Une fiche de révision sur le bonheur

Réviser la notion de bonheur – philosophie

Dans cet article, je vais vous présenter la notion de bonheur qui est une des dix-sept notions du programme de philosophie en terminale.

Je vais d’abord faire un point sur la définition du bonheur et les principaux termes proches dont il faut le distinguer. Puis, je vais passer en revue quelques grandes problèmes possibles sur le bonheur. 

Définitions du bonheur en philosophie :

D’une manière générale, on peut définir le bonheur comme un état de satisfaction durable et global. Cet état de satisfaction durable sera à différencier du plaisir qui est un état de satisfaction éphémère en lien avec la satisfaction d’un besoin. Par exemple, si vous mangez du chocolat, cela peut vous faire plaisir, mais ça n’est pas cela qui va vous apporter le bonheur au sens strict.

De même, on peut distinguer le bonheur de la joie, car la joie est plutôt un état de satisfaction intense et éphémère. La joie c’est, par exemple, l’état dans lequel vous êtes quand vous réussissez un examen difficile. Cette explosion de joie est intense et heureusement éphémère car vous seriez très vite totalement épuisé.

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liberté philosophie

Réviser la notion de liberté au programme de philosophie

Dans cet article, je vais vous présenter la notion de liberté qui est une des dix-sept notions du programme de philosophie en terminale.

Je vais d’abord envisager quelques définitions possibles du terme liberté. Il est important de connaître ces définitions car elles vont vous permettre de bien comprendre les sujets et leurs enjeux. Puis, nous verrons quelques grands problèmes philosophiques classiques sur cette notion.  

Les définitions de la liberté en philosophie

Communément quand on parle de liberté, on pense d’abord à la liberté d’action. Etre libre en ce sens ce serait avoir la possibilité de réaliser notre volonté sans contrainte ou obstacle. Je suis libre si rien ne m’empêche d’agir ou tout simplement je suis libre si je ne suis pas en prison. Mais peut-on en rester là ? Avoir la liberté d’action, est-ce vraiment et toujours être libre ?

En effet, celui qui tous les jours boit beaucoup trop peut-on vraiment dire qu’il est libre ? Ou n’est-il pas plutôt soumis à ses désirs et passions ?

On peut alors envisager une autre conception de la liberté : être libre ce serait être maître de soi-même, c’est-à-dire pouvoir résister à ses impulsions pour faire ce que dicte notre raison et qui est dans notre intérêt. En ce sens, l’alcoolique n’est pas libre car il n’arrive pas à se contrôler, il est soumis à son addiction.

Troisième définition possible de liberté : être libre ça n’est pas simplement avoir la possibilité d’agir mais également avoir la possibilité de choisir ce que l’on va faire. En d’autres termes, être libre c’est avoir le libre arbitre : c’est-à-dire la capacité de choisir et décider entre plusieurs choses sans être influencé.

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sujets ouverts

Comment traiter les sujets ouverts ? (méthode de la dissertation)

Dans cet article, je vais vous expliquer comment problématiser et traiter les sujets ouverts. Mais d’abord : qu’est-ce qu’un sujet ouvert ? Un sujet ouvert c’est tout simplement un sujet auquel vous ne pouvez pas répondre par oui ou par non. Typiquement tous les sujets en « Pourquoi » et les sujets en « Qu’est-ce que » sont des sujets ouverts, vous ne pouvez pas y répondre par oui ou pas non.

Alors comment faire ? Je vais d’abord prendre les sujets en « Pourquoi » qui ont une petite particularité, puis nous verrons les sujets en « Qu’est-ce que ». Je prends un exemple avec le sujet : « Pourquoi travaillons-nous ? ».

Les deux sens des sujets en « Pourquoi »

Première chose : « Pourquoi » peut avoir deux sens possibles qu’il faut envisager car cela vous donne des idées de réponses. Cela peut signifier d’abord : « pour quelle cause, pour quelle raison ? ». Cela donnerait donc pour quelle raison travaillons nous ?

Mais le pourquoi peut également signifier : « dans quel but ». C’est alors comme si vous disiez Pour quoi, dans quel objectif ? Et là aussi cela peut avoir un sens intéressant : Dans quel but travaillons nous ?

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développement dissertation philosophie

Comment réussir le développement de la dissertation de philosophie

Aujourd’hui, je vous explique comment réussir le développement de la dissertation de philosophie.

Admettons que vous ayez à traiter le sujet : Sommes-nous réellement libres ?

Vous avez fait un plan en trois parties et vous commencez votre deuxième partie où vous voulez défendre que nous ne sommes pas réellement libres. Vous devez donc développer votre 1er sous-partie. (Sachant qu’il doit y en avoir au moins 2 par grande partie).

Bien comment le développement de la dissertation de philosophie.

Vous devez commencer par énoncer l’idée que vous allez défendre suivie d’un argument pour justifier votre idée.

Cela peut donner :

« Nous allons voir à présent que nous ne sommes pas réellement libres car nos choix sont en fait déterminés par le milieu social dans lequel nous évoluons. »

Evidemment, ça n’est pas suffisant, à présent il faut expliquer votre argument car même si ce que vous dites vous paraît évident, ça ne l’est pas pour les autres. Il faut donc maintenant expliquer votre argument. C’est à ce stade que beaucoup d’élèves sèchent un peu. Que faire concrètement ?

Expliquer dans une dissertation c’est faire deux choses : clarifier et justifier

Pour clarifier, il faut essentiellement définir ce dont vous parlez. Ici, il faudra définir « déterminés », « milieu social » et préciser en quel sens vous avez pris « liberté ». Sur les différents sens possibles de la notion de liberté, je vous renvoie à cette vidéo.

Donc je reprends le développement et je précise en gras ce que je fais :

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Exemple introduction d'explication de texte

Un exemple d’introduction d’explication de texte philosophique

Dans cet article, je vais vous montrer un exemple d’introduction d’explication de texte. Nous allons prendre un texte bien connu de Rousseau extrait de La Nouvelle Héloïse :

« Tant qu’on désire on peut se passer d’être heureux ; on s’attend à le devenir : si le bonheur ne vient point, l’espoir se prolonge, et le charme de l’illusion dure autant que la passion qui le cause. Ainsi cet état se suffit à lui-même, et l’inquiétude qu’il donne est une espèce de jouissance qui supplée à la réalité, qui vaut mieux peut-être. Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on est heureux qu’avant d’être heureux. En effet, l’homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout ce prestige disparaît devant l’objet même ; rien n’embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu’on voit ; l’imagination ne pare plus rien de ce qu’on possède, l’illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité et tel est le néant des choses humaines, qu’hors l’Être existant par lui-même, il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas. » Jean-Jacques Rousseau, La Nouvelle Héloïse (1761).

Travail pour commencer l’explication de texte :

Dans un premier temps, n’hésitez pas à le lire plusieurs fois, les textes de philosophies ne sont pas des textes que l’on lit une seule fois. Il faut le lire plusieurs fois pour bien comprendre.

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Comment puis-je vous aider ?

Cela fait maintenant une année que je publie sur le blog et je reçois de plus en plus de questions par mail, mais aussi sur Youtube et Instagram.

J’aimerais pouvoir vous aider davantage, mais, pour cela, j’ai besoin de connaître plus précisément vos attentes et/ou difficultés. Pourrais-tu répondre à ce petit sondage afin que je comprenne mieux ce que tu aimerais recevoir comme contenu ou ce qui te bloque actuellement en philosophie ?

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Exemple de dissertation de philosophie

Exemple de dissertation de philosophie rédigée

Afin que vous compreniez mieux ce que l’on attend de vous dans une dissertation, voici un exemple de dissertation de philosophie. A chaque fois, je précise entre parenthèses juste après à quelle étape de la méthodologie de la dissertation cela correspond. Si vous ne l’avez pas lu, je vous invite à lire d’abord cet article sur la manière de bien commencer sa dissertation de philosophie ou si vous préférez la vidéo c’est ici.

Sujet : « L’homme est-il à part dans la nature ? » (Exemple de dissertation de philosophie)

Petit rappel de la structure de l’introduction. Pour un exemple d’introduction de dissertation en vidéo c’est ici.

Introduction : exemple de dissertation de philosophie

Vinciane Despret, philosophe et psychologue, remarque combien les hommes sont enclins à se considérer eux-mêmes comme exceptionnels. Mais, à ses yeux, c’est oublier que nous sommes aussi de grands destructeurs ou si l’on peut dire des êtres particulièrement nuisibles pour les autres, pour nous-mêmes et pour la nature. Ce faisant, elle considère bien les hommes comme « à part » dans la nature, du moins par nos capacités de destruction. Mais, est-il réellement justifié de dire que nous sommes à part dans la mesure où nous restons dépend d’une nature qui peut également nous détruire en tant qu’espèce ? (Accroche qui propose une première réponse au sujet et formule un début d’objection) Alors, l’homme est-il réellement à part dans la nature ? (Rappel du sujet) A première vue, et si l’on se fie à la manière dont les hommes se considèrent eux-mêmes depuis des siècles, l’homme est bien à part dans la nature car il serait doté de facultés exceptionnelles telles la conscience, un langage riche et articulé, une raison ou encore des cultures variées et complexes qui l’éloignent toujours davantage de la vie animale. Mais, notre tendance à nous considérer comme supérieurs, ne nous fait-elle pas oublier que notre espèce comme toutes les autres est le produit de l’évolution des espèces ? Ainsi, on pourrait dire que l’homme n’est pas particulièrement à part. L’être humain reste une espèce qui, par le fait du hasard, a développé une raison, une conscience de soi, autant de facultés qui sont devenues la norme chez l’homme car elles lui procurent un avantage et lui permettent d’étendre son influence ou peut-être son territoire. Ce mécanisme est le même pour toutes les espèces, pourquoi alors considérer l’homme comme à part ? (Problématique constituée d’une première réponse au sujet « A première vue », puis d’une objection à cette première réponse « Mais »). Nous verrons d’abord que l’être humain peut effectivement être considéré comme à part dans la nature. Puis, nous nous demanderons si cette idée que nous serions une espèce à part n’est pas une pure illusion. Enfin, nous envisagerons bien une spécificité humaine, mais qui au lieu d’être un privilège est plutôt une immense responsabilité. (Annonce du plan en 3 parties).

Développement

Avant de rédiger le développement de l’exemple de dissertation de philosophie, petit rappel de la structure globale que doit avoir votre devoir. Le nombre des sous-parties est indicatif. Il doit y avoir au moins deux sous-parties par partie et pas plus de trois.

Attention, ci-dessous, je vais mettre des titres Première grande partie / premier paragraphe. Vous ne devez pas les mettre dans vos copies. Je les mets seulement pour que vous compreniez bien la structure. Afin que votre copie soit bien lisible, vous devez passer des lignes entre les grandes parties et revenir à la ligne + alinéa quand vous changez de paragraphe (ou sous-partie).

Première grande partie : l’homme est bien à part dans la nature

Premier paragraphe : l’homme peut se perfectionner

L’être humain peut semble-t-il être considéré comme à part dans la nature car il est doté de facultés qui le rendent très différent des autres espèces. (Thèse générale du paragraphe qui répond au sujet) Certes, l’être humain appartient en un sens à la nature, car si l’on définit la nature comme l’ensemble de ce qui n’a pas été créé ou transformée par l’homme (définition de la nature) alors l’espèce humaine est bien naturelle. L’homme ne s’est pas créé lui-même, il est donc un être naturel au moins en partie. Mais, l’être humain à ceci de particulier que précisément il a cette capacité à transformer sa nature et à n’être pas totalement soumis à son instinct. Il peut se cultiver c’est-à-dire se transformer si bien qu’il peut devenir réellement très différent d’un autre être humain. (Argument formulé avec mes propres termes pour soutenir la thèse) Aux yeux de Rousseau, ce qui fait la spécificité de l’être humain par rapport aux autres espèces, c’est sa capacité à « se perfectionner ». (Utilisation d’une référence à Rousseau qui justifie la thèse, avec utilisation du vocabulaire de l’auteur). Il remarque ainsi qu’un être humain peut, par les choix qu’il fait, aussi bien devenir un très grand artiste, sportif ou savant, qu’un toxicomane. C’est d’ailleurs lui qui pose la question « Pourquoi l’homme, seul, est-il sujet à devenir imbécile ? » et il y répond que c’est parce qu’il est le seul à être libre, c’est-à-dire à pouvoir ne pas suivre un programme inscrit à l’avance dans ses gènes et qui décide de son mode de vie. Ce que l’on appelle communément un instinct. L’homme peut donc se perfectionner toute sa vie, là où l’animal va très rapidement cesser de changer dès lors qu’il est adulte. (Développement en utilisant les arguments que l’auteur utilise pour justifier sa thèse) Nous pouvons donc dire que l’homme est bien à part dans la nature, car il a cette capacité de se perfectionner que n’ont pas les autres espèces. (Retour au sujet : le but est de rappeler en quoi ce que l’on vient de dire répond au sujet)

Deuxième paragraphe : l’homme, seul, a le logos selon Aristote (exemple de dissertation de philosophie)

L’être humain est unique dans la nature selon Aristote, car il est le seul à posséder le logos, c’est-à-dire la raison et la capacité de discours. (Thèse générale du paragraphe qui répond au sujet) Certes, l’homme partage avec les autres animaux des caractéristiques naturelles, car si l’on définit la nature comme l’ensemble du vivant non modifié par l’homme, alors l’homme en fait pleinement partie. L’espèce humaine est biologique, elle naît, vit et meurt au sein de cette nature. Cependant, ce qui distingue l’homme des autres créatures, c’est cette faculté de logos, qui lui permet de raisonner, de communiquer de manière complexe et de réfléchir sur sa propre existence. (Argument formulé avec mes propres termes pour soutenir la thèse) Pour Aristote, cette capacité unique de logos signifie que l’homme est capable de délibération et de choix orientés par la raison. (Utilisation d’une référence à Aristote qui justifie la thèse, avec utilisation du vocabulaire de l’auteur) Il précise que, contrairement aux animaux qui réagissent principalement par instinct, l’homme peut s’orienter vers le bien par la vertu et la réflexion. C’est ce logos qui rend l’homme apte à vivre dans une Cité, une société structurée par des lois et règles réfléchies, là où les animaux ne s’organisent qu’en suivant leur instinct. (Développement en utilisant les arguments que l’auteur utilise pour justifier sa thèse) Ainsi, on peut dire que l’homme est véritablement à part dans la nature, car sa possession du logos lui confère une capacité de rationalité et de communication que n’ont pas les autres espèces. (Retour au sujet : le but est de rappeler en quoi ce que l’on vient de dire répond au sujet)

Troisième paragraphe : l’homme, seul, a conscience de lui-même selon Pascal

L’être humain est singulier dans la nature selon Pascal, car il est le seul à posséder une conscience de soi, c’est-à-dire une capacité introspective et réflexive. (Thèse générale du paragraphe qui répond au sujet) Ce qui le distingue fondamentalement des autres animaux, c’est cette conscience qui lui permet de se percevoir non seulement comme un être vivant, mais comme un être pensant capable de réflexion sur lui-même et sur le monde. (Argument formulé avec mes propres termes pour soutenir la thèse) Pour Pascal, cette conscience de soi est à la fois une grandeur et une misère : elle permet à l’homme de comprendre sa condition limitée, mais aussi de prendre conscience de sa finitude et de l’immensité de l’univers qui l’entoure. (Utilisation d’une référence à Pascal qui justifie la thèse, avec utilisation du vocabulaire de l’auteur) Pascal souligne que contrairement aux animaux, qui vivent selon leurs instincts sans réflexion, l’homme est capable de méditer sur son existence, sur le sens de la vie, et sur sa place dans le monde. Il remarque que cette capacité à la conscience est ce qui pousse l’homme à rechercher le savoir et à développer des civilisations. (Développement en utilisant les arguments que l’auteur utilise pour justifier sa thèse) Ainsi, nous pouvons dire que l’homme est véritablement à part dans la nature, car cette conscience de soi le distingue radicalement des autres espèces et lui permet de transcender sa condition d’être purement naturel. (Retour au sujet : le but est de rappeler en quoi ce que l’on vient de dire répond au sujet)

J’espère que cet exemple de dissertation de philosophie vous aidera à comprendre ce que l’on attend de vous !

▶️ Je vous montre comment développer une sous-partie en vidéo ci-dessous :

Qu’est-ce que la philosophie ? L’étymologie du mot.

Qu’est-ce que la philosophie ? L’étymologie du mot.

Aujourd’hui je vais expliquer ce qu’est la philosophie en partant de son étymologie. Le mot philosophie vient du mot grec philosophia qui est lui-même composé d’un verbe et d’un nom. Il y a, d’une part, le verbe philein qui veut dire aimer, rechercher et le nom sophia qui signifie la sagesse.

La philosophie est donc littéralement le fait d’aimer la sagesse ou encore l’amour de la sagesse. Le philosophe est donc celui qui aime et donc cherche à atteindre la sagesse. Il est important de remarquer qu’à ce titre le philosophe ne se prétend pas déjà sage, il cherche à être sage.

On attribue d’ailleurs à Socrate cette phrase célèbre : « ce que je sais c’est que je ne sais rien ». Affirmation qui peut sembler étonnante, mais qui est particulièrement représentative de l’attitude du philosophe qui, pour Socrate, doit d’abord douter de ses opinions et être conscient qu’il ne peut tout savoir pour pouvoir ensuite chercher à savoir.

En d’autres termes, on ne peut commencer à chercher le savoir que si l’on a conscience qu’on ne sait pas déjà tout. C’est pourquoi le philosophe est l’ennemi des préjugés et des dogmes. Il va avoir constamment tendance à remettre en question ce qui semble évident au plus grand nombre pour vérifier qu’une idée ou un jugement est réellement justifié. Cette attitude doit permettre au philosophe de ne pas être aveuglé par des illusions ou des préjugés.

La méthode philosophique de Socrate

Socrate, que l’on considère souvent comme le premier des philosophes, adopte alors une méthode pour pousser ses interlocuteurs à douter de ce qui leur semble évident. Comme nous l’avons vu avec son l’étymologie, la philosophie est l’amour ou la recherche de la sagesse. Or, pour commencer à chercher la sagesse, il faut avoir conscience qu’on ne sait pas tout et douter souvent de ses propres jugements ou idées.

C’est pourquoi Socrate pose des questions aux gens dans le but de les faire peu à peu douter de ce qui leur semblent évident. Les philosophes appellent ces idées qui semblent évidentes des opinions. Ces opinions sont pour les philosophes des idées souvent irréfléchies que nous acceptons sans les remettre en question.

Socrate est un professeur, il souhaite que la plupart des gens se libère des préjugés et se mette à chercher la sagesse. C’est pourquoi, il pratique la maïeutique avec les Athéniens. A l’origine la maïeutique est l’art d’accoucher les bébés. Socrate reprend ce terme mais pour signifier qu’il accouche les âmes. Qu’entend-il par là ?

Socrate pose des questions à un interlocuteur et une fois que celui-ci lui donne une réponse (il a donc accouché de son idée). Socrate va examiner cette idée pour voir s’il ne s’agit pas d’une simple opinion. En d’autres termes, il s’assure qu’elle « tient » bien, qu’elle est réfléchie et justifiée. Ainsi, il agit comme la sage femme qui dans l’Antiquité vérifie que le bébé est viable, mais avec les idées. Et si l’idée ne tient pas, s’il s’avère qu’il s’agit plutôt d’un préjugé, il va tout faire pour montrer à son interlocuteur que son idée n’est pas réfléchie et n’est pas justifiée par de réels arguments.

Bertrand Russell, philosophe du XXe siècle, donne également une définition de la philosophie qui est tout à fait en accord avec son étymologie. Pour lui, celui qui ne fait pas de philosophie est un prisonnier. Il le dit dans le texte ci-dessous.

Texte de Bertrand Russell

« En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. Celui qui ne s’y est pas frotté traverse l’existence comme un prisonnier : prisonnier des préjugés du sens commun, des croyances de son pays ou de son temps, de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. Tout dans le monde lui paraît aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement, tant son horizon est limité; les objets ordinaires ne le questionnent pas, les possibilités peu familières sont refusées avec mépris. Mais nous l’avons vu dès le début de ce livre : à peine commençons-nous à philosopher que même lés choses de tous les jours nous mettent sur la piste de problèmes qui restent finalement sans réponse. Sans doute la philosophie ne nous apprend-elle pas de façon certaine la vraie solution aux doutes qu’elle fait surgir : mais elle suggère des possibilités nouvelles, elle élargit le champ de la pensée en la libérant de la tyrannie de l’habitude. Elle amoindrit notre impression de savoir ce que sont les choses; mais elle augmente notre connaissance de ce qu’elles pourraient être; elle détruit le dogmatisme arrogant de ceux qui n’ont jamais traversé le doute libérateur, et elle maintient vivante notre faculté d’émerveillement en nous montrant les choses familières sous un jour inattendu. »

Bertrand Russell, Problèmes de philosophie

Si vous voulez en savoir davantage sur ce qu’est la philosophie au delà de son étymologie, je vous conseille de lire également cet article.

Et si vous voulez commencer à apprendre à faire une dissertation de philosophie ou une explication de texte, vous pouvez vous rendre sur ma chaîne Youtube.

Tout sur le divertissement selon Blaise Pascal

Tout sur le divertissement selon Blaise Pascal

Pascal, le divertissement

Blaise Pascal est un philosophe français du 17e siècle connu pour ses Pensées. Cette œuvre est une œuvre posthume compilée par ses éditeurs à partir de fragments de réflexions et de notes de lectures de Pascal. Il voulait écrire un livre faisant l’apologie du christianisme. Les Pensées parlent donc de religion, mais pas seulement elles sont également une réflexion sur la condition humaine. Pascal remarque que les hommes sont très souvent incapables de rester seuls avec leurs pensées.

Être inactif, rester seul dans une chambre, les laissent en proie à des pensées négatives car alors ils s’interrogent sur leur existence. Ils prennent consciences de leur nature mortelle, s’interrogent sur le sens de leur vie, s’inquiètent de la souffrance et de la mort. Cela les pousse à une certaine mélancolie. C’est pourquoi, selon Pascal, les hommes ont tendance à chercher à s’occuper pour ne pas penser à leur condition de mortel. C’est ce qu’il appelle le divertissement qu’il faut entendre en un sens large. Le mot divertissement vient du verbe latin divertere qui signifie « détourner ».

Les hommes ont donc tendance à détourner leurs pensées et leur regard de leur condition mortelle en s’occupant ou se divertissant. Cela peut être aller au cinéma, jouer, voir des amis, mais également travailler, étudier, tout ce qui nous permet de ne pas penser à la mort et à notre vie. Ce divertissement nous permet d’être heureux car sans cela nous serions constamment déprimés.

Mais en réalité, pour Pascal, c’est une fausse solution car c’est une illusion éphémère. En nous divertissant, nous ne faisons que chercher à oublier, nous nous activons, mais dès que nous avons fini notre activité, l’angoisse revient et il nous faut à nouveau autre chose pour ne pas y penser. C’est pourquoi Pascal qui est un fervent chrétien conseille plutôt de se tourner vers Dieu car la foi en Dieu est le seul moyen d’assurer son salut.

Textes de Pascal sur le divertissement

« Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir. »

« j’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. »

« Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n’y point penser.»

« S’il est sans divertissement et qu’on le laisse considérer et faire réflexion sur ce qu’il est, cette félicité languissante ne le soutiendra point. Il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent des révoltes qui peuvent arriver et enfin de la mort et des maladies, qui sont inévitables. De sorte que s’il est sans ce qu’on appelle divertissement le voilà malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets et qui se divertit. De là vient que le jeu et la conversation des femmes, la guerre, les grands emplois sont si recherchés.

Ce n’est pas qu’il y a en effet du bonheur, ni qu’on s’imagine que la vraie béatitude soit d’avoir l’argent qu’on peut gagner au jeu ou dans le lièvre qu’on court, on n’en voudrait pas s’il était offert. Ce n’est pas cet usage mol et paisible et qui nous laisse penser à notre malheureuse condition qu’on recherche ni les dangers de la guerre ni la peine des emplois, mais c’est le tracas qui nous détourne d’y penser et nous divertit. »

« Ainsi les divertissements qui font le bonheur des hommes ne sont pas seulement bas ; ils sont encore faux et trompeurs ; c’est à dire qu’ils ont pour objet des fantômes et des illusions, qui seraient incapables d’occuper l’esprit de l’homme, s’il n’avait perdu le sentiment et le goût du vrai bien, et s’il n’était rempli de bassesse, de vanité, de légèreté, d’orgueil, et d’une infinité d’autres vices : et ils ne nous soulagent dans nos misères, qu’en nous causant une misère plus réelle, et plus effective. Car c’est ce qui nous empêche principalement de songer à nous, et qui nous fait perdre insensiblement le temps. Sans cela nous serions dans l’ennui, et cet ennui nous porterait à chercher quelque moyen plus solide d’en sortir. Mais le divertissement nous trompe, nous amuse, et nous fait arriver insensiblement à la mort »

« Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser : c’est tout ce qu’ils ont pu inventer pour se consoler de tant de maux. Mais c’est une consolation bien misérable, puis qu’elle va non pas à guérir le mal, mais à le cacher simplement pour un peu de temps, et qu’en le cachant elle fait qu’on ne pense pas à le guérir véritablement. Ainsi par un étrange renversement de la nature de l’homme, il se trouve que l’ennui qui est son mal le plus sensible est en quelque sorte son plus grand bien, parce qu’il peut contribuer plus que toute chose à lui faire chercher sa véritable guérison ; et que le divertissement qu’il regarde comme son plus grand bien est en effet son plus grand mal, parce qu’il l’éloigne plus que toute chose de chercher le remède à ses maux. Et l’un et l’autre est une preuve admirable de la misère, et de la corruption de l’homme, et en même temps de sa grandeur ; puisque l’homme ne s’ennuie de tout, et ne cherche cette multitude d’occupations que parce qu’il a l’idée du bonheur qu’il a perdu ; lequel ne trouvant pas en soi, il le cherche inutilement dans les choses extérieures, sans se pouvoir jamais contenter, parce qu’il n’est ni dans nous, ni dans les créatures, mais en Dieu seul. »

Mead et le genre

Margaret Mead et le genre

Margaret Mead est une anthropologue américaine du XXe siècle, qui a étudié notamment les cultures traditionnelles de l’Océanie et du Sud-est asiatique. Elle s’y intéresse plus particulière à la sexualité et à la question du genre. C’est entre 1931 et 1933 qu’elle s’emploie à comparer trois sociétés de Nouvelle-Guinée : Les Arapesh, les Mundugumor et les Chambuli. Son travail sera publié sous le titre Trois sociétés primitives de Nouvelle-Guinée (1935). En 1963, une nouvelle édition sera publiée regroupant plusieurs textes dont celui-ci, il s’intitule Moeurs et sexualité en Océanie. Dans cet ouvrage, elle tend à montrer que la façon pour les hommes et les femmes de concevoir leur identité dépend grandement de la manière dont la société conçoit le rôle des hommes et des femmes. En d’autres termes, ce que l’on conçoit dans nos sociétés comme « naturellement » féminin ou « naturellement » masculin, n’aurait pas réellement de rapport avec la nature mais plutôt avec l’éducation et les distinctions de genre adoptées par telle ou telle société.

Cela signifie par exemple que si l’on considère que les hommes doivent être forts et brutaux dans une société, ils vont être élevés en accord avec cet idéal. Cela aura pour conséquence que la majorité des hommes de cette société, se considéreront comme des hommes s’ils sont forts et brutaux. Ils seront fiers de cela et veilleront à « être des hommes ».

Margaret Mead en mettant en évidence de profondes différences dans la façon de concevoir le rôle des hommes et des femmes dans les sociétés qu’elle compare, se confronte à un tabou dans la société américaine des années 30. Cette dernière considère alors que les différences entre les hommes et les femmes du point de vue de leurs comportements et de leurs rôles s’expliquent par la nature. Ce qui justifie de cantonner les femmes dans certaines tâches et concoure à leur refuser l’égalité. On voit ainsi que les études de Mead en Océanie ont aussi des conséquences sur la société américaine et donnent des arguments aux théories féministes qui défendront que le genre n’est pas naturelle, mais le résultat d’une construction sociale et qu’il relève donc de l’acquis. C’est parce que telle société élève les garçons et les filles de manière différentes que finalement ils auront à l’âge adulte des comportements, goûts et compétences différentes.

Mead avance cette théorie à partir de son travail de terrain en comparant les différentes sociétés. Selon elle, le modèle des Arapesh, chez lesquels les hommes, tout comme les femmes ont un comportement doux et aimable s’oppose aux Mundugumor, chez qui les hommes comme les femmes sont plutôt agressifs. Elle explique ces différences par la manière dont les bébés sont élevés. Chez les Arapesh, l’enfant qu’il soit fille ou garçon, est soigné par les deux parents et toujours porté près du corps. Les parents ne laissent pas pleurer les enfants et s’en inquiètent. Chez les Mundugumor, au contraire, les bébés sont gardés dans des paniers assez grossiers et loin des parents. Les soins sont réduits au minimum et les enfants sont élevés dans la compétition dès le plus jeune âge. Ce qui explique, à ses yeux, qu’hommes et femmes se montrent agressifs à l’âge adulte. Il est intéressant de noter que dans les deux cas, il n’y a pas de différences importantes dans l’éducation des hommes et des femmes.

La troisième société qu’elle étudie, les Chambuli, représente un modèle plutôt intermédiaire. Les hommes y sont rudes et agressifs, alors que les femmes y montrent du calme et de la douceur. Selon elle, c’est la différence d’éducation entre les garçons et les filles qui expliquent ces différences de comportements à l’âge adulte.

Pour davantage de cours sur la notion de la culture et de la nature, vous pouvez consulter cette page.

Texte de Magaret Mead :

« si certaines attitudes que nous considérons comme traditionnellement associées au tempérament féminin – telles que la passivité, la sensibilité, l’amour des enfants – peuvent être typiques des hommes d’une certaine tribu, et, dans une autre, au contraire, être rejetées par la majorité des hommes comme des femmes, nous n’avons plus aucune raison de croire qu’elles sont irrévocablement déterminées par le sexe de l’individu. (…) Il est maintenant permis d’affirmer que les traits de caractère que nous qualifions de masculins ou de féminins sont, pour un grand nombre d’entre eux, sinon en totalité, déterminés par le sexe d’une façon aussi superficielle que le sont les vêtements, les manières ou la coiffure qu’une époque assigne à l’un ou à l’autre sexe (…) Seule la société, pesant de tout son poids sur l’enfant, peut être l’artisan de tels contrastes (…) Nous sommes obligés de conclure que la nature humaine est éminemment malléable, obéit fidèlement aux impulsions que lui communique le corps social » 

Margaret Mead, Mœurs et sexualité en Océanie.