davantage de contenu sur le thème de la morale, je vous invite à vous rendre sur mon blog apprendre la philosophie.

    Bergson, l’inconscient : obstacle à la liberté ?

    Bergson défend que nos actions et nos pensées ont tendance à devenir des automatismes, c'est-à-dire qu'elles sont prises en charges par l'inconscient.

    Bergson, philosophe français du XXe siècle, défend dans l’Energie spirituelle, que nos actions et nos pensées ont tendance à devenir des automatismes, c’est-à-dire qu’elles deviennent inconscientes. Selon lui, notre conscience est limitée et ne peut prendre en charge une quantité infinie de données ou d’actions. Il y a donc un moment où c’est l’inconscient qui prend le relais.

    La conscience est liberté

    Selon Bergson, les moments où nous sommes le plus conscient sont notamment les moments où nous devons apprendre quelque chose de nouveau. On peut penser, par exemple, à l’apprentissage d’un instrument ou encore à l’apprentissage de la conduite. Chacun se souvient à quel point, il fût d’abord difficile de coordonner nos différents mouvements lors de nos premières leçons de conduite. La difficulté était alors que nous devions faire réellement attention à nos différents mouvements et que notre conscience était saturée. Nous avions du mal à faire attention à tout et cela nous demandait beaucoup d’énergie. Mais cette difficulté s’efface dès lors que nos mouvements deviennent habituels, alors c’est l’inconscient qui prend en charge ces mouvements et ils deviennent automatiques c’est-à-dire que nous pouvons les réaliser sans y faire attention et en faisant autre chose en même temps, par exemple, parler à quelqu’un.

    Un autre moment où nous restons particulièrement conscients, selon lui, sont les moments de « crises intérieures » c’est-à-dire les moments où nous devons faire un choix important pour notre avenir et où nous avons clairement conscience que la décision que nous allons prendre aura des conséquences pour nous. Alors, nous essayons d’anticiper les conséquences de nos choix et nous sommes le plus attentifs possibles afin de faire le meilleur choix possible. Dans cette situation nos pensées et nos actes sont pleinement conscients, mais en dehors de ces moments le plus gros de nos actions et pensées relèvent davantage d’automatismes et d’habitude c’est-à-dire de notre inconscient.

    Quelle liberté nous reste-t-il dans cette situation ?

    Le fait que la majorité de nos pensées et actions soient inconscientes et de l’ordre de l’automatisme peut nous faire gagner une certaine liberté d’action car alors il est possible de faire plusieurs choses en même temps par exemple. Mais, dans le même temps, nous perdons notre libre arbitre car quand nos actions ou pensées sont automatiques, il ne nous est plus possible de les choisir, cela se fait tout seul. C’est pourquoi en ce sens l’inconscient est plutôt un obstacle à la liberté car nous ne pouvons plus exercer notre liberté de choix. A moins de faire l’effort de redevenir conscient de nos automatismes pour les changer.

    En effet, si l’inconscient semble en ce sens un obstacle à notre liberté, nous gardons néanmoins la possibilité de changer nos habitudes. Cela signifie que nous devons reprendre conscience de nos automatismes pour prendre de nouvelles habitudes de manière consciente, qui ensuite deviendront des automatismes inconscients. L’inconscient n’est donc pas un si grand obstacle à notre liberté.

    Pour voir davantage d’éléments de cours sur le thème de l’inconscient vous pouvez consulter cette page.

    Texte de Bergson sur l’inconscient :

    Qu’arrive-t-il quand une de nos actions cesse d’être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s’en retire. Dans l’apprentissage d’un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu’il vient de nous, parce qu’il résulte d’une décision et implique un choix ; puis, à mesure que ces mouvements s’enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns les autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et disparaît. Quels sont, d’autre part, les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l’aurons fait ? Les variations d’intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez, de création, que nous distribuons sur notre conduite. Si conscience signifie mémoire et anticipation, c’est que conscience est synonyme de choix.

    Henri Bergson, « La conscience et la vie » (1911), dans L’Energie spirituelle.

    Citation de Claude Lévi-Strauss

    Dans son oeuvre Race et Histoire (1952), Claude Lévi-Strauss met en évidence une attitude psychologique relativement commune, selon lui, qu'il nomme "ethnocentrisme".

    Dans son oeuvre Race et Histoire (1952), Claude Lévi-Strauss met en évidence une attitude psychologique relativement commune, selon lui, qu’il nomme « ethnocentrisme ». L’ethnocentrisme consiste à privilégier le groupe ethnique auquel nous appartenons au point d’en faire la seule forme de vie civilisée possible. En d’autres termes, être ethnocentriste c’est non seulement rejeter toutes les pratiques qui ne sont pas les nôtres mais les rejeter en les considérant comme non civilisées. Il est important de comprendre ici que l’ethnocentriste ne rejette pas les pratiques culturelles qui ne sont pas les siennes, mais rejette toutes les pratiques qui ne sont pas les siennes en affirmant qu’elles sont naturelles ou non civilisées. C’est alors que selon Claude Lévi-Strauss, nous allons avoir tendance à parler « d’habitudes de sauvage » ou de « pratiques barbares » simplement parce que nous sommes choqués par des comportements ou pratiques culturelles dont nous n’avons pas l’habitude. Traiter l’autre de barbare ou de sauvage c’est alors nier le fait qu’il a simplement une autre culture et affirmer qu’il est davantage proche de l’animal sauvage et de la nature.

    Pour Claude Lévi-Strauss, cela n’a pas de sens de dire que l’autre, parce qu’il a une culture différente, est un barbare. En réalité, il s’agit simplement d’une autre culture à laquelle nous ne sommes pas accoutumés. En revanche, il y a de nombreux cas dans l’histoire où un peuple, se prétendant supérieur, a justifié l’exploitation ou le massacre d’un autre peuple au prétexte qu’il s’agirait de « barbares » et qu’ils ne seraient pas civilisés. On peut penser par exemple aux violences commises par les Espagnols sur les indiens d’Amérique. C’est pourquoi, Claude Lévi-Strauss défend que le véritable barbare est plutôt celui qui croit à la barbarie c’est-à-dire celui qui a tendance à refuser à d’autres hommes le statut d’être civilisé. Ce qui peut justifier des atrocités.

    Texte de Claude Lévi-Strauss :

    « L’attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu’elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles : morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. « Habitudes de sauvages », « cela n’est pas de chez nous », « on ne devrait pas permettre cela », etc., autant de réactions grossières qui traduisent ce même frisson, cette même répulsion, en présence de manières de vivre, de croire ou de penser qui nous sont étrangères. Ainsi l’Antiquité confondait-elle tout ce qui ne participait pas de la culture grecque (puis gréco-romaine) sous le même nom de barbare ; la civilisation occidentale a ensuite utilisé le terme de sauvage dans le même sens. Or derrière ces épithètes se dissimule un même jugement : il est probable que le mot barbare se réfère étymologiquement à la confusion et à l’inarti­culation du chant des oiseaux, opposées à la valeur signifiante du langage humain ; et sauvage, qui veut dire « de la forêt », évoque aussi un genre de vie animale, par opposition à la culture humaine. Dans les deux cas, on refuse d’admettre le fait même de la diversité culturelle ; on préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit. […]

    Claude Lévi-Strauss (1908-2009), Race et histoire, Gallimard, 2007.